Le prix «Mohia d’or» de la meilleure dramaturgie en tamazight est «institutionnalisé» par le ministère de la Culture, à partir de cette année, a indiqué samedi, à Tizi-Ouzou, Nabila Goumeziane, directrice locale de la culture, Ce concours, instauré au niveau local en 2014 et qui est à sa 5e édition, sera promu désormais à l’échelle nationale.
«Le ministère de la Culture a décidé de soutenir le concours, afin de mettre en relief l’œuvre de Mohia, l’écriture dans le domaine du 4ème art et la promotion de la langue amazigh», a-t-elle précisé, à l’occasion des 10es journées théâtrales en hommage au dramaturge disparu le 7 décembre 2004. Il sera décerné chaque année aux meilleurs textes dramaturgique écrit en tamazight, en garantissant sa diffusion à l’échelle nationale et accompagné par l’octroi d’une compensation conséquente à son auteur. Un appel à la participation sera lancè incessamment et le prix sera décerné au mois d’avril prochain. «Son œuvre, fruit de plus de trente années de travail, d’interprétation et de réflexions philosophiques, constitue un gisement littéraire inépuisable d’expression amazighe et une œuvre novatrice monumentale qui mérite d’être promue et étudiée», a-t-elle encore souligné, lors d’une allocution à l’ouverture de ces journées. Son nom et son œuvre, a-t-elle ajouté, demeurent «incontournables et resteront une référence dans la connaissance de notre patrimoine culturel» estimant qu’il est «nécessaire, de nos jours, que son legs puisse être mieux exploité et plus enrichi». Par ailleurs, des universitaires, participants à une conférence sur son œuvre ont soutenu que celle-ci «constitue une preuve de grande réceptivité qui caractérise la langue et la culture amazighes» qui, de ce fait, «peut aussi, aisément être une langue émettrice envers ces cultures desquelles elle reçoit». «La profusion des œuvres traduites ou adaptées par Mohia de différentes langues vers sa langue maternelle prouve qu’elle possède d’énormes capacités de réceptivité et d’ouverture sur les autres cultures auxquelles elle peut aussi donner» a souligné, à ce propos, Amar Laoufi, enseignant de littérature kabyle au département de langue et culture amazighes de l’université de Bouira.
Il a été, également, déploré par ces universitaires lors de cette rencontre «la rétention de plusieurs enregistrements de productions inédites» du dramaturge qui a «toujours refusé de son vivant de faire un usage commercial de ses œuvres». Celle-ci, a-t-on indiqué, à l’occasion, fait l’objet d’une trentaine de travaux universitaires de licence, trois magisters et quatre travaux de doctorat. Organisées par la direction locale de la culture en collaboration avec l’Assemblée populaire communale (APC) d’Iboudrarène et la famille Mohia, ces journées commémoratives du 14éme anniversaire de la disparition du poète et dramaturge seront marquées par des expositions permanentes de son œuvre, des témoignages et la présentation de certaines de ses pièces théâtrales. Plus connu sous le nom de Mohand Ouyahia, Abdellah Mohya, est né le 1er Novembre 1954 à Azazga.
Après des études universitaires à Alger, il s’installa à Paris durant les années 1970 où il rejoint le groupe d’études berbères et se consacra à la production théâtrale en tamazight et aussi à l’adaptation d’illustres auteurs. Parmi ses œuvres, «Si Pertuff», traduction de la pièce «Tartuffe» de Molière, Muhend Ucaban adaptation de «Le ressuscité» de Lu Sin ou alors «Am win Yettrajun Rebbi» traduction de la pièce de Bekett «En attendant Godot» ou «la jarre» de Luigui Pirandello. Il a été, également, l’auteur de textes interprétés par plusieurs chanteurs tels le groupe Imazighen Imula, Matoub Lounès et Lounis Aït Menguellet.