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Traditions : la célébration du Mawlid Ennabaoui dans la Saoura, le Touat et le Gourara

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Présenté par l’Algérie, le S’buâ, pèlerinage annuel à la zawiya Sidi El Hadj Belkacem au Gourara, a été inscrit, début décembre 2015, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Cette manifestation culturelle est composée des expressions qui démontrent la diversité du patrimoine immatériel et qui font prendre davantage conscience de son importance.
Le S’buâ est le pèlerinage annuel des habitants du Gourara pour visiter les mausolées des saints et commémorer le septième jour de la naissance du prophète Mohamed (QSSSL).
Si les festivités du Mawlid Ennabaoui dans la Saoura durent 10 jours et se terminent le jour de la naissance du Prophète, dans le Touat et le Gourara, ces festivités atteignent l’apothéose le septième jour de sa naissance.
Nulle part ailleurs le Mawlid Ennabaoui n’est fêté avec autant de ferveur qu’à Béni Abbès, la perle des oasis de la Saoura, dans la wilaya de Béchar. L’association Ennouba et la confédération nationale consultative du mouvement associatif ont concocté un programme qui s’étale sur plusieurs jours de festivité.A partir du 1er rabiâ el awal, commencent la commémoration des 10 veillées par les chants panégyriques en l’honneur du Prophète (QSSL) notamment «La Mawlidia», «La Borda» et «El Hamzia» dans toutes les mosquées de la ville.Le 10ème jour de rabiâ el awal, est célébré le « Haybousse». A 08 h du matin, le patriarche de la famille Ouled Rahou procède au cérémonial de «Laâbar», qui consiste à peser les quantités de semoule que les femmes doivent rouler pour faire du couscous.
Ces femmes après avoir fait leurs ablutions s’attellent à rouler le couscous tout en récitant des louanges du Prophète (QSSL). A la 10ème heure du même jour, un chameau est égorgé près de la Zaouïa de Sidi Mohammed Ben Abdeslam, sa viande est destinée à préparer la « Selka » qui débutera juste après la prière du Dohr pour se terminer avant celle de l’Asr avec la clôture de la lecture du Livre Saint au niveau de la vieille mosquée. Le couscous garni de viande est servi à tous les présents après la prière du Maghreb.Le 11ème jour de rabiâ el awal, les descendants des Awlia Salihines parent les mausolées de leurs ancêtres pour la visite qu’effectueront les élèves des écoles coraniques en usant de « Nouba » et de « Trada » au cours de leur périple. Ils atteindront « lmasrya » après la prière de l’Asr pour assister à la lecture de la Fatiha par les notables. A la fin de la lecture, les salutations du Prophète (QSSL) fusent de partout pour annoncer l’ouverture officielle, où entrent en parade les différentes formations folkloriques du Baroud et ce, jusqu’à l’annonce de la prière du Maghreb.Entre les prières du Maghreb et El Icha des conférences seront présentées par des professeurs et des chouyoukh.Après la prière d’El Icha, le visiteur aura le choix entre une veillée organisée par la confédération nationale consultative du mouvement associatif, une visite de l’exposition organisée au niveau de l’hôtel « Le grand erg », la psalmodie du Coran, la circoncision des enfants en compagnie des Hénayates chargées de mettre du henné aux garçonnets à circoncire sous les airs de « Galal et Tizemmarine », la distribution des prix aux élèves ayant appris le Livre Saint. Ailleurs, et plus exactement au niveau de la mosquée Ibn-Badis, se tient une veillée consacrée aux panégyriques du Prophète (QSSL) à partir de 01h du matin, jusqu’à l’annonce de la prière du Fajr.Le 12ème jour au matin commence la marche de « La trada » et le baroud par le trajet traditionnel de la fête d’entrée au vieux ksar en passant par les jardins pour arriver à « Sarout Souikate ». Cette longue procession voit défiler en file indienne tous les baroudeurs par l’allée surplombant la palmeraie de Béni Abbès en forme de scorpion vue de l’air. Les troupes rivalisent pendant tout ce temps à montrer leur savoir-faire au maniement des fusils à poudre en battant la cadence sur le rythme du « Galal et Tizemmarine ». Le couscous est servi à profusion à tout le monde à partir de la matinée aux lieux-dits « El haybouss et Men ata ». Les troupes du baroud et de la Trada seront accueillies par du lait et des dattes à leur arrivée à midi à Hay Chaâba. Là aussi seront honorés les nouveau-nés de l’année en cours. Ils sont appelés « Atfal el mezrak »
Du 12ème au 18ème jour, différentes compétitions culturelles et sportives sont organisées. Il y a tout d’abord un tournoi de foot-bal inter-quartier pendant le jour et des veillées poétiques à caractères panégyriques le soir venu.Après la prière de l’ Asr du 18ème jour, toute la ville assiste aux prières et aux louanges du Prophète (QSSL) suivies de « Trada » et de baroud qui dureront au niveau de la place des martyrs jusqu’au coucher du soleil.Dans le Touat et le Gourara, les festivités atteignent l’apothéose le septième jour de la naissance du Prophète.
