Parcelle d’histoire avec un « taux d’intégration » à 100% algérien. Il y a 68 ans, du 27 janvier 1957 au 3 février 1957, eut lieu une grève générale des Algériens. Cette grève a été décidée par le CCE (Comité de coordination et d’exécution) institué par le congrès de la Soummam. Sa date était dictée par la tenue de l’Assemblée générale (AG) des Nations unies qui avait inscrit la « question algérienne » à son ordre du jour et qui grâce à la résonnance de cette grève, adopta, le 15 février 1957, une résolution à l’unanimité (moins la France) reconnaissant le droit du peuple algérien à l’autodétermination. Il nous faut être encore plus précis pour permettre à notre jeunesse de mieux apprécier sa condition de vie aujourd’hui. En mangeant à sa faim. Sans avoir froid. En allant à l’école et en se faisant soigner gratuitement. Sans subir la haine des colons (qui se poursuit aujourd’hui en France). Tout ceci n’est pas le fait du hasard. C’est le résultat du sacrifice, souvent suprême, de leurs aïeux. Et si tout n’est pas encore parfait, ce n’est qu’une question de temps. L’état de dégradation du pays et de la société algérienne à l’indépendance, était tel qu’il faut du temps pour bien « reconstruire ». C’est un autre débat que nous aborderons dans une prochaine édition. Revenons à la grève. Déclenchée le 1er Novembre 1954, la guerre de Libération nationale était considérée, par la propagande française, comme étant le fait de brigands (fellagas) sans aucun lien avec la population musulmane comme ils nous désignaient. Donc et parallèlement à l’action militaire, les dirigeants de la guerre de libération se devaient de répondre à cette propagande coloniale. Comment ? En permettant au peuple de participer à cette lutte. C’est ainsi que le 20 août 1955, Zighout Youcef, le successeur du Chahid Didouche Mourad, organisa l’offensive du Nord-Constantinois. Des milliers d’algériens excédés par les sévices qui leur étaient infligés par le colonialisme se sont lancés à l’assaut des villes et villages bastions de l’occupation étrangère. La répression fut atroce. Résultat : l’AG de l’ONU a inscrit « la question algérienne » à l’ordre du jour de sa réunion du 30 septembre 1955. La seconde démonstration de l’adhésion populaire à la lutte de libération fut la grève des étudiants « français-musulmans » du 19 mai 1956. La thèse du pouvoir colonial sur la version des « brigands » du 1er Novembre 1954 s’effilochait de plus en plus. Le congrès de la Soummam du 20 août 1956 a décidé de tordre le cou, une fois pour toutes, à cette thèse. Pour cela, il fallait impliquer le peuple dans sa totalité. C’est ce qu’a fait le CCE en décidant le grève des 8 jours dans les grandes villes. À ce propos, il faut préciser que l’action militante dans une ville est plus visible à l’international grâce à la présence en ces lieux de journalistes étrangers. Bien plus que les actions héroïques dans les maquis. Et lorsque l’action militante a lieu dans la capitale, l’effet est à plus forte résonance. Comme ce fut le cas pour « la bataille d’Alger ». La grève des huit jours est dite « des commerçants ». Pour une raison simple. Les Algériens salariés formaient une infime minorité. Les autres, la grande majorité, se rabattaient sur le commerce pour subvenir aux besoins de leurs familles. Il n’empêche que des secteurs comme les dockers, les receveurs des transports, la poste, les employés d’entretien des hôpitaux, les éboueurs, c’est-à-dire « les salariés des bras », tous ont suivi, avec les commerçants, la grève que dirigeait à partir de la Casbah, le chahid Ben M’hidi. En Algérie toutes les villes étaient « mortes » durant la grève. Ce fut un succès total. Ben M’hidi sera arrêté et assassiné par l’armée française le 4 mars 1957. Ce sont ces sacrifices qui permettent à notre jeunesse de mesurer la force de leurs grands-parents pour sortir de la misère et de l’indignité. Il faut du temps pour avoir plus de bien-être. Ce n’est pas uniquement l’affaire de l’État. Tout le monde doit se mettre au travail. Tout le monde doit fournir plus d’efforts. Tous sans exception !
Zouhir Mebarki
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