Le président vénézuélien Nicolas Maduro, dont l’opposition réclame le départ anticipé, a convoqué pour mercredi, à Caracas, une grande marche de protestation contre l’Organisation des États américains (OEA) qu’il accuse d’ingérence dans les affaires vénézuéliennes.
La colère du président socialiste, héritier et successeur de Hugo Chavez, a été suscitée par une déclaration du secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, qui a réclamé mardi, une réunion urgente des États membres de l’organisation début juin pour parler de «la crise institutionnelle» au Venezuela. Dans une lettre adressée aux Etats membres, M. Almagro a invoqué la charte démocratique de l’OEA, instrument utilisé en cas d’»altération de l’ordre constitutionnel» dans l’un de ces États, ce qui selon lui est le cas au Venezuela. Et il a évoqué la grave crise économique, sociale, politique et institutionnelle que vit le pays. En réponse, M. Maduro a convoqué pour mercredi, «une grande marche anti-impérialiste et +anti-almagriste+» de la jeunesse socialiste contre l’OEA.
«Prétendre intervenir dans les affaires du Venezuela est un crime. J’appelle à la mobilisation contre l’interventionnisme», a lancé le président mardi soir, dans son émission radio-télévisée hebdomadaire. Et il s’en est pris personnellement à M. Almagro: «Notre révolution sera absoute par l’Histoire, mais toi, Almagro, tu seras condamné au marécage le plus profond de l’enfer des traîtres à la cause de l’Amérique latine». Auparavant, devant un rassemblement de ses partisans, M. Maduro a été encore plus direct envers les dirigeants de l’OEA. «Mettez-vous votre charte démocratique où vous pouvez. On doit respecter le Venezuela et on ne lui appliquera aucune charte».
«L’empire décadent et ses marionnettes»
Et il a proclamé «la rébellion nationale face aux menaces internationales». Se référant aux États-Unis et à Luis Almagro, M. Maduro s’est dit honoré par les attaques «de l’empire décadent et de ses marionnettes».
Ce n’est pas la première fois que M. Almagro critique le pouvoir de Nicolas Maduro, qu’il accuse de devenir un «dictateur». Pour sa part, l’opposition vénézuélienne, qui domine le Parlement depuis les dernières élections législatives, s’est félicitée de l’initiative de M. Almagro.
«La communauté internationale, y compris l’OEA, ne peut pas ignorer la grave crise humanitaire que nous traversons» et «les violations des droits de l’Homme», a déclaré le président de l’Assemblée, Henry Ramos Allup.
Une coalition de l’opposition a réuni début mai 1,85 million de signatures pour réclamer un référendum révocatoire contre M. Maduro. Mais le camp présidentiel a affirmé que cette pétition était entachée de fraudes.
Le Conseil national électoral (CNE) doit se prononcer jeudi, sur les signatures présentées par la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD) en faveur du référendum révocatoire: s’il les valide, 200 000 signataires seront appelés à confirmer leur choix en personne. Mais ce ne sera que la première étape d’un long processus, au cours duquel la coalition de centre-droit devra rassembler 20% de l’électorat (près de quatre millions de voix) pour avoir le droit d’organiser le référendum. La demande de référendum révocatoire de l’opposition a reçu mardi, le soutien de quatre pays d’Amérique latine: le Chili, l’Argentine, la Colombie et l’Uruguay. Dans un document signé par les ministres des Affaires étrangères des quatre pays, ces mêmes quatre pays expriment leur soutien à la médiation entreprise dans le cadre de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) entre le camp de M. Maduro et l’opposition vénézuélienne. Le président équatorien Rafael Correa, un allié de M. Maduro, a lui aussi apporté son soutien à la médiation organisée par l’Unasur. Mais il s’est déclaré hostile au principe d’une réunion spéciale de l’OEA sur la crise vénézuélienne réclamée par son secrétaire général. «Avec le soutien de l’Unasur, on essaie d’effectuer une médiation pour résoudre ce problème par le dialogue. Aussi nous pensons que cet appel du secrétaire (général) de l’OEA est hors de propos», a déclaré M. Correa à la presse à Quito. L’apppel de Luis Almagro «ne bénéficie pas d’un consensus et n’a pas été l’objet de consultations avec les pays membres, et il n’a pas non plus été approuvé par le Conseil permanent de l’OEA», a relevé M. Correa, qui souvent très critique envers l’OEA.