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Yémen : Report du premier vol commercial partant de Sanaa depuis 2016

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Le premier vol commercial depuis six ans prévu dimanche au départ de la capitale yéménite Sanaa, aux mains des rebelles, a été ajourné, faute d’autorisations nécessaires de la coalition aidant militairement le pouvoir dans la guerre au Yémen.

Cette coalition dirigée par l’Arabie saoudite, pays voisin, contrôle l’espace aérien yéménite et un responsable de la compagnie aérienne Yemenia a déclaré à l’AFP que « l’autorisation nécessaire de la coalition (n’était) pas arrivée » pour le vol. L’avion devait transporter des passagers ayant besoin d’un traitement médical de Sanaa à Amman en Jordanie, alors qu’une trêve de deux mois renouvelable est entrée en vigueur le 2 avril entre le pouvoir et les rebelles Houthis.
Globalement respectée, cette trêve arrachée par l’ONU, un rare répit pour une population durement éprouvée par plus de sept ans de guerre, prévoit entre autres la réouverture partielle de l’aéroport de Sanaa. « J’exhorte les parties à travailler de manière constructive avec moi et mon bureau pour trouver une solution qui permettrait aux vols de reprendre comme prévu », a réagi l’envoyé spécial de l’ONU au Yémen, Hans Grundberg, sur Twitter. « Le but de la trêve est de bénéficier aux civils en réduisant la violence, en fournissant du carburant et en améliorant leur liberté de mouvement vers, depuis et à l’intérieur de leur pays », a-t-il rappelé. « Nous travaillons pour soutenir les parties dans le renforcement et le renouvellement de la trêve ».

« Faux noms et faux documents »
Sur sa page Facebook, Yemenia a confirmé n’avoir « pas reçu les autorisations » pour le vol, exprimé « ses profonds regrets » aux voyageurs. La coalition n’a pas réagi dans l’immédiat, mais le ministre yéménite de l’Information Mouammar Al-Iryani a accusé les Houthis d’avoir provoqué l’ajournement du vol.
Il a affirmé que le gouvernement avait approuvé une liste de 104 passagers mais que les Houthis avaient insisté « pour en ajouter 60 », accusant les rebelles de vouloir « faire passer clandestinement des responsables et des experts du Hezbollah et des Gardiens de la Révolution (armée idéologique de l’Iran) avec de faux noms et de faux documents ».
Les Houthis sont soutenus par l’Iran, puissance régionale rivale de l’Arabie saoudite, qui dément fournir des armes aux rebelles yéménites. Le Hezbollah libanais pro-iranien est aussi accusé de combattre aux côté des Houthis. Le vol n’a pu avoir lieu « en raison du non respect par la milice terroriste houthie de l’accord stipulant l’approbation des passeports émis par le gouvernement légitime », a déclaré M. Iryani à l’agence de presse gouvernementale Saba. L’avion devait décoller d’Aden, grande ville du sud du Yémen où siège provisoirement le gouvernement, pour Sanaa, afin d’y prendre les passagers et de se rendre en Jordanie.

« Augmenter la souffrance »
Dans une déclaration à l’agence de presse houthie, le directeur adjoint de l’aviation civile à Sanaa, Raed Talib Jabal, a confirmé que la coalition avait « refusé d’accorder à (Yemenia) l’autorisation d’atterrir ». Il s’agit d’une « violation de la trêve », a-t-il dit. La coalition « cherche délibérément à augmenter la souffrance du peuple yéménite et trompe l’opinion publique internationale sur le dossier humanitaire ». L’aéroport de Sanaa est fermé aux vols commerciaux depuis août 2016 après des frappes aériennes de la coalition. Seuls les vols humanitaires étaient depuis autorisés, avec des interruptions périodiques, un « blocus » dénoncé par les Houthis.
La coalition accuse les rebelles d’utiliser l’aéroport pour des « opérations hostiles avec des missiles balistiques, des drones et des avions piégés », alors que les Houthis visent régulièrement l’Arabie saoudite.
L’arrêt des vols commerciaux a empêché « des milliers de civils malades » de se soigner à l’étranger, avaient estimé des ONG en août, évoquant aussi d’importantes pertes économiques.
Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est le théâtre depuis 2014 d’une guerre qui a causé la mort de près de 380.000 personnes, dont une majorité de décès indirects liés à la faim, aux maladies et au manque d’eau potable, selon l’ONU. Des millions d’autres ont été déplacées.

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