Docteur Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie en Algérie, a annoncé, hier, que la vaccination anti-covid-19 pourrait commencer en janvier prochain.
Sur ce, l’Algérie mettra tout « en œuvre » et en temps « utile » le vaccin à tous les citoyens, précisant que son acquisition se fera suivant les critères d’efficacité, d’acceptabilité, d’applicabilité et surtout qu’il soit financièrement à la portée du pays. En effet, alors qu’une partie du monde à l’instar de l’Europe commencera la campagne de vaccination anti-covid durant la 1ere quinzaine du mois de décembre, Bekkat Berkani a annoncé que pour l’Algérie le mois de janvier serait « déterminant ». « Je pense que chez nous ça va être au mois de janvier », annonça-t-il, hier, sur les ondes de la radio chaîne 3, en attendant les agréments nécessaires, notamment celui de l’OMS qui, selon lui, représente le gendarme mondial sur la question. Cependant, concernant le choix du vaccin il dira que ce sera une décision consensuelle entre le comité scientifique de suivi de la pandémie de coronavirus, le ministère de la santé, l’institut pasteur, l’agence des médicaments et toutes les autorités algériennes. Revenant à la vaccination, Bekkat a indiqué à la même occasion qu’une campagne de cette importance n’est pas facile, et qu’ il lui faut une bonne stratégie « qui vacciner en premier, comment, dans quelles conditions, comment conserver le vaccin surtout qu’il demande un froid d’une négativité moins de 70 à 80 degrés », indiquant que cette stratégie est sous la responsabilité du « ministère de la santé chargé à travers ses structures publiques et privées, de former le personnel sur l’application de ce mode de protection, et le côté logistique sera assuré par les collectivités locales, dépendantes du ministère de l’intérieur ».
L’Algérie peut acquérir plusieurs types de vaccins
Concernant l’efficacité thérapeutique du vaccin, Bekkat a déclaré qu’afin d’acquérir le bon vaccin, l’Algérie observe depuis longtemps l’efficacité des différents produits sur le marché mondial, à travers les dossiers scientifiques qui sont fournis par ces fabricants, surtout qu’il n’y a aucun agrément accordé par l’OMS qui puisse qualifier ce vaccin selon ses critères d’efficacité et de maniabilité. Affirmant que l’achat de ce dernier se fera en respectant quelques conditions, c’est-à-dire il faut qu’il soit acceptable et applicable dans le pays, et qu’il soit à la portée financièrement. Plus précis, il dira que «c’est simple, il ne doit pas être cher malgré que l’Algérie a décidé de consacrer l’essentiel des finances pour acquérir ce mode de protection, il ne doit pas être nocif aussi, il ne faut pas que nous ayant plusieurs mois plus tard des effets secondaires qui sont graves ». Ajoutant «nous déterminerons notre choix en fonction des possibilités car l’Algérie peut acquérir plusieurs types de vaccin.» Il n’est pas exclu d’avoir plusieurs fournisseurs, soulignant que son utilisation dans le pays fabriquant et l’accord de l’OMS est une condition « sine qua non ».
La conservation du vaccin est déterminante
Dans ce cadre, l’invité de la rédaction dira qu’il y a des difficultés techniques qui doivent être étudiées, comme le problème de la conservation du vaccin et qui est très chère ; « c’est pour cela qu’il serait souhaitable que le vaccin que nous acquerronts soit adapté à la stratégie vaccinale que nous avons utilisée déjà en Algérie. » Il faudrait qu’il soit facilement utilisable, « nous ne pouvons pas nous permettre des réfrigérateurs de moins 70 -80 degrés donc finalement cela disqualifie l’utilisation de pas mal d’autres vaccins, sans avancer de noms, le médecin laisse entendre une possibilité d’écarter le vaccin anti covid développé par le géant pharmaceutique américain Pfizer et son partenaire allemand Bion Tech, et qui demande des frigos d’une grande négativité.
Développer une immunité collective
« La stratégie qui serait déterminée ciblera d’abord les professionnels de santé, les personnels qui sont en charge de la sécurité tels que la protection civile et la police…, les personnes fragiles ayant des maladies chroniques, les personnes âgées et les femmes enceintes » précise Bekkat qui a fait savoir que sur le plan épidémiologique il faut essayer de créer une immunité collective à travers la vaccination collective et non pas de masse, ça veut dire, a-t-il expliqué « vacciner le maximum de population afin de limiter la circulation du virus », poursuivit-il «quand vous vaccinez une bonne partie de la population, petit à petit vous faites reculer la pression du virus sur la population donnée et ça sera un virus saisonnier ou disparaitra carrément ». Rassurant dans ce cadre les citoyens que les autorités seront à la hauteur et qu’elles achèteront les doses en quantités qu’il faut, comparé aux pays qui placent cette vaccination en liberté individuelle, il pense qu’il s’agit d’un manque de confiance sur la vaccination à cause des campagnes médiatiques. Précisant que les systèmes de santé sont différents dans les pays, « pour nous l’état est responsable de la santé du citoyen donc il est responsable de fournir le vaccin au moment utile » rassure-t-il.
Situation sanitaire « dommageable »
Concernant la situation sanitaire, le membre du comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus a avoué que l’Algérie vit une deuxième vague du virus, à l’instar du reste du monde. « Nous vivons une seconde vague c’est clair les chiffres le montrent, les décès ont augmenté nous sommes dépassés dans les hôpitaux » dit-t-il, rappelant l’initiative de l’ANP qui a mis à la disposition des citoyens l’hôtel militaire de Ben-Aknoun ainsi équipé en lits pour accueillir les malades. Il ne faut pas perdre de vue que la maladie est là , qui « se développe et se développera encore » prévient-il, une situation qu’il juge « dommageable » dans la prise en charge de cette maladie malgré tous les efforts des autorités, les professionnels de la santé, il ; y a des failles, mais il y a aussi la responsabilité du citoyen qui ne respecte pas les gestes barrières ». Enfin et concernant la reprise du trafic aérien, le Dr Bekkat pense que la création d’un passeport sanitaire anti covid et qui sera exigé pour les rentrant et sortant du pays, serait très intéressant.
Sarah Oubraham