Une attaque menée par des terroristes a ciblé un camp de la Mission des Nations unies (Minusma) à Aguelhok, dans la région de Tessalit dans le nord du pays, au Mali a causé la mort de quatre soldats et 19 blessés, parmi les Casques bleus du contingent tchadien, a annoncé la mission onusienne au Mali, dans un communiqué. L’attaque, menée, très tôt dans la matinée de vendredi dernier, «par plusieurs terroristes lourdement armés» précise la même source, a été repoussée et des hélicoptères ont été dépêchés sur place pour évacuer les Casques bleus blessés. L’attaque terroriste, condamnée par le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres et d’autres pays dont ceux de la région, dans des termes les plus forts, intervient après celle ciblant, février dernier, un assaut au mortier suivi de tirs à l’arme automatique durant près d’une heure, un contingent togolais, au sein de la mission onusienne, qui a fait un mort et une vingtaine de blessés, avait annoncé la Minusma et auparavant, en janvier, l’un des deux Casques bleus grièvement blessés dans l’explosion d’une mine artisanale dans le Nord du Mali avait succombé à ses blessures. Les membres du Conseil de sécurité ont appelé samedi dernier, le gouvernement de transition malien à « enquêter rapidement » sur cette attaque et à traduire ses auteurs en justice, rappelant que « les attaques visant les soldats de la paix pouvaient constituer des crimes de guerre au regard du droit international », ont-ils rappelé dans une déclaration de presse. Les membres du Conseil de sécurité «ont exhorté tous les États, conformément à leurs obligations au titre du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, à coopérer activement avec toutes les autorités compétentes à cet égard » lit-on. Créée en 2013, suite à l’intervention militaire française, pour repousser les terroristes, qui selon Paris, progressaient vers la capitale malienne, Bamako, la mission de l’ONU au Mali, qui dispose de près de 13000 soldats sur le terrain et de centaines de policiers et de personnel civils enregistre, environ 230 victimes des attaques terroristes, à ce jour. Il est à noter que depuis mars dernier, la présence militaire française au Mali est au cœur d’un débat sur sa présence et ses missions au Mali, non seulement, sur la scène malienne ou africaine, mais aussi en ligne de mire, dans un rapport émis par l’Institution onusienne. Les conclusions de la dernière enquête des experts de la MINUSMA, révélées le 30 mars dernier, sont accablantes pour la force militaire française, Barkhane, qui est accusée d’avoir tué 19 civils, janvier dernier, ce qui n’est pas pour atténuer le sentiment anti-français qui ne cesse de s’exacerber ces dernières années, au Mali comme dans d’autres pays africains. Dans leur rapport, publié le 30 mars dernier, les rédacteurs onusiens ont affirmé que la frappe aérienne conduite par des éléments de la force militaire française, Barkhane, au début de cet année, à Bounti, village de la région de Douentza au centre du Mali, « a bien causé la mort d’au moins 19 civils ». Affirmation qui met à mal non seulement la mission militaire française, au Mali, mais aussi les déclarations de responsables français, notamment la ministre des Armées, qui ne rate pas une occasion pour saluer le travail « professionnel » des soldats de la force Barkhane, alors qu’ils sont accusés d’avoir causé la mort de civils, par des maliens et récemment dans un rapport onusien. Après quelques heures de la publication du document onusien, accusant l’armée française d’avoir commis une bavure, lors du bombardement aérien, à proximité du village de Bounti, le 3 janvier dernier, tuant 19 civils, outre trois terroristes, Paris a réagi, réfutant ces accusations et par l’envoi de la ministre française des Armées, Florence Parly en visite au Mali . Sur place réaffirmant la position de la France sur les conclusions du rapport en question, en déclarant, fin mars dernier, que « les forces armées françaises [avaient] effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel », elle a ajouté qu’il s’agit d’une guerre « informationnelle » et que « notre ennemi exploite toutes les polémiques possibles » a-t-elle indiqué, sans plus sur « l’ennemi » dont elle fait part. Poursuivant que « je ne peux pas admettre que l’honneur de nos soldats puisse ainsi être sali », la ministre Florence Parly déclare qu’« il me semble que l’enquête qui a été menée par les Nations unies est indépendante » en ajoutant qu’elle espère voir « le point de vue de Paris pris en compte ». « Nous transmettrons l’ensemble de nos observations et remarques au département concerné des Nations unies » a –t-elle fait savoir. En quête depuis son déploiement au Mali de soutien de la part de ses partenaires européens, qu’il s’agisse de moyens financiers ou humains pour consolider la présence et la mission de Barkhane, la ministre française des Armées n’a pas fait le déplacement toute seule, puisque ses homologues estonien Kalle Laanet et tchèque Lubomir Metnar l’ont accompagnée. Une manière de montrer que la France n’est pas seule au Mali, et que les capacités de la task force Takuba, regroupant des forces spéciales composées de soldats français, tchèques, estoniens, suédois et italiens est opérationnelle, un « laboratoire d’intégration au combat des partenaires européens » selon l’expression de la ministre Parly, qui espère voir, par là, le partage de sa lutte contre le terrorisme, avec ses partenaires européens . Une étape, selon elle, « majeure d’un point de vue tactique et opérationnel », puisqu’il sera question, selon elle « d’un symbole fort » a précisé un communiqué du ministère français des Armées.
Karima Bennour