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Une vision qui table sur l’intelligence

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L’écart qui sépare M. Tebboune des autres candidats permet d’éloigner toute accusation de fraude, évitant au pays de vivre une entrave supplémentaire sur la voie de la nouvelle République qui est en train de naître au forceps. La large participation au scrutin a permis à l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) de gagner un pari difficile. L’option constitutionnelle, dont l’évidence était claire dès le début, a donc triomphé car elle offre le plus de garanties de sortie de la crise dans les meilleurs délais et avec le moins de risques.
Il est clair que le nouveau Président hérite d’une situation catastrophique sur tous les plans ; économique, social, politique, mais l’atout d’une majorité écrasante lui permettra de travailler à l’aise, du moins sans trop de pression. Dans son programme électoral, M. Tebboune a dit que les jeunes, la classe défavorisée et la classe moyenne étaient sa priorité. Ce sont ces catégories sociales qui ont le plus souffert durant les deux décennies passées. Depuis 1999, l’écart n’a fait que se creuser entre les classes, au profit des favorisés, qui se trouvent être les moins productifs, se contentant d’amasser les fortunes sans créer de richesses, appauvrissant ainsi le pays et les citoyens.
Le dossier économique est donc le plus lourd de tous, et M. Tebboune a promis d’y mettre de l’ordre, de restructurer ce secteur pour le rendre opérationnel. Il est clair que notre économie fonctionne de manière anarchique, sans logique, qu’elle soit socialiste ou libérale. La numérisation est inexistante, et même les chèques papier sont inutilisés, en plus des 60 milliards de dollars au moins circulant dans les circuits informels, échappant à tout contrôle étatique. L’université est coupée du monde du travail, le secteur productif étatique est devenu inexistant alors qu’il devrait constituer une force par le relèvement de la part du secteur industriel des 5% du PIB actuels à 20% du PIB d’avant 1999…
M. Tebboune veut faire passer notre économie nationale de l’import-import à la production et l’exportation : ce projet ne peut se concrétiser sans la jeunesse.
Sa vision est réaliste. Mais sa mise en pratique doit aussi l’être, car rien ne se fait sans retrousser les manches. Le passage d’une économie de rente à une économie moderne, productive, d’autosuffisance, passe par le labeur et l’éthique, au sommet comme à la base. Le pétrole n’est pas éternel, l’intelligence l’est ; et c’est là la plus grande richesse du pays, en plus des immenses richesses du sol et du sous-sol dont dispose le pays, richesses qui ont été longtemps mal gérées. C’est sur l’intelligence que table désormais le pays.
Le volet corruption est le plus facile à traiter, dans la mesure où la justice est déjà en train de traiter les grands dossiers, de surcroît avec rigueur et équité. La séparation des pouvoirs, notamment celui de la Justice, nécessite une simple volonté politique, tandis que convaincre les sceptiques, spécialement parmi les Hirakistes, prendra du temps : beaucoup d’Algériens ne seront convaincus que lorsqu’ils verront des évolutions de leurs propres yeux.
A. E. T.

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