La préservation de la ressource hydrique passe par la promotion de la culture de l’eau conjuguée à des mesures fermes pour éviter de l’hypothéquer