À ceux qui se posent les questions de savoir pourquoi la France tergiverse dès qu’il s’agit de restituer ou de permettre l’accès des archives liées à la colonisation de l’Algérie, nous apportons des réponses documentées. D’abord, la présence française en Algérie est parsemée de mensonges officiels. Du blocus naval d’Alger en 1827 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962. Il y a les gros, les moyens et les petits mensonges de la France officielle. Commençons par le premier gros mensonge. Au départ de Toulon de la flotte française commandée par l’amiral Duperré le 25 mai 1830, la raison officielle formulée par les dirigeants français était une « expédition punitive ». Le but étant de faire cesser « les actes de piraterie » en Méditerranée par les algériens. Or l’Algérie était sous blocus français depuis 1827. Blocus qui a succédé à celui de la Royal Navy en 1824. Officiellement c’est le prétexte du « coup d’éventail » qui est avancé. Or, il suffit de lire le texte de la capitulation pour s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’un simple « aller-retour » mais d’une durable occupation en bonne et due forme. Voici un extrait : « La liberté des habitants de toutes classes, leur religion, leurs propriétés, leur commerce et leur industrie, ne recevront aucune atteinte. Le général en chef en prend l’engagement sur l’honneur ». L’intention de rester sur place est incontestable. Ce mensonge avait pour but de tromper l’Angleterre qui voyait d’un mauvais œil l’expédition militaire française. En vérité, la conquête de l’Algérie a été lancée dès le débarquement. C’était le deuxième gros mensonge de la France qui n’avoue pas encore son projet d’annexion. Une année après, l’armée française était à Oran. C’est là que s’organisa la résistance sous la direction de l’Émir Abdelkader. Même si cette conquête allait durer 73 ans, c’est en 1848 que fut décidée « la départementalisation de l’Algérie », c’est-à-dire l’annexion au territoire français. Ces trois gros mensonges et d’autres que nous ne pouvons exposer faute d’espace, sont des secrets contenus dans les archives françaises. Les ouvrir au public c’est décrédibiliser la France dans ses relations à l’international. Un autre mensonge, qui a engagé l’honneur militaire, est la parole donnée- non tenue- par le général Louis de Lamoricière à l’Émir Abdelkader de ne pas le faire prisonnier et lui permettre de se rendre à Alexandrie.
Cette grave indignité figure, elle aussi, dans les archives françaises. Quand la France soutient que c’est elle qui a créé et donné son nom à l’Algérie c’est également un gros et ridicule mensonge. Il suffit de demander à cette même France d’où elle importait le blé depuis 1741 ? Ce blé algérien qui a servi notamment à nourrir les troupes napoléoniennes en Égypte. On peut y ajouter l’accréditation des consuls de France en Algérie depuis 1577. On continue ! Lorsque la France affirme, d’une façon éhontée, avoir « apporté la civilisation » en Algérie en construisant des routes, des hôpitaux, des voies ferrées, etc., il suffit de lui rappeler dans quel état était notre pays à l’indépendance. À titre d’exemple, l’espérance de vie des Algériens était de 40 ans. Aujourd’hui elle est de 80 ans. Le nombre d’analphabètes à cette même période était, avec les estimations les plus optimistes, fixé à 85%. Tout ce qu’a construit la France a servi aux seuls français d’Algérie et au vol des ressources naturelles et autres biens de notre pays. Le fer de la Tour Effel par exemple pour ne citer que cette « fierté » française. Mais pourquoi tant de mensonges ? La bonne question ! Toute l’occupation française en Algérie, durant 132 ans et jusqu’à aujourd’hui, est un vaste complot que cachent les archives françaises. À ce titre, leur restitution à l’Algérie ne peut être qu’une vaine promesse. Le sujet nécessite plus qu’une simple chronique. Deux exemples encore, « le crime contre l’humanité » et « l’autonomie du Sahara Occidental » du président français, Emmanuel Macron, sont à l’image de tout ce que nous avons écrit plus haut. C’est-à-dire que la confiance et la France ne sont pas compatibles. Il nous faut sortir du jeu de la France qui consiste à gagner du temps et prendre en main, sans tarder, l’écriture de notre histoire. Au nom du serment fait à nos chouhada ! Et pour répondre aux attentes légitimes de nos générations futures !
Zouhir Mebarki
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