Ayant proposé la création d’une instance présidentielle composée de personnalités nationales crédibles et l’entrée dans une courte période de transition d’une durée de 6 mois et ce pour une sortie de crise, l’opposition peine à convaincre des membres de la société civile dont des syndicalistes.
Appelés à réagir sur le contenu de cette feuille de route, certains ont dénoncé une approche exclusive dans la démarche, alors que d’autres ont estimé que le moment n’est pas encore venu pour faire une quelconque proposition.
Amoura Boualem, SG du SATEF : « Ceux qui ont pris cette initiative veulent accaparer la légitimité du mouvement, parce que l’approche qu’ils ont proposée ne va pas dans le sens de l’inclusion de tout le monde ». Quand on propose des solutions sans élargir sa composante c’est, pour nous, de l’exclusion». Il fallait d’abord réunir toute l’opposition et la société civile concernés par ce mouvement et aller ensuite vers des propositions ensemble » a-t-il estimé avant de poursuivre ; « Ils sont démunis et très faibles et ne peuvent pas représenter toute la société algérienne.»
Soumia Salhi, syndicaliste et militante féministe : « Je pense que tous les plans proposés se ressemblent. Ils reposent sur la désignation de notables et sont plus souvent porteurs de programmes antisociaux, et donc sont très éloignés des préoccupations populaires». Ils se proposent pour représenter le mouvement et gouverner en son nom». En plus, cette opposition est très minoritaire dans la société et fixe un délai très court pour le processus, et elle espère profiter de l’aubaine.»
Rachid Malaoui, SG du SNAPAP : «Nous ne sommes pas d’accord sur l’idée de la mise en place d’une instance présidentielle. Le Président avant de partir doit designer un chef du gouvernement de l’opposition qui soit indépendant et qui sera chargé de créer un nouveau gouvernement. Ce gouvernement installe une commission indépendante pour gérer et surveiller les élections. On doit aller par la suite à l’élection d’une Assemblée populaire constituante, chargée de désigner un nouveau gouvernement et en même temps de l’élaboration de la Constitution, et de là entamer la phase de la mise en place des autres institutions du pays. L’APN et le Senat devront être dissous, alors que tous les partis politiques, syndicats et organisations ayant soutenu le cinquième mandat devront démissionner.»
Idir Achour, président du CLA : «D’abord, tout le monde est libre d’avancer des initiatives, seulement, nous ne sommes pas signataires de cette feuille de route. Nous considérons qu’il n’est pas encore temps de discuter sur ça ». La priorité pour nous, aujourd’hui, c’est le maintien de la mobilisation populaire jusqu’à la réalisation de la principale revendication à savoir mettre fin au système politique actuel. C’est seulement après ça qu’on pourra discuter des alternatives». Nous considérons que rien ne peut être au dessus de l’organisation populaire telle qu’elle est aujourd’hui. Elle n’a pas besoin de tutelle.»
Ilyes Merabet, président du SNPSP : « Je tiens d’abord à rappeler la position du SNPSP, par rapport à ce qui prévaut actuellement. Nous sommes pour la rupture avec tout ce qui a trait au mode de gestion des affaires du pays. Nous sommes contre le prolongement du mandat de l’actuel président, et nous avons aussi appelé à aller vers une période de transition avec un gouvernement de transition composé de compétences nationales qui ont la confiance du peuple algérien. Nous nous rejoignons, donc, dans l’essentiel qu’a apporté la feuille de route de cette partie de l’opposition». «Je tiens, toutefois, à souligner que dans ce collectif il n y a pas que des parties politiques, il y a des syndicats et des personnalités. En tant que syndicat nous avons assisté à une précédente réunion de ce groupe où nous avons attiré l’attention sur la dénomination de ce collectif. Nous avons proposé de parler d’une initiative pour une sortie de crise. Par ailleurs, il n’est pas du tout intéressant pour nous d’aller dans les conditions actuelles du pays à la révision de la Constitution dans le fond. Nous pensons qu’il faut être responsable dans les propositions. Il faut que celles-ci soient mesurées et équilibrées. La question essentielle autour de laquelle nous devons tous travailler, c’est être dans des propositions qui vont vers le rassemblement des Algériens et des Algériennes.»
Ania Nait Chalal