Des miliciens chiites Houthis et des militaires fidèles à l’ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh contrôlaient dimanche l’aéroport de Taëz, grande ville située dans la partie méridionale du Yémen, a-t-on appris de sources sécuritaires. Taëz commande la route vers Aden où est retranché le président Abd Rabbo Mansour Hadi depuis sa fuite en février de Sanaa, où il était assigné à résidence par les Houthis, les nouveaux maîtres de la capitale. Les Houthis sont soutenus par l’Iran chiite et le président Hadi par les pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite sunnite.
Quelque 300 Houthis, en tenue militaire, et soldats se sont déployés dans l’enceinte de l’aéroport de Taëz. Des renforts étaient en route en provenance de Sanaa, à 250 km au Nord, a précisé à l’AFP une source aéroportuaire. Ces soldats sont partisans de l’ancien président Saleh qui, plus de trois ans après son départ du pouvoir sous la pression de la rue, reste influent au sein de différents corps d’armée, a expliqué à l’AFP une source militaire. Des miliciens Houthis ont patrouillé dans certains quartiers de Taëz et établi des postes de contrôle à Naqil al-Ibel et al-Rahida, deux localités situées respectivement à 30 km et 80 km au Sud, ont indiqué à l’AFP des sources tribales. Face à la progression des Houthis vers Aden, les forces loyales au président Hadi, soutenues par des tribus et des membres des comités populaires (supplétifs de l’armée), s’employaient dimanche à renforcer les défenses autour de la capitale du Sud, selon des sources de sécurité et militaire. Ces forces établissaient, notamment une ceinture de sécurité à la périphérie d’Aden où des soldats, soutenus par une quarantaine de chars de combat, ont été déployés dans le nord et l’ouest de la ville, a déclaré à l’AFP une source militaire.
Washington évacue son personnel de Sanaa
Les États-Unis ont annoncé samedi soir qu’ils avaient évacué tout leur personnel encore présent au Yémen pour des raisons de sécurité. Des attentats ont fait 142 morts dans la capitale Sanaa vendredi. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a été informé de cette décision et a reçu l’assurance que Washington «continuera à engager le peuple yéménite et la communauté internationale à soutenir fermement la transition politique au Yémen», a précisé le porte-parole du Département d’état Jeff Rathke dans un communiqué. Le président Hadi a promis samedi de combattre l’influence de l’Iran chiite au Yémen, au lendemain des premiers attentats revendiqués au Yémen par l’état islamique (EI) dans deux mosquées de la capitale, contrôlée depuis septembre par la milice chiite des Houthis.
Avec des drones
«Nous continuerons également à surveiller activement les menaces terroristes venant du Yémen», a affirmé encore M. Rathke.
L’armée américaine appuie depuis plusieurs années les forces de sécurité yéménites qui combattent Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), notamment au moyen de drones. Réaffirmant son soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Aden depuis la prise de la capitale, Washington appelle par ailleurs les miliciens à cesser les «incitations à la violence» contre le chef de l’état.
Au Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité des Nations unies, va se réunir dimanche à New York pour examiner la situation au Yémen. Cette décision intervient après l’appel du président yéménite à une «intervention urgente» de l’ONU.
Dans une lettre adressée vendredi à la présidence française du Conseil et dont l’AFP a eu copie, le président Hadi dénonce «les actes criminels des miliciens houthis et de leurs alliés, qui menacent non seulement la paix au Yémen, mais la paix et la sécurité régionale et internationale». M. Hadi demande au Conseil «son intervention urgente de toutes les manières possibles pour mettre fin à cette agression».
Il suggère que le Conseil impose des sanctions contre les fauteurs de troubles et prenne une résolution contraignante «pour dissuader les Houthis et leurs alliés et stopper leur agression (…), notamment contre la ville d’Aden».