Ne cherchez pas ! Ou plutôt donnez-vous la peine et la patience de bien chercher. C’est un sujet où se mêlent Tabou et ignorance. Les enfumades avec leurs horreurs commises par « l’œuvre civilisatrice de la colonisation » ont « fuité » et portées à la connaissance de l’opinion publique. Mais pas les camps de concentration réalisés en Algérie par l’armée coloniale durant la guerre de Libération nationale. Des familles algériennes entières en milieu rural, totalisant la moitié de la population algérienne, y ont été enfermées. Dès 1955, le général français Gaston Parlange « commandant civil et militaire » des Aurès-Nememcha installe les premiers camps de concentration où les familles algériennes étaient détenues après destruction de leurs villages. Les camps étaient entourés de fils barbelés et surveillés par des militaires. Autour s’étalaient les « zones interdites » où toute personne qui s’y aventurait était abattue sans sommation. Le général s’inspirait des camps de concentrations nazis mais le premier rapport sur ces camps parlait de « centres de regroupements » pour éviter le rappel traumatisant d’Auschwitz, de Dachau et de Buchenwald. Son auteur, un certain Michel Rocard qui, a évité d’appeler un chat par son nom, fut bien plus tard, en 1988, premier ministre. À l’époque, il était en mission en Algérie pour le compte de son parti, la « SFIO » (Section Française de l’Internationale Ouvrière) lorsqu’il a découvert que « des milliers de personnes (algériens ndlr) étaient menacées de famine dans l’ignorance de la population (française ndlr) et l’indifférence apparente des autorités civiles et militaires… que l’armée française procédait, dans le plus grand secret, à des déplacements massifs de population, afin d’empêcher le FLN de s’enraciner sur place, de le priver de son ravitaillement et permettre à l’aviation le bombardement au napalm ». Des Aurès, les camps de concentration ont été ouverts dans toutes les régions rurales du pays. De l’Ouarsenis à l’Ouest du pays aux montagnes du Djurdjura, en plus des Aurès, des villages entiers furent détruits et les familles déplacées, totalisant plus de quatre millions de personnes, vers ces camps de concentration, entourés de fils barbelés et gardés par les militaires français. Les conditions inhumaines de ces camps, ont engendré une forte mortalité. Les personnes détenues dans ces camps de concentrations risquaient, si elles tentaient de s’évader d’être abattues sans sommation. En effet les espaces environnant ces camps étaient déclarés « zones interdites » par l’armée coloniale. Qui parlent aujourd’hui de ces camps de concentration et de ces zones interdites ? Personne ! Très peu connaissent leurs existences soigneusement cachées par la France officielle et ses historiens. Sur les quatre millions « d’indigènes » détenus dans ces camps, des sources françaises estiment à 200.000 morts (toutes catégories d’âges et de sexe confondues) au cours de leur détention. Ce qui est loin de la réalité. D’autres villages algériens ont été détruits sans que leurs populations ne soient envoyées dans les camps de concentration. Ces populations ont trouvé refuges auprès de leurs proches ou par simple solidarité des habitants des villages épargnés par la furie des barbares français. C’est une autre forme d’atrocités que cite le témoignage qu’a brillamment apporté, Chérif Chikhi, un ancien ambassadeur algérien dans son livre « souvenirs d’un village martyr ». 70 ans après, nos historiens devraient s’en saisir. Ces villages détruits et ces camps de concentration font partie des moyens inhumains engagés par l’armée française durant la guerre de libération nationale. « C’est pour couper tout lien entre la population et les moudjahidine » arguaient les stratèges militaires français. Erreur ! Ils ne s’étaient pas encore rendu compte que c’est le peuple qui combattait pour sa liberté !
Zouhir Mebarki
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