Accueil ACTUALITÉ Violence contre les femmes : le «texte-couperet» en débat à l’hémicycle

Violence contre les femmes : le «texte-couperet» en débat à l’hémicycle

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Nombre de députés, y compris ceux de partis au pouvoir, ont insisté, hier à Alger, à la prise d’une politique axée sur la prévention et la mise en place des moyens y afférents, afin de parer à la violence que subit la femme en Algérie. S’exprimant à l’occasion d’une séance plénière, consacrée à l’amendement du Code pénal, plus particulièrement l’article 266 bis, l’article 266 bis-1, l’article 330 et l’article 133 bis-1 du Code, la séance a été caractérisée par une présence assez consistante de députés des deux barrières, pouvoir et opposition, même si elle a réellement débuté un peu en retard sur l’horaire communiqué à la presse. À relever que certains députés ont profité de la tribune offerte, afin d’encenser le président Bouteflika, et critiquer vertement les prises de position de l’opposition, notamment celle qui a sauté sur les évènements liés à la protestation anti-gaz de schiste de In-Salah, afin de se redéployer. Ce à quoi le président de la séance, le vice-président de l’APN, Ali Hamel en l’occurrence, a ouvertement enjoint aux députés de respecter l’ordre du jour, se permettant même de leur reprendre le micro. Ainsi, et suite aux vives protestations d’un député FLN, qui a martelé qu’il avait le droit d’exprimer des positions politiques au sujet d’événements de l’heure, Ali Hamel a indiqué au député FLN Baha-Eddine Tilbia qu’en d’autres occasions les députés ont toute la latitude de faire état de leurs opinions. En fait, Tilbia a été applaudi par l’assistance pour son entêtement. En plus du FLN et du RND, le parti El-Karama a été représenté par Mohamed Daoui, et le PT par le président du groupe parlementaire Djelloul Djoudi et Nadia Chouitten, ainsi que Fatma-Zohra Bonal de l’Alliance de l’Algérie Verte. Le projet présenté par Tayeb Louh s’intéresse plus spécifiquement à la violence, conjugale ou autre, et au harcèlement que subit la femme, y compris sur la voie publique. Noura Labiod, députée RND élue à Mila, s’est félicitée de la mouture du texte proposé par le gouvernement. En aparté, la députée s’est confiée au «Courrier d’Algérie», estimant qu’un tabou vient d’éclater : en l’occurrence celui relatif à la sphère privée de la vie conjugale. Elle a expliqué que la vie de famille implique de facto deux personnes et que, de ce fait, la loi était là pour règlementer cette relation, surtout lorsque la femme est victime de violence. «Je suis pour la polygamie. C’est mon avis, non pas seulement en tant que députée, mais également en tant que femme», a-t-elle lancé en guise d’aveux. Pour les députés de la mouvance islamiste, le texte de loi est inapproprié. À propos du harcèlement sexuel, une députée de l’AAR s’est même amusée à déclarer que ce sont les jeunes filles qui sont fautives et qui, par leurs allures aguichantes, excitent les jeunes algériens à s’exprimer violemment. Naâmane Laouari, président du groupe parlementaire de l’Alliance de l’Algérie Verte, s’est opposé, quant à lui, au projet de loi, estimant que les amendements proposés par Tayeb Louh vont à l’encontre des traditions algériennes, et ont pour logique conséquence de s’immiscer dans la relation intime de vie de couple. Pour le représentant du PT, Djelloul Djoudi, le texte est d’une importance cruciale. Cependant, le député a réitéré les positions traditionnelles du parti en appelant carrément à l’abrogation du Code de la famille, coupable de maintenir la femme dans un éternel statut d’être mineur. Il en appelle à privilégier le procédé de la prévention, afin de lutter efficacement à toutes les formes de violence que subissent les femmes algériennes, que ce soit au sein de la famille, sur les lieux du travail ou dans les espaces publics. Cependant, et même si elle a été relevée, lors de certaines interventions, la disposition de grâce, contenue dans la mouture du texte et qui permet de mettre fin aux poursuites judiciaires à l’encontre du coupable, a été dénoncée plus de deux fois qu’une. Cette disposition ouvre la voie à l’impunité, selon nombre d’intervenants. Pour Nadia Chouitem du PT, le texte proposé aux débats n’est pas à la hauteur de la complexité de la situation de la femme, victime, selon la députée, de la violence conjugale et de la loi de l’omerta.
Ainsi, elle a prôné l’abrogation du Code de la famille, et de mettre un terme aux contradictions qui existent dans l’arsenal juridique algérien à l’égard de la Constitution du pays. À la fin de la séance de l’APN, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, a quitté le siège de l’Assemblée nationale populaire sans s’exprimer publiquement devant la presse, réservant sûrement son opinion le jour de l’adoption des amendements proposés.
Mohamed Djamel

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