L’annonce de la victoire du patron de Nidaa Tounès, Béji Caïd-Essebsi, à la première présidentielle qui s’est tenue en Tunisie, après l’adoption, février dernier, de la nouvelle constitution, la déclaration première du nouveau président a été :«Je serai le président de tous les Tunisiens.» Par ces propos, celui qui prêtera serment, la semaine prochaine, et son intronisation officielle, au courant de la première quinzaine de la nouvelle année, le président élu continue à tenir un discours rassembleur, au regard des dossiers qui attendent le pays. Pour le président provisoire sortant, en réaction à sa double défaite, celle de son parti aux législatives, pour la première, et la seconde en tant que candidat au scrutin présidentiel, a annoncé, après les résultats de la présidentielle, qu’il lancera «un mouvement du peuple, citoyens contre l’autoritarisme». Par ce message, l’ex-président provisoire de Tunisie informe qu’il demeurera acteur politique sur la scène tunisienne, après avoir été invité par le résultat des urnes à quitter le Palais de Carthage. Son action politique future s’articulera autour de ce que stipule l’appellation choisie, par Marzouki et ses partisans pour leur formation en question «mouvement du peuple, citoyens contre l’autoritarisme».
La société et la classe politique tunisiennes sont fixées, sur celui qui sera le premier président de la IIe République, au terme de plus de trois mois, d’une intense activité et pression politique relatives aux rendez-vous électoraux, les législatives et les deux tours de la présidentielle. Phase électorale qui vient d’être clôturée par l’annonce des résultats de la présidentielle ce qui ne sera pas le cas de l’effervescence politique dans le pays. L’adversité politique entre les deux ex-candidats à la présidentielle tunisienne, le président sortant Moncef Marzouki et le président élu Essebsi, n’a pas marqué sa fin aux termes de la tenue et de l’annonce des résultats. À la déclaration d’Essebsi, indiquant qu’il sera le président de l’ensemble des Tunisiens, Marzouki a félicité son ex-rival dans la course au Palais de Carthage, et lui a signifié, par l’annonce du lancement de son mouvement politique, notamment par l’appellation qu’il a donné à ce dit mouvement, qu’il continue son action politique, autour de son mot d’ordre phare de sa campagne électorale de la présidentielle. Celle-ci ayant été axée, dans la bataille de Marzouki contre Essebsi, essentiellement sur un discours alarmiste, avertissant sur le retour de l’ancien régime de Ben Ali, par la candidature d’Essebsi à la présidentielle, lequel a occupé, pour rappel, des postes de responsabilité, sous l’ère Bourguiba et l’ex-président Ben Ali, l’action politique de Marzouki se poursuivra dans ce sens. L’effervescence politique en Tunisie semble aller vers le maintien de sa cadence, et également de son intensité, autour cette fois-ci des questions prioritaires qui se posent avec acuité sur la scène tunisienne. Outre la formation du nouveau gouvernement, qui s’achemine sur la voie de la constitution d’un exécutif d’union nationale, les dossiers socioéconomiques et les questions sécuritaires et de la lutte contre le terrorisme seront à la tête de l’agenda politique, des uns et des autres, sur fond des échéances électorales des locales en Tunisie. Si la carte politique a connu des modifications, après les législatives, faisant perdre à Ennahda la première place de force politique dans le pays, après la victoire du parti du président élu, et que le premier tour de la présidentielle a placé le Front populaire comme troisième force politique, dans le pays, les décantations opérées et leurs impacts se poursuivront, en perspective des élections locales. Le patron du nouveau mouvement précité, Moncef Marzouki en l’occurrence, consolidera sans nul doute sa relation avec celui qui a annoncé, entre les deux tours de la présidentielle, sa démission d’Ennahda pour créer un nouveau parti.
Il s’agit de Hamadi Djebali, haut et ancien cadre du mouvement d’Ennahda, et ex-chef du gouvernement, de la période transitoire, a quitté le parti de Ghannouchi, sur fond de la position adoptée par celui-ci sur la présidentielle en Tunisie. N’ayant pas présenté un candidat à la première présidentielle qui se tient dans le cadre de la nouvelle constitution, Ennahdaa pesé au sein de ses rangs et sur la scène politique tunisienne, lors de la présidentielle en question. En adoptant une position, en s’abstenant à donner une consigne de vote, laissant libre cours au réservoir électoral d’En-nahda de voter Marzouki, les différends se sont accentués au sein de ce mouvement et se sont manifestés par la démission de Djebali et son appel à voter Marzouki, pour le second tour, remporté par Essebsi. L’écho de l’appel de Djebali continuera à raisonner dans l’ouïe de Marzouki, en vue d’une probable alliance autour d’une feuille de route politique, entre le mouvement, annoncé par l’ex-président provisoire et le parti de Hamadi Djebali, annoncé aussi en voie de formation.
Karima Bennour