Après avoir susciter de vives condamnations de l’opinion espagnole dont des responsables d’institutions et d’acteurs politiques, sur ses déclarations indiquant que son pays venait de subir « une attaque contre l’intégrité territoriale » pour dédouaner Rabat de sa responsabilité dans la mort tragique de 37 migrants à Melilla, le 24 juin dernier, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez était resté muet, au Congrès, face au porte-parole de l’ERC (Gauche républicaine de Catalogne), le député Gabriel Rufián, qui a exposé en face de lui et devant ses collègues à l’Assemblée, trois balles récupérées sur les lieux de l’assassinat de Subsahariens commis par les services de sécurité marocaines.
Une preuve de plus qui accule Rabat et le gouvernement Sanchez. C’est sous le regard surpris du Premier ministre espagnol qui, depuis ces derniers mois, fait face à une forte contestation en Espagne en raison de sa politique « aveugle » comme le soulignent les médias espagnols, dans leur traitement de la politique interne et étrangère de Madrid sous la gouvernance de Sanchez, qu’un député a ébranlé d’un revers, le discours de Sanchez et de Rabat, visant à camoufler la responsabilité commune de l’assassinat le 24 juin dernier des migrants. Le député espagnol a embarrassé en effet, le chef de l’exécutif espagnol, en brandissant devant lui et l’assistance parlementaire, comme le montre une vidéo, le reste des trois balles, en déclarant , haut et fort « elles ont été utilisées, par les forces de sécurité marocaines contre les migrants de Melilla, dans la tragédie a fait 37 morts ». Si depuis le drame tragique de l’assassinat des Africains migrants sur les frontières maroco-espagnoles a et continue de susciter de vives réactions, de divers horizons à travers le monde, l’opinion espagnole et aussi marocaine ne cessent, à l’instar des ONG et institutions, au niveau continental et mondial d’exiger « une enquête crédible » pour définir les responsabilités et traduire les responsables et commanditaire de ce crime devant la justice. Aux louanges du Premier ministre Sanchez et son ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares aux forces de sécurité marocaines, qui se sont acharnées sur des migrants épuisés, dont des centaines d’autres croupissent dans des conditions inhumaines dans les prisons marocaines, en violation des droits des migrants, il fait dire que le premier responsable espagnol n’ignorait nullement que Rabat venait de récidiver, pour jouer au mieux le rôle du gendarme assassin de pauvres personnes fuyant la misère et les tensions dans leurs pays respectifs, comme le Soudan. Pour bon nombre d’observateurs et notamment les Ongs de défense des droits de l’Homme, l’impunité quant à des crimes similaires a conforté largement les responsables marocains dans leur politique répressive et meurtrière contre les migrants africains. Longtemps bien avant le drame de Melilla du 24 juin dernier, en 2005, le crime a été commis par les forces de sécurités marocaines et a fait 13 victimes.
Le Maroc a récidivé le 24 juin, après ses crimes contre des migrants africains en 2005 et en 2006 à Ceuta et Melilla
Amnesty International (AI) a fait état, de cette tragédie, qui n’a pas été la dernière malheureusement, des centaines de migrants ont subi la maltraitance, des actions racistes des forces de sécurités marocaines et espagnoles, depuis, jusqu’à ce que le crime du 24 juin dernier, fini par occuper la Une, de l’actualité régionale, continentale et mondiale. Dans un document sous l’intitulé «Espagne et Maroc : les droits des migrants sont toujours en danger », publié en 2005, Amnesty International (AI) alerte sur « des violations des droits humains contre des migrants et des demandeurs d’asile qui tentaient de franchir la frontière entre le Maroc et l’Espagne, via les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla ». Affirmant dans ce même document que la mort des 13 migrants en 2005 au portes de Melilla et Ceuta a été la conséquence directe de l’utilisation excessive de la force des services de sécurité « au cours du deuxième semestre de 2005, 13 personnes sont mortes en tentant de franchir la frontière et de nombreuses autres auraient été blessées à la suite de l’usage excessif de la force » du côté marocain comme du côté espagnol. AI précise que « beaucoup des migrants ont été blessés alors qu’ils tentaient de franchir les deux clôtures séparant les enclaves du Maroc soit après avoir été maltraités par des membres de la Guardia Civile (Garde civile) espagnole ». Elle n’a pas manqué d’exprimer sa « profonde préoccupation par la manière dont les autorités espagnoles et marocaines traitent les personnes qui tentent de franchir d’une manière irrégulière la frontière entre les deux pays à Ceuta et à Melilla » lit-on. Loin des espaces ouverts et des regards des médias et d’Ongs de défense des droits de l’Homme et des migrants, AI affirmait déjà que « des demandeurs d’asile ont été détenus arbitrairement par les autorités marocaines sans pouvoir entrer en contact avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ». Par ailleurs, cherchant une issue pour échapper à l’appel, à la justice et à la vérité, ainsi qu’aux exigences du droit international en matière du respect, de la dignité humaine et de surcroît des migrants, les responsables marocains comme leurs homologues espagnols à leur tête le Premier ministre Sanchez , s’agrippe à la démarche de l’autruche en cherchant, une tierce partie, pour ne plus être pointer du doigt comme des criminels et des racistes. Le Maroc a vite fait de se lancer dans une propagande contre l’Algérie, en s’agrippant à la responsabiliser d’un crime commis, aux frontières maroco-espagnoles, loin de 561,74 km à vol d’oiseau d’Alger et à plus de 954 Km par route de la capitale algérienne. Rabat comme Madrid auront à subir pour longtemps les conséquences de la mort de 37 migrants africains, assassinés froidement par les services de sécurité marocains, en application de la politique européenne du tout sécuritaire contre les migrants. C’est une des raisons pour laquelle l’UE ne s’est pas précipitée pour crier haut et fort aux violations des droits de l’Homme, comme l’impose sa politique de deux poids deux mesures. En 2005, Amnesty international a indiqué que « les autorités espagnoles et marocaines ont ouvert des enquêtes dont les conclusions n’avaient pas été rendues publiques » sur la tragédie de la mort des 13 migrants à Melilla, affirmant qu’ « aucune garantie n’a été fournie quant à l’impartialité, l’exhaustivité et l’efficacité des investigations. Amnesty International n’a connaissance d’aucune action disciplinaire contre les responsables de la mort de migrants et des mauvais traitements qui leur ont été infligés ». Pis encore, l’ONG affirme aussi qu’ «aucune mesure préventive n’a été prise pour empêcher le renouvellement de tels faits ». Et en 2006, « Trois personnes ont encore été tuées le 3 juillet 2006 à proximité des clôtures de Ceuta et de Melilla alors qu’elles tentaient de se rendre illégalement en Espagne ».
Karima Bennour