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Un an après les attentats de Copenhague : le Danemark, divisé, se souvient

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Sous haute surveillance, le Danemark se souvient, dimanche, des attentats de Copenhague perpétrés un an plus tôt par un jeune Danois radicalisé, qui avait tué deux personnes avant d’être abattu par la police. Le Premier ministre, Lars Løkke Rasmussen déposera des gerbes devant le centre culturel et la synagogue visés par les attaques, avant de participer à un événement organisé par l’association Finn Nørgaard qui soutient principalement les jeunes issus de l’immigration. Une veillée sera ensuite organisée entre les deux lieux, où une chaîne de 1.800 bougies a été créée, le tout sous une importante surveillance policière.

Le 14 février 2015, Omar El-Hussein, un Danois d’origine palestinienne de 22 ans, ouvre le feu à l’arme automatique sur un centre culturel où des personnalités participent à une conférence sur le thème « Art, blasphème et liberté ». Parmi ces personnalités, l’ambassadeur de France François Zimeray et le dessinateur suédois Lars Vilks, cible des islamistes depuis ses caricatures du prophète Mahomet publiées en 2007 par le quotidien conservateur danois Jyllands-Posten.
Le cinéaste danois Finn Nørgaard, 55 ans, est tué, trois policiers sont blessés. L’assaillant parvient à s’enfuir et, le soir même, il abat un juif de 37 ans, Dan Uzan, devant une synagogue, touchant également deux policiers. Il est abattu quelques heures plus tard dans un échange de tirs avec la police dans le quartier populaire de Nørrebro. Le jeune homme sortait de prison, où il avait purgé une peine pour agression au couteau. « Nous devons être dans une forteresse », a déploré Lars Vilks auprès de l’AFP, alors qu’il participait samedi à un débat qui se tenait au Parlement, en raison des mesures de sécurité accrues.

L’enquête progresse
Depuis un an, l’enquête progresse à l’abri des regards du public. On sait que, sur Facebook, Omar El-Hussein avait prêté allégeance à l’organisation État islamique. Dans un cybercafé, peu avant sa mort, il avait écrit à ses « frères », se vantant d’avoir gagné sa place au « paradis » et leur transférant ses économies. Il y a quelques jours, une radio a révélé qu’il portait sur lui un Coran de poche en arabe quand il a été tué.
La police n’a toutefois toujours pas commenté publiquement les motivations de ses actes même si elles n’ont jamais fait de doutes.
« Cela peut s’expliquer par le fait qu’on n’ait pas souhaité ajouter foi à l’amalgame fait entre islam et terrorisme », a justifié un ancien haut responsable des services de sécurité, Hans Jørgen Bonnichsen, cité par l’agence Ritzau.

Ton dur sur l’immigration
Au cours de l’année écoulée, le ton du débat sur l’immigration musulmane s’est sensiblement durci.
Le Danemark a enregistré 21.000 demandes d’asile en 2015, devenant — proportionnellement à sa population — l’un des pays européens à accueillir le plus de réfugiés, avec l’Allemagne, la Suède, l’Autriche et la Finlande. Ancien champion des droits des réfugiés, le petit royaume a progressivement changé son fusil d’épaule sous l’impulsion du Parti populaire danois (DF, anti-immigration), soutien au Parlement des gouvernements de droite. Le ministre des Affaires étrangères, Kristian Jensen, l’affirmait récemment lui-même: « L’immigration est un plus grand problème que le terrorisme ». Et en matière d’austérité migratoire, le gouvernement ne recule pas: allongement des délais pour le regroupement familial, confiscation des biens des migrants pour qu’ils participent au financement de leur accueil. Toutes ces mesures attirent les critiques de la communauté internationale, mais laissent les Danois relativement insensibles.
D’après les sondages, la majorité d’entre eux estiment que l’immigration est la préoccupation numéro un et la communauté musulmane en est la première victime. « Certains ont utilisé cet épisode (…) pour mettre en avant leur discours de haine, c’est devenu plus clair qu’avant », estime Sami Kucukakin, l’un des représentants des musulmans danois.
C’est un nouveau défi pour les autorités, mises en cause pour une politique d’intégration défaillante. « Il est de notre devoir de créer les conditions pour que les personnes (immigrées) s’identifient au nous » de la société danoise, a expliqué à la télévision publique DR le ministre de l’Intérieur Søren Pind.

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