La fête religieuse du S’buâ constitue le plus grand événement culturel du Gourara, commémorant avec une ferveur sans pareil le 7ème jour de la naissance du Prophète Mohammed (QSSSL) qui coïncide avec le 18ème jour de Rabiâ El Awal du calendrier hégirien, soit exactement 7 jours après le Mawlid Ennabaoui qui est célébré le 12 du même mois à Béni Abbes, Tabelbala et Kerzaz dans la vallée de la Saoura. Dans le Touat, c’est à Ksar Bouâli, dans la daïra de Zaouiet Kounta que les festivités débutent avec une semaine d’avance sur le Gourara. Elles commencent dans le premier ksar puis passent au ksar suivant, l’effet boule de neige aidant, le nombre de participant s’accroît au fil des jours de festivité pour se terminer par un rassemblement seulement comparable à celui de la Ziara de Cheikh Moulay Abdallah Benaïssa Erragani qui se tient à Régane le 1er mai de chaque année. A Timimoun où la célébration du Mawlid En Nabaoui atteint son apothéose à travers tous les ksour du Gourara, les festivités débutent du 1er Rabiâ El Aouel au 18 par la lecture du Livre Saint, de Ward, de Hadra, de Tahlil et de joutes littéraires entre les poètes locaux. Les chorales et troupes musicales rivalisent en Inchad. A l’approche du Mawlid, les femmes du Gourara préparent « Melh Echeikh » qu’elles offrent aux lecteurs du Coran, aux proches et aux voisins. Ce sont des légumes secs torréfiés et mélangés au cacahuètes et sucre. Le tout est broyé pour donner une poudre douce qu’on déguste à l’ occasion du S’buâ. Dans le Gourara, le S’buâ constitue le plus grand événement culturel commémorant avec une ferveur sans pareil le 7e jour de la naissance du Prophète Mohammed (QSSSL) qui coïncide avec le 18ème jour de Rabiâ El Awal du calendrier hégirien, soit exactement 7 jours après le Mawlid Ennabaoui qui est célébéré le 12. A ce propos, Tittafi Mehdi, cadre de la direction de la culture et membre de l’association « Les amis de Timimoun » précisera dans un blog sur le site de son association, que cet événement culturel majeur dans la vie des habitants du Gourara est symbolique à double titre.Il s’agit d’une manifestation culturelle qui clôture toutes les grandes cérémonies organisées pour célébrer la naissance du Prophète, qui commencent le jour du Mouloud à Timimoun au niveau de Lala Hidja, de Sidi Ahmed Ou Othmane en passant par Massine à Sidi Chérif et à Sidi Ahmed Ou Youcef pour se clôturer le 7ème jour (S’buâ) à la grande Zaouia de Sid El hadj Belkacem. Il précise que cette fête religieuse est célébrée spécifiquement par de la Taïbiya, une confrérie religieuse dominante dans la région, dont les adeptes affluent de l’extrême nord et de l’extrême ouest du Gourara pour se rencontrer au sanctuaire qu’est la Zaouia de Sidi El hadj Belkacem, dans un cérémonial mystique au rythme de la Hadra. Depuis plus d’une semaine, les habitants de l’Oasis Rouge se livrent à un travail de fourmis. Les hommes s’affairent au nettoyage de la ville, les femmes roulent le couscous à servir aux « Zyars » venus de loin
Elles préparent aussi ce qui est appelé « Melh Echeikh » qu’elles offrent aux lecteurs du Coran, aux proches et aux voisins.
