Le président américain Donald Trump a annoncé couper les ponts avec l’Organisation mondiale de la Santé, qu’il accuse de complaisance envers Pékin, pendant que le Brésil s’enfonce dans la crise sanitaire devenant la cinquième nation ayant enregistré le plus de décès du nouveau coronavirus.
Le déconfinement se poursuit dans le même temps samedi surtout en Europe, avec entre autres l’Italie qui rouvre au public la célébrissime Tour de Pise, et la capitale ukrainienne Kiev qui fait redémarrer ses centres commerciaux et hôtels. En France, le grand magasin parisien des Galeries Lafayette rouvre aussi samedi, avec masques et distances de sécurité de rigueur. Musées, parcs, cafés et restaurants français rouvriront mardi – seulement en terrasse à Paris. Ce sera aussi la fin de l’interdiction d’aller à plus de 100 km de chez soi. A Vienne, le public était au rendez-vous vendredi soir lors de la réouverture d’un de ses plus vieux cinémas, l’Admiral Kino, l’un des premiers d’Autriche à reprendre les projections, après la décision du gouvernement de rouvrir ses salles obscures dès le 29 mai, dans la limite de 100 spectateurs. «Voir des films ensemble, rencontrer ses amis, être dans l’obscurité d’une salle fermée, prendre un rendez-vous (…) ce n’est pas remplaçable par une tablette», juge Michaela Englert, sa gérante depuis douze ans. La situation, en revanche, s’aggrave au Brésil, qui avec 27.878 décès est devenu le cinquième pays le plus endeuillé au monde, derrière les Etats-Unis (102.201), le Royaume-Uni (38.161), l’Italie (33.229), la France (28.714), et devant l’Espagne. Des scientifiques estiment toutefois que les chiffres réels au Brésil sont vraisemblablement bien pires. Dans le monde, la pandémie a fait au moins 362.028 morts depuis son apparition en décembre en Chine, selon le dernier bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles. Plus de 5,8 millions de cas ont été diagnostiqués dans 196 pays et territoires.
Décision «folle» et «illégale»
Donald Trump, qui avait déjà suspendu la contribution financière accordée par son pays à l’OMS, a mis en exécution sa menace de rompre avec l’agence onusienne. Il a annoncé «mettre fin à la relation» entre son pays et l’OMS, qu’il accuse depuis le début de la pandémie de se montrer trop indulgente avec la Chine, où le coronavirus est apparu en décembre avant de se répandre sur la planète. Une rupture qui constitue «un sérieux revers pour la santé mondiale», a jugé samedi le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, sur Twitter, appelant l’Union européenne à «s’engager plus» financièrement. Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet, l’a lui qualifiée de «folle et terrifiante», et accusé le gouvernement américain de «joue(r) au voyou en pleine urgence humanitaire». Lawrence Gostin, professeur au O’Neill Institute for National and Global Health Law à l’université de Georgetown et collaborateur de l’OMS, a jugé la décision du président américain «illégale» à deux titres: les Etats-Unis ont signé et ratifié un traité d’adhésion à l’OMS et les crédits sont votés par le Congrès américain. La pandémie continue de plonger l’économie mondiale dans la crise. Aux Etats-Unis, le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a annoncé vendredi qu’il prévoyait une levée partielle du confinement pour la ville de New York la semaine du 8 juin, à condition que les indicateurs de santé publique soient satisfaisants. Cet assouplissement ne concernerait dans un premier temps qu’une partie de l’économie, principalement le bâtiment et l’activité manufacturière. New York est, de très loin, la ville la plus touchée au monde par le coronavirus, qui y a tué plus de 21.000 personnes. Les restaurants et salons de coiffure de Los Angeles, principal foyer de Covid-19 en Californie, ont été autorisés vendredi à rouvrir à condition de mettre en oeuvre les précautions d’usage. Dans cet Etat, cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni et la France, le chômage, quasi inexistant avant la pandémie, frappe 24% des 40 millions d’habitants.
Anakinra
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Italie a chuté de 5,3% au premier trimestre par rapport au précédent, de même que celui de la France, qui entre en récession. L’économie canadienne s’est contractée de 8,2% en rythme annuel au premier trimestre, la chute la plus brutale depuis début 2009. En Inde, le PIB a connu au 1er trimestre sa croissance la plus faible depuis 20 ans, tandis que celui du Brésil s’est contractée de 1,5% par rapport au trimestre précédent. En Espagne, la crise a aggravé la pauvreté et fait exploser la demande d’aide alimentaire, poussant le gouvernement à approuver vendredi la création d’un revenu minimum vital.
Dans ce contexte, la chancelière allemande Angela Merkel a refusé de se rendre en personne à un sommet du G7 aux Etats-Unis en juin, comme l’a proposé le président américain Donald Trump, a confirmé samedi à l’AFP un porte-parole du gouvernement allemand.
«A ce jour, compte tenu de la situation générale de la pandémie, elle ne peut accepter une participation en personne, un voyage à Washington», a-t-il déclaré. Sur le front médical, un médicament, l’anakinra, initialement destiné à des maladies rhumatismales, donne des résultats «encourageants» pour les formes graves du Covid-19 en réduisant le risque de décès et le besoin d’être mis sous respirateur en réanimation, selon une étude française.
La chloroquine continue de faire parler d’elle : des dizaines de scientifiques ont ainsi publié une lettre ouverte exprimant leurs «inquiétudes» sur les méthodes de la vaste étude parue le 22 mai dans le Lancet, ayant conduit à la suspension d’essais cliniques sur l’hydroxychloroquine.
L’étude du Lancet concluait que le traitement ne semble pas être bénéfique aux malades du Covid-19 et pourrait même être néfaste.