L’annonce a été faite lors du séminaire euro-méditerranéen sur «Le Traitement de substitution aux opiacés (TSO)», qui se tient les 8 et 9 mars à l’hôtel Sheraton (Club des Pins), chapeauté par le ministère de la Justice, et qu’organisent conjointement le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) et l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), en partenariat avec le réseau MedNet (réseau méditerranéen de coopération sur les drogues et les addictions) du Groupe Pompidou, un Forum multidisciplinaire de lutte contre l’abus et le trafic illicite de drogue, relevant des attributions du Conseil de l’Europe, basé à Strasbourg.
La motivation du lancement de ce projet, dont les contours restent pour le moment vagues et imprécis, est liée au fait que l’Algérie demeure à la traîne par rapport à d’autres pays maghrébins, comme le Maroc, et moyen-orientaux, l’on cite le Liban, en matière d’introduction des produits de substitution (la méthadone et la buprenorphine «subutex») aux opiacés dans le système de santé algérien, et ce, en dépit de l’augmentation sensible de la consommation de drogue et de la difficulté chronique à y faire face.
La disponibilité de ces produits est mise à l’index, surtout depuis que les 372 hospitalisés au centre de traitement de Blida, entre 2012 et 2013, aient affiché les signes d’un malaise.
C’est le constat qui s’en dégage. L’objectif de cette rencontre est de justement tirer profit des expériences cumulées à la faveur des méthodes prônées par les pays européens, Belgique et France, membres du Groupe Pompidou et du Réseau MedNet, et la Suisse, qui n’est membre que du premier cité, mais aussi maghrébins, Maroc, et moyen-orientaux, le Liban, auxquels l’Algérie, représentée par les délégations de médecins algériens, a rendu visite dans le cadre de visites d’études.
Et en faire bénéficier les acteurs de la santé et ceux exerçant dans les établissements pénitentiaires. Donc, pour être bien précis, il y sera procédé à la restitution des rapports de visite d’études, mettre en relief les études comparatives des différentes expériences en matière de traitement de substitution aux opiacés, afin de les adapter à la situation algérienne, et élaboration d’une grille d’évaluation pour le centre-pilote de TSO. La finalité étant, ainsi, de mettre en œuvre une stratégie englobant les modalités et les conditions du traitement de substitution aux opiacés, notamment les critères d’identification du ou des centres-pilotes de TSO, les modalités de dispensation du TSO, le choix d’un protocole de traitement dans les centres- pilotes, la définition des besoins pour le traitement de substitution, etc. Pour ce faire, il a été sollicité la contribution d’une cinquantaine de participants venus, outre de l’Algérie, des quatre pays précédemment cités.
Le panel des participants réunit des praticiens dans le domaine de la santé, exerçant au sein des centres de traitement et des établissements pénitentiaires.
La manifestation s’inscrit dans le cadre de la continuité des précédentes actions entamées en 1999, date à laquelle l’Algérie a rejoint le Groupe Pompidou, lors de la Cconférence de Malte, «Conférence sur la coopération dans la région méditerranéenne sur l’usage des drogues : mise en place de réseaux dans la région méditerranéenne», et ayant abouti en 2015, les 21 et 22 avril, à Alger, par l’organisation d’un séminaire euro-méditerranéen sur «le traitement de substitution aux opiacés dans le cadre d’une politique de réductions de risques».
Bien que l’Algérie soit membre fondateur en 2006 du réseau MedNet, composé de 12 pays, les résultats tardent à se faire sentir. Parallèlement, la drogue et la dépendance qui en est la conséquence continuent de faire des ravages dans la population, malgré les faits chiffrés de saisies annuelles annoncées par les services de Sécurité (Police, Gendarmerie et Douanes), 182 tonnes de cannabis en 2014 et de 126,6 tonnes en 2015), qui interviennent, eux, dans le volet répressif. Le hic, c’est qu’on en parle du cannabis, omettant de signaler que l’héroïne et la cocaïne, considérées comme des drogues dures, se sont frayées un chemin dans le milieu des consommateurs, surtout depuis que les lignes aériennes aient enregistré une augmentation dans le nombre des passagers, notamment étrangers. Les mesures compensatoires du MSPRH ont aussi droit de cité. Parmi elles, il convient de citer le programme pluriannuel enclenché en 2007 de création de centres de prise en charge des consommateurs de drogue, ou ce qu’on appelle les CISA (Centre intermédiaire de soins et d’addictologie).
À ce jour, 37 Cisa sur les 53 prévus et 2 centres de traitements sur les 15 programmés ont été réalisés sur le territoire national. Les statistiques de 2013 font état de 14 963 auscultations, 1 381 hospitalisations et 96 cas d’injonction thérapeutique effectués. En attendant que le projet précédemment dévoilé se dote d’indicateurs à portée pratique, les structures de santé doivent continuer de faire face à l’afflux des patients survivant au rythme des opiacés.
Zaid Zoheir