Le sujet est loin d’être anodin. Il touche à la sécurité des voyageurs. Il occasionne des coûts par les dégâts occasionnés. Il freine le développement du réseau ferroviaire qui a une incidence majeure sur le développement économique et social. Il hypothèque le civisme de toute une population. Il implique la responsabilité, civile et pénale, parentale. On peut aller encore plus loin en ajoutant l’incidence sur la propagation des actes de vandalisme que ce soit des équipements à l’intérieur des trains ou plus globalement les équipements publics le long du réseau ferroviaire. Enfin et ce n’est pas l’aspect le moins important, la persistance et l’aggravation du phénomène dans le temps. En effet, depuis des décennies, des actes de caillassages sont commis par des enfants et des adolescents à des points précis des voies ferrées. Ces points ne sont pas choisis au hasard. En général ils surplombent le réseau et se situent dans une zone habitée. Ce qui permet au caillassage d’atteindre le train et assure la fuite des petits voyous qui se fondent dans la foule, une fois leur forfait accompli. Après des décennies à subir ce phénomène sans l’éradiquer, il est temps de dire « Stop ! on ne joue plus ! ». Comme il est vrai qu’il n’y a pas de problèmes sans solution, il faut que nos responsables à tous les niveaux arrêtent « leurs appels au civisme » qui ne sont plus que des incantations sans effets. Leur mission est de trouver des solutions et de mettre en place des dispositifs à même de résoudre les problèmes. Dans le cas des caillassages des trains, les points où ils ont lieu sont connus du personnel des chemins de fer. Le profil des auteurs aussi. Jusque-là, la parade a été de créer des brigades canines qui ont montré leurs limites. Il a été décidé également de grillager les vitres, ce qui « balafre » le design des voitures et agresse l’esprit et l’âme du voyage en train. Reste l’installation de la vidéo-surveillance qui bien étudiée peut être une des solutions. Il faut, absolument redonner au train ses lettres de noblesse dans notre pays. Il suffit de suivre l’émission : « Un train pas comme les autres » que diffuse régulièrement, depuis des années, la chaîne télé satellitaire « Ushuaïa » pour saisir toute la symbolique, l’envoutement et le charme qui attirent le public à choisir le train pour ses déplacements. Du bruit rythmé des roues sur les rails qui « berce », aux grandes baies vitrées qui laissent défiler des images apaisantes et magnifiques d’une nature verdoyante et des paysages inédits comme les troupeaux légendaires de vaches qui regardent le train passer. Depuis sa création le train a été le concurrent principal de tous les autres moyens de transports, comme il a été et reste l’instrument essentiel du développement économique et social. Avec un réseau ferroviaire de plus de 6000 km, le train connait, depuis peu, en Algérie une relance remarquable. En effet et en plus des nouvelles réalisations de moyenne envergure, la ligne Tindouf-Béchar en cours de réalisation et longue de 1000 km se distingue et fait la fierté des Algériens. La réhabilitation des trains de banlieue, l’électrification des lignes et l’acquisition de voitures ultra modernes sont autant de raisons supplémentaires pour se réjouir de la relance de l’activité ferroviaire dans notre pays qui avait quelque peu régressé depuis quelques décennies. Ceci étant, et pour reprendre le cœur de notre sujet, il est urgent que des mesures soient prises contre les caillassages des trains qui installent l’insécurité parmi les voyageurs tout en impactant la dépense publique. Il faut agir par la dissuasion, par la sanction comme l’État vient de le faire contre le trafic de drogue et la spéculation illicite. En impliquant totalement et sans aucune « circonstance atténuante », la responsabilité totale des parents pour les auteurs mineurs de ces caillassages. Dès le début de l’application des sanctions, pénales et civiles, plus sévères, les enfants et leurs parents réfléchiront à deux fois avant de reprendre leur « jeu » dévastateur. Il n’y a pas d’autres alternatives pour redonner aux voyageurs du rail tout le plaisir de la mobilité par le train. Et au Trésor public, des économies sur les dépenses. Il va sans dire que la réussite de cette lutte contre le caillassage, impactera positivement, à terme toutes les autres formes de vandalisme que ce soit celui des équipements publics urbains, ou des vols de câbles électriques et du téléphone ou autres. Ni le caillassage, ni le vandalisme ne sont une fatalité ! Avec du sérieux et de la rigueur…
Zouhir Mebarki