Le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El-Menfi, a débarqué hier chez nous dans le cadre d’une visite officielle. Il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune lors d’une cérémonie solennelle au palais d’El-Mouradia. Le haut dirigeant libyen n’est pas en terre inconnue eu égard aux relations historiques et fraternelles liant les deux pays. Depuis l’éclatement de la crise chez le voisin de l’Est en 2011, l’Algérie a œuvré, contre les forces de l’ingérence agissant à l’instigation des puissances impérialistes, pour la solution pacifique et politique. Sur la forme, l’accueil officiel réservé à El-Menfi revêt une symbolique. Autrement dit, l’Algérie ne déroge pas à la règle qui guide sa politique étrangère. Celle qui voudrait que l’on soit respectueux de la légalité constitutionnelle sachant que l’instance présidentielle libyenne jouisse de la reconnaissance de la communauté internationale. Pour autant, et par souci de clarifier le propos, Alger n’a jamais fermé ses portes à tous les belligérants libyens. Bien au contraire : exit les fauteurs de troubles et les va-t-en-guerre derrière des agendas occultes, notre pays s’est montré à l’écoute de toutes les parties internes et réceptif à toutes les initiatives de paix. Mais en agissant avec le discernement et le bon sens qu’exige le respect de la souveraineté du peuple libyen et contre toute velléité d’ingérence étrangère. Dans le fond, le déplacement du haut dirigeant libyen à Alger intervient, une fois n’est pas coutume pour un pays traversé par des crises cycliques depuis l’agression des forces de l’OTAN ayant conduit à l’assassinat de Mouammar Kadhafi, au lendemain d’une décision qualifiée de « majeure » pour le peuple libyen. Et, partant, pour l’avenir du processus politique devant déboucher sur l’organisation d’élections générales. Certes, les belligérants libyens ne sont pas encore prêts pour l’échéance, mais le processus semble en bonne voie. Pour preuve, un problème majeur d’ordre financier et économique a été réglé. A savoir, le déblocage de la situation concernant la Banque centrale dont les deux camps rivaux se sont accordés, il y a environ une semaine, sur la création d’un établissement financier unifié. Au lendemain de cette décision consensuelle, par ailleurs, l’Algérie, via le groupe A3+ au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, a chaleureusement accueilli l’accord en question, le qualifiant d’ « historique ». Pour le reste, à l’issue des pourparlers entre les deux dirigeants algérien et libyen hier à Alger, il a été convenu de se réunir « bientôt » en Libye dans le cadre de la Tripartie Alger-Tunis-Tripoli. En perspective, et au-delà des projets prometteurs qu’il conviendra à discuter, il y a fort à parier que le processus électoral en Libye aura une part importante dans les débats. L’Algérie et la Tunisie viennent de réussir l’échéance, pourquoi pas la voisine ?
Farid Guellil