Au moins 40 mineurs sont morts et 28 blessés après l’explosion dans une mine de charbon vendredi soir à Amasra dans le nord-ouest de la Turquie, selon les autorités qui ont annoncé samedi la fin imminente des opérations de secours.
« Nous avons dénombré 40 martyrs au total » a annoncé le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu qui s’est rendu sur place, dans le nord-ouest du pays, dans la nuit, avec plusieurs membres du gouvernement. « Cinquante-huit mineurs ont pu être secourus, par eux-mêmes ou grâce aux secours », a précisé M. Soylu, dont 28 ont été blessés dans l’explosion survenue vendredi soir, juste à la tombée de la nuit. À ses côtés et visiblement bouleversé, le ministre de l’Energie Fatih Donmez a annoncé que « nous approchons de la fin des opérations de secours » et qu’elles « se poursuivent pour une seule personne, dont le sort est encore inconnu ». « Ce qui est particulièrement triste pour nous, c’est que nous étions là il y a juste trois semaines », a-t-il ajouté, en larmes. Selon lui, « le feu dans les galeries est en grande partie désormais sous contrôle » alors qu’une épaisse fumée grise se dégageait samedi matin de l’entrée de la mine. La chaine privée turque NTV a montré un des mineurs secourus, le visage éprouvé, noirci de suie, refusant d’être embarqué dans une ambulance: « Je vais bien, je veux rester ici pour aider mes camarades ». Le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, attendu sur les lieux dans l’après-midi, a annoncé sur Twitter une enquête exhaustive: « Nos instances judiciaires enquêteront dans toutes ses dimensions sur cet accident terrible qui nous a dévastés. Aucune négligence ne sera sans conséquence », a-t-il assuré.
Etat de choc
Il a également promis que l’Etat prendrait en charge et allait « protéger les familles » des victimes, dont les funérailles étaient déjà célébrées samedi matin dans les villages voisins, conformément à la tradition musulmane. M. Erdogan, au pouvoir depuis 2003 et qui sera candidat à sa succession en juin prochain, devait se rendre auparavant au chevet de certains des 28 blessés évacués dans un hôpital d’Istanbul, a indiqué une responsable à l’AFP. Depuis la veille au soir, les proches des mineurs accidentés, dévorés d’angoisse et pour beaucoup en larmes, attendaient des nouvelles à l’entrée de la mine, a constaté un photographe de l’AFP. Des ambulances alignées se tenaient prêtes à prendre les éventuels blessés en charge. Une femme en état de choc a dû être évacuée par les secours, d’autres priaient accoudés aux barrières qui enserraient la scène, tandis que les mineurs rescapés se soutenaient et se réconfortaient les uns les autres. Ils ont eux-mêmes autant que possible participé aux secours: « Nous avons remonté les corps de nos camarades, c’est horrible pour nous », a confié l’un d’eux, interrogé par NTV. « Nos premières observations indiquent qu’une partie de nos amis (mineurs) ont perdu la vie en raison de la haute pression et de la chaleur provoquée par l’explosion », avait indiqué le ministre de l’Energie. Plus de 110 mineurs s’y trouvaient au moment de l’explosion.
Accidents fréquents
« Je ne sais pas ce qui s’est passé », a affirmé à l’agence de presse Anadolu un des premiers mineurs à avoir pu sortir indemne des galeries par ses propres moyens. « Il y a eu une pression soudaine et je n’ai pu rien voir », a-t-il dit. Selon le gouverneur local, une équipe de plus de 70 personnes est parvenue rapidement à atteindre un point du puits situé à quelque 250 mètres de profondeur. Mais le feu semble s’être déclaré plusieurs heures plus tard. L’accident et son lourd bilan ont provoqué plusieurs réactions de solidarité avec la Turquie, dont celle du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis sur Twitter, qui s’est dit « attristé » par l’accident. Malgré les tensions très vives entre les deux pays, le dirigeant grec a fait savoir que « la Grèce se tient prête à apporter une assistance immédiate dans la recherche des survivants ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également présenté ses condoléances, en turc, via Twitter, de même que le président du Conseil européen Charles Michel. Le président russe Vladimir Poutine a également adressé à M. Erdogan ses « profondes condoléances ». Les accidents de travail sont fréquents en Turquie, où le fort développement économique de la décennie écoulée s’est souvent fait au détriment des règles de sécurité, en particulier dans la construction et l’exploitation minière. Le pays en avait brutalement pris conscience à l’occasion d’un accident survenu en 2014 à Soma, dans l’ouest du pays, quand 301 mineurs avaient été tués dans une mine de charbon, après une explosion et un incendie qui avaient provoqué l’effondrement d’un puits. Des peines s’élevant jusqu’à 22 ans d’emprisonnement et six mois avaient été prononcées par la justice turque contre cinq responsables de la mine, jugés coupables de négligence.