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Turquie : la répression bat son plein une semaine après le putsch manqué

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La répression bat son plein une semaine après l’échec du putsch en Turquie, où la durée maximale de garde à vue a été portée samedi à 30 jours et un millier d’écoles privées ont été fermées dans le cadre de l’état d’urgence.

Fort du soutien de ses supporteurs, qui vendredi sont encore descendus dans les rues des villes turques, le président Recep Tayyip Erdogan ne faiblit pas dans sa riposte contre les «traîtres», les fidèles du prédicateur en exil Fethullah Gülen ,accusé d’être l’instigateur du coup d’Etat.
Vendredi, près de 300 militaires de la garde présidentielle, soit 10% de ce régiment, ont été mis aux arrêts au lendemain de l’instauration de l’état d’urgence. Des milliers de passeports de service délivrés notamment à d’anciens députés, certains fonctionnaires ou des maires, ont été annulés. S’adressant vendredi soir par téléphone à ses supporteurs réunis à Sakarya (nord-ouest), le président Erdogan a dit que 11.000 personnes, militaires, professeurs, fonctionnaires, avaient été placées en garde à vue depuis l’échec des mutins. Selon l’Intérieur, plus de 4.500 personnes sont en détention. Parmi elles, 126 généraux et amiraux, soit une proportion importante de la hiérarchie d’une armée turque confrontée à la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan dans le sud-est (PKK) et à la lutte contre l’Etat islamique. Les purges n’épargnent aucun secteur. Selon l’agence Dogan, une trentaine de personnes liées au compte twitter @fuatavni, considéré proche des réseaux gulenistes, ont été arrêtées. Le putsch a fait 270 morts, dont 24 putschistes, selon un nouveau bilan de l’agence Anadolu, légèrement revu à la hausse. Samedi, une série de mesures ont été publiées au journal officiel: extension de quatre à 30 jours de la durée de la garde à vue; exclusion à vie de la fonction publique des fonctionnaires liés à Fethullah Gülen; dissolution de milliers d’organisations privées, dont 1.043 établissements d’enseignement, 15 universités, 1.229 associations et fondations, 19 syndicats. Parmi les autres mesures, les conversations entre les suspects et leurs avocats pourront être enregistrées sous certaines conditions. Jeudi, Amnesty International émis dit ses craintes que l’état d’urgence ne serve de «prétexte aux autorités pour étendre la durée de garde à vue qui est actuellement de quatre jours».

«Cher peuple»
Le patron du parti prokurde (HDP), Selahattin Demirtas, a également exprimé son inquiétude vendredi dans un entretien accordé à l’AFP à Ankara: «Le gouvernement a dit que l’état d’urgence ne concernerait que les conjurés. On ne pourra vérifier cela que dans quelques jours.»
Les autorités ont également poursuivi le grand ménage dans les services de sécurité, pris en défaut par une tentative de putsch que personne n’a vu venir. Le président Erdogan a également reçu le patron des puissants services de renseignement, le MIT. Proche du chef de l’Etat, considéré comme tout puissant il y a une semaine encore, Hakan Fidan apparaît désormais fragilisé. Le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, et celui des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, pourraient se rendre prochainement aux Etats-Unis pour s’entretenir avec des responsables de la demande d’extradition de Fethullah Gülen.
Dans un contexte de tensions entre Washington et Ankara, le président Barack Obama a prévenu que cette éventuelle remise serait traitée conformément à la loi américaine.
Il a également réfuté «une quelconque implication des Etats-Unis» dans le putsch. Juste après le coup d’Etat, un ministre avait mis en cause les Etats-Unis. Le président Erdogan a lui-même dit cette semaine que «d’autres pays pourraient être impliqués», sans les nommer. Cible de critiques persistantes de l’Union européenne, M. Erdogan continue de demander à la foule de ses partisans, son «cher peuple», de continuer à descendre dans les rues pour le soutenir. «La loi sur l’état d’urgence ne vous empêchera pas de sortir. Au contraire, elle vous permettra de vous réunir sur les places» des villes, leur a-t-il dit vendredi soir.
Dimanche, une manifestation est prévue place Taksim à Istanbul. Elle s’annonce massive: le Parti de la justice et du développement au pouvoir (AKP) s’est associé à l’appel au rassemblement lancé par la principale formation d’opposition, le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate).

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