Il y a quelques jours, nous avions fait état du ras-le-bol des étudiants de 3e année, de la faculté de médecine d’Oran, qui s’étaient dit lésés par le système d’enseignement à distance mis en place dans le cadre des mesures de prévention anti Covid-19. Ces derniers avaient notamment dénoncé une surcharge des cours, dispensés en deux jours dans le cadre de l’enseignement résidentiel et affirmé que la qualité de leur formation allait en pâtir en raison du temps du volume horaire, réduit, réservé au stage au niveau des hôpitaux.
Cette situation, inédite, ne semble pas faire l’unanimité des étudiants des différents instituts et universités d’Oran, qui affirment que rien ne peut remplacer le modèle résidentiel. Pour les étudiants de la faculté de droit de Belgaïd, qui n’ont droit qu’à deux jours de cours par semaine en mode résidentiel, au même titre que leurs camarades des autres facultés, les problèmes d’assimilation se posent. « Nous sommes soumis à un véritable gavage ce qui impacte négativement nos capacités d’assimilation et on risque de terminer nos études avec une formation d’un niveau très bas », affirment des étudiants. Pour eux, le système d’enseignement mis en place dans le cadre de la lutte contre la pandémie a montré ses limites. « Je dirais qu’il n’a pas été bien pensé et qu’il a été très mal engagé, on ne veut pas être une promotion cobaye, on veut un enseignement de qualité qui nous permettra plus tard de postuler pour une post-graduation », affirme un étudiant de 3e année de droit. À propos des cours assurés via la plateforme d’enseignement mise en place, d’autres étudiants auquels l’accès reste tributaire du débit de la connexion Internet. « Il y a des jours où on ne peut même pas rentrer dans le site pour télécharger les cours », notent nos interlocuteurs. Il y a quelques jours, une entreprise qui réalisait des travaux aux abords de l’université de Belgaïd a sectionné le câble téléphonique qui assure la connexion Internet. « Cette situation a duré plusieurs jours et la direction de l’université au lieu de mettre en place un système de connexion sans fil s’est limitée à nous assurer que la situation allait être réglée dans les meilleurs délais », notent des étudiants de la faculté des langues de Belgaïd.
UNEA : « De nombreux problèmes depuis la mise en place du système d’enseignement à distance»
Un représentant de l’Union nationale des étudiants algériens (UNEA), reconnait pour sa part que la situation n’est guère reluisante tout en tentant de se montrer rassurant pour les étudiants. « Certes, il y’a de nombreux problèmes depuis la mise en place de ce système d’enseignement mais il faut reconnaitre que la direction a assoupli les critères de passage pour ne pas pénaliser les étudiants. Il faut faire avec cette situation exceptionnelle en attendant que les choses retrouvent la normale. Les mesures mises en place dans le cadre de la prévention anti Covid-19, ne sont pas entièrement respectées, des étudiants sont autorisés à rentrer dans l’université sans le port de bavette et le gel hydro-alcoolique fait partie du passé. Les distributeurs installés au début, à l’entrée des instituts et des salles de cours et de TD, n’ont pas été approvisionnés depuis plusieurs jours. La plateforme mise en place pour assurer les cours aux étudiants fonctionne épisodiquement et rien n’a encore filtré concernant les modalités de passage, même si du côté de la direction on affirme qu’elles prendront en considération la situation exceptionnelle actuelle », souligne notre interlocuteur. Des étudiants de l’université Es-senia, se disent inquiets pour leur avenir, ils affirment que le système les pénalise énormément. « On a deux jours de présentiel et pour les autres jours, il faut se fier à la loi de la connexion Internet pour télécharger des cours. Certains enseignants nous remettent des copies de cours, mais ça reste insuffisant. De plus les examens approchent à grands pas et on ne sait pas comment vont être organisées les choses et comment va être défini le système de notation et de passages. On nous a assuré qu’il y aura des assouplissements concernant les modalités de passage, de dette et de crédits mais rien n’est sûr à l’heure actuelle », notent ces étudiants. Du côté du rectorat et en l’absence d’un attaché de presse, le recteur et son adjoint qui préparaient la visite du ministre du secteur, ne pouvaient pas nous recevoir, nous a assuré un agent ; toutefois, une source crédible nous a précisé qu’aucun changement n’est prévu à l’heure actuelle concernant les critères ou les modalités de passage d’une année à une autre. « Une information a circulé ces derniers jours concernant des allégements, mais au niveau de la direction de l’université on n’a rien reçu », affirme notre source. Il faut reconnaitre, selon l’avis de nombreux étudiants que nous avons rencontrés que malgré la bonne volonté de plusieurs enseignants, le système mis en place pour assurer les cours à l’université a montré toutes ses limites, « il donne l’impression de ne pas être bien pensé et de ne pas prendre en considération certaines réalités sociales des enseignants et des étudiants, les ordinateurs manquent à l’université et leur prix n’est pas à la portée de tous les étudiants, et la connexion Internet est un facteur que les initiateurs du programme semblent avoir royalement ignoré. Ce sont plusieurs promotions d’étudiants qui risquent d’être lésés et d’être des diplômés mais sans connaissance scientifique, vivement le retour au système classique. Il faut organiser dans les prochains jours, une conférence nationale pour l’évaluation de ce système, il y va de l’avenir des étudiants et de l’université », affirme un enseignant de l’institut d‘histoire.
Slimane Ben