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Un défi et un legs

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«Il est vrai, la lutte sera longue mais l’issue est certaine » (extrait de la proclamation du 1er Novembre 1954). Par ce ton d’une franchise extraordinaire à l’adresse du peuple algérien, les 6 chefs historiques de la révolution armée ont fait preuve d’une immense maturité politique. Leur moyenne d’âge était de 30 ans. Le plus âgé, Mostepha Ben-Boulaïd, avait 37 ans et le plus jeune, Didouche Mourad, à peine 27 ans. Ce dernier avait 18 ans lors des massacres du 8 Mai 1945 qui furent l’élément déclencheur des moudjahidine dans leur majorité. D’ailleurs, juste après, le 15 février 1947 fut créée secrètement l’Organisation Spéciale (OS) qui regroupa les volontaires de l’action armée parmi les militants du MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques). Trois années plus tard, en 1950, l’Organisation spéciale fut découverte et démantelée par le pouvoir colonial. Ce n’était qu’une bataille de perdue pour les nationalistes algériens. Alors que se tenaient les procès des militants de l’OS, ceux qui ont pu échapper aux rafles de l’occupant redoublèrent d’efforts pour se regrouper et continuer la lutte. Tant et si bien que le 23 mars 1954 fut créé le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) qui a permis le 23 juin 1954, à 22 militants, des anciens de l’OS, à se rencontrer à El-Madania (ex-clos Salembier) et à prendre la résolution de « poursuivre la lutte jusqu’à l’indépendance totale ». Ils désignèrent également un comité chargé de l’application de leur résolution. C’est le comité historique des six qui fixèrent la date du 1er Novembre pour le déclenchement de la lutte armée. Un message au « peuple algérien et aux militants de la cause nationale » ainsi qu’au monde entier fut rédigé au préalable. « Notre souci en diffusant la présente proclamation est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure l’indépendance nationale… notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi et aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique…Il est vrai, la lutte sera longue mais l’issue est certaine… Algérien !… Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté ; le Front de libération nationale est ton front, sa victoire est la tienne… Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie » est-il écrit, en substance, dans le message de la déclaration du 1er Novembre. Le premier des six à avoir « donné le meilleur de lui-même » fut le plus jeune, Didouche Mourad qui tomba, les armes à la main, le 18 janvier 1955. Deux mois et demi après la rédaction du message. Leur sacrifice ne doit jamais être oublié. Il y a 70 ans, ils nous ont sauvé de la misère, de l’indignité et de la condition d’apatrides dans notre propre pays. Un legs à protéger par toutes les générations !
Zouhir Mebarki

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