Maintenant que les dates d’examens du BEM et du Baccalauréat 2024 sont connues et arrêtées pour le début du mois de juin prochain, le mois de mai qui nous sépare de ces examens connaîtra, à n’en pas douter, un fructueux marché de cours de soutien particuliers. La demande sera formée par des élèves de classes d’examens qui auraient des lacunes à combler par des cours supplémentaires à ceux dispensés par les établissements scolaires. Avec cette particularité, cependant, que cette logique est souvent battue en brèche. Ces cours de soutien supplémentaires dispensés par le privé, ou cours particuliers. Cela fait chic et branché que d’offrir à ses enfants des cours particuliers. Un mimétisme aux relents aristocratiques inavoué où le paraître l’emporte sur l’être. Du côté de l’offre, on trouve des enseignants qui ont découvert la manne pour arrondir leurs fins de mois. Pour ceux dont l’offre s’étale sur toute l’année, c’est la « double vacation » qui permet de s’enrichir en mettant à profit leur position d’enseignants des établissements scolaires des élèves-cibles. Cette dernière catégorie a été déclarée par le ministre de l’Éducation nationale, Abdelhakim Belabed « illégale, car générant des profits non-déclarés en plus d’être pratiquée dans des locaux anarchiques et non sécurisés, voire dans des garages ». Il répondait à une question d’un député, le 18 avril dernier. Il a ajouté que « son ministère a pris une batterie de mesures pour mettre fin à ce phénomène ». Il a précisé également que son département « œuvrait à sensibiliser les élèves et leurs parents pour ne plus encourager ces cours et placer leur confiance en l’établissement scolaire qui demeure la seule structure habilitée à dispenser un enseignement de qualité ». Ce rejet d’une pratique n’enlève pas le besoin qu’ont certains élèves de parfaire leur savoir. À ceux-là, le ministre rappelle que son ministère a programmé durant les dernières vacances d’hiver et de printemps « des cours de soutien pour les élèves qui s’apprêtent à passer les examens nationaux, pour combler leurs lacunes dans différentes matières ». Ces cours ont eu lieu dans les établissements scolaires restés ouverts pour l’occasion et étaient dispensés par les enseignants de l’école. Ces cours de soutien à l’école suffisent-ils pour faire disparaitre un travers aux lourdes conséquences sur le futur des petits écoliers une fois devenus adultes ? Un travers qui hypothèque la sacralité de l’enseignant aux yeux de l’élève. Un référent qui disparait. Des valeurs qui s’évanouissent. Pourquoi abimer une image noble, du maître exemplaire, qui a parcouru le temps et l’espace pour une poignée d’argent très volatile ? Troquer une valeur sûre contre une valeur éphémère, c’est mettre à mal l’intelligence humaine. Cette intelligence qui nous permet d’expliquer plusieurs maux naissant de l’absence de sacralité. Comme le respect dû à l’éducateur, parent ou enseignant. Comme les agressions de l’enseignant par l’élève, constatées dès le cycle moyen. La cupidité qui est et restera une tare, ne doit pas rentrer à l’école. Si l’élève a besoin de cours supplémentaires pour palier des insuffisances, les parents doivent être heureux de pouvoir recourir aux cours de soutien dispensés gratuitement par l’école pour sauver leurs enfants des mauvaises interprétations dans leurs relations avec leurs semblables une fois adultes et pères et mères à leur tour. Pour leur part, les enseignants devraient lutter contre ce travers qui leur fait perdre le capital le plus précieux qu’ils possèdent : celui de l’ascendance sur leurs élèves. Les parents et les enseignants ne sont pas tous ignares heureusement. Seule une minorité d’entre eux succombe à la fascination de l’argent au détriment des valeurs humaines. C’est à cette catégorie qu’est destinée la sensibilisation programmée par le ministère de l’Éducation nationale. En attendant nous souhaitons, à tous les élèves, le succès aux prochains examens !
Zouhir Mebarki
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