Ce sont des légumes secs torréfiés et mélangés au cacahuètes et sucre. Le tout est broyé pour donner une poudre douce qu’on déguste à l’ occasion du S’bouâ. La Selka ou lecture complète du Coran sont débute après la prière du Maghrib pour se terminer par la Fatiha avant le Fadjr.Ce jour là, les hommes portent gandouras d’un blanc immaculé et se couvrent le chef de Chèche, turban qui épargne de l’insolation, des poussières et fumées noires du baroud. Les femmes portent l’Izar dont elles rivalisent par les couleurs et motifs. Contrairement aux hommes qui se couvrent le visage à la touareg, les femmes laissent leurs visages découverts. Le k’hôl dessine à ravir leurs yeux de gazelles et le meswek, brou de noix, met en valeur leurs lèvres charnues. Les plus âgées s’enduisent tout simplement les mains avec du henné, les plus jeunes s’ingénient à se couvrir les paumes des mains et les pieds d’arabesques. Les accessoires les plus usités en pareille fête sont incontestablement les lunettes de soleil. Hommes, femmes et enfants en portent non seulement pour bien paraître, mais plutôt pour se protéger les yeux des rayons du soleil et des poussières que répandent les déflagrations des salves de baroud. Tout ce beau monde s’empresse d’aller vers le lieu, dit «Houfrat ouled Belkacem» un endroit situé dans la périphérie de la ville. C’est à cet endroit même que viendront se rencontrer les deux processions solennelles parties de l’extrême nord et de l’extrême sud du Gourara, il y a sept jours exactement. Des deux processions, celle qui arrive avant l’autre à planter son grand étendard à cet endroit est élue pour l’année en cours. Elle gardera le Senjak en trophée et devra le remettre en jeu le S’bouâ prochain. Les youyous des femmes saluant cet exploit donnent en même temps le coup d’envoi des exhibitions folkloriques. Pas de quartier, toutes les troupes des ksour passent. Les danseurs rivalisent en prouesses, costumes et tirs simultanés. Malheurs à celui qui appuie sur la gâchette avant les autres. Il ne fera plus partie de la troupe lors des exhibitions prochaines. Les danseurs louent le Prophète Mohammed (QSSSL) et les Khoulafa Er rachidine. Ils débutent le plus souvent par « Ya aâchekin Ennebi salou âlih… ». La sortie des Tabals et Tizemmarin de l’intérieur du cercle annonce la fin prochaine de l’exhibition de la troupe. Les danseurs, un doigt sur la gâchette, pointent les canons des fusils vers le bas, l’œil guettant le signal du chef de la troupe. Les souffles se coupent. Les spectateurs moins hardis se bouchent les oreilles des doigts. Soudain, un boum assourdissant s’échappe des gueules des armes. La fumée du baroud mêlée de poussière couvre les danseurs. L’odeur âcre du baroud agace les narines non protégées de chèche. Des youyous fusent de partout. Les danseurs enivrés par cette approbation de la gent féminine sortent en file indienne du centre de « Houfrat oulad Balgacem ». La troupe d’un autre ksar lui succède. Le spectacle ne s’arrête que le temps de servir le repas constitué de melfouf précédant le couscous garni de viande, de pois-chiches, de lentilles et de « talédaght », un petit haricot local très savoureux. Trois verres d’un thé fort et presque amer viennent clôturer le déjeuner. C’est le moment que choisissent les fumeurs pour fumer une cigarette en sirotant le thé. Il est de tradition de féliciter l’homme qui fait office de préparer le thé. Cette tâche n’est pas confiée à n’importe qui. Seul un grand connaisseur s’en charge. La reprise des spectacles est annoncée par l’entrée d’une troupe à laquelle succéderont tant d’autres jusqu’à une heure tardive de la nuit. Certains visiteurs reprennent le chemin du retour, d’autres rentrent dans leurs chambres d’hôtel ou chez leurs hôtes. A propos du sacré dans le Gourara, Fayçal Maarfia cite un ouvrage illustre sur les sociétés du Maghreb écrit par A. Missoum sur les « ethnologies coloniales ». Ce chercheur d’origine maghrébine pose un regard nouveau sur la société du Gourara et ses notions anthropologiques. Au-delà des ruptures : l’importance accordée est traitée sur le sacré, en particulier et à la sainteté que les ethnologues ont contribué à classer de manière quelque peu ambiguë sous l’étiquette de « culte des saints »ensuite. Sans rien nier, ce poids est déterminant du sacré dans l’organisation de la société du Gourara. Il est vrai que le sacré s’exerce de manière bien plus complexe et bien plus riche en définitive. Cette richesse se traduit dans les données sur lesquelles sont recueillies deux régions du Sud-Ouest algérien, la Saoura et le Gourara. Contrées désertiques où l’implantation humaine est liée à la maîtrise de l’eau grâce au système des fougaras. Cette maîtrise de l’eau a permis le développement des oasis et a abouti à la création d’établissements sédentaires bien particuliers, les ksour, centres d’habitation, au style architectural original manifestant par les influences soudanaises et témoignant des liens caravaniers anciens avec l’Afrique noire.La vie sociale quand à elle tourne autour d’une fête religieuse : le Mawlid, anniversaire de la naissance du Prophète (QSSSL), observé à Kenadsa dans la Saoura et à Timimoune dans le Gourara. Cette fête généralement consacrée aux louanges du Prophète (QSSSL) durant une nuit de recueillement, de prières et de fête, prend la forme d’un pèlerinage qui rassemble les habitants de tous les ksour et ceux qui ont émigré vers les villes et même à l’étranger. Il s’agit d’un moment de mobilisation intense du sacré. Un espace et un temps de ferveur, qui associent les saints patrons de ces établissements et la commémoration prophétique dans une ambiguïté voulue.
Fondant la cérémonie comme une sorte de « mémorial collectif », restituant le temps des origines de cette communauté organisée autour de ses saints fondateurs, cette fête est un « déploiement d’images » pour mieux se rendre compte des significations profondes, symboliques mais aussi éthiques, affectives, esthétiques, etc. Ces images, s’organisent sur la scène du pèlerinage en empruntant à de multiples registres de la parole incantatoire, scandée ou chantée invoquant les noms d’Allah et du Prophète (QSSSL), à travers des poèmes destinés à cette occasion et des récitations du Coran. Celui du geste incarné dans les danses et le baroud de fusils des hommes dressés vers le ciel.Une semaine à Timimoune, implique tous les ksour du Gourara, rythmés de haltes commémoratives sur les lieux sacrés (tombes, mosquées, sièges et ziarates, lieux de célébration confrérique des saints fondateurs, etc.). Celui de la commensalité et de l’hospitalité à l’occasion desquelles sont pris en charge les visiteurs en partageant couscous d’orge et viande cameline. Celui des signes, en définitive, de la définition de soi, ou plutôt du « Nous », se référant par exemple à cette problématique de l’horizontalité des œuvres humaines, dont témoigne le bâti architectural, et de la verticalité des relations avec l’éternel qui apparaît dans ce même bâti (minaret des mosquées, dômes surmontant les tombeaux des saints), mais aussi, à l’occasion de la fête, par l’intermédiaire des étendards brandis, affrontés les différentes communautés qu’elle réunit.L’ouvrage du chercheur au CNRS souligne la prédestination à la sainteté qui apparaît à travers des signes récurrents, et qui se manifeste par les miracles, depuis la prosaïque maîtrise miraculeuse de l’eau et la protection contre les brigands et les dangers jusqu’à la révélation ultime, celle de Dieu et de son Prophète. Les références à la connaissance immanente, l’opposition entre saints et docteurs. Il évoque la fonction de l’« errance » des saints, les migrations, voyages d’étude, pèlerinages à La Mecque et autres endroits sacrés qui jalonnent l’espace de l’islam et y inscrivent les lieux les plus reculés et les plus humbles que sont ces établissements sahariens. La découverte la plus originale a trait cependant au rôle de (re)fondateur du saint investissant ces lieux d’une sacralisation qui est la légitimation première de leur pérennité… mais aussi au renouveau après des phases de dévolution, mouvement cyclique qui se traduit par des changements de nom et qui est la marque du caractère aléatoire mais aussi prédestiné des œuvres humaines. Les tombes, celles de saints connus ou presque inconnus, balisent ainsi ce monde de l’apparence en bornant les frontières « entre l’espace ordonné et le chaos », entre l’immanent et le transcendant. « Une sorte de principe actif permettant au monde connu d’entrer en communication avec l’inconnu » (p. 17), se démarquant de la stricte distinction entre le sacré et le profane tout autant que de l’approche qui en soulignait la dimension numineuse et émotionnelle. L’espace s’investit du sacré non en tant que tel mais par l’intermédiaire des « lieux » marqués symboliquement qui l’organisent et l’inscrivent dans un temps fondateur. Chacun des ksour est ainsi identifié aux œuvres d’un ou de plusieurs saints personnages dont les hiérarchies et complémentarités dessinent les « nœuds » d’un espace régional. Le Touat est un centre important des mouvements caravaniers transsahariens, mais surtout de l’appartenance à la Ouma traduite par les références à d’autres espaces sanctifiés, les centres urbains, et, naturellement, les « Lieux saints » par excellence que sont La Mecque, Médine, Jérusalem, etc.
Messaoud Ahmed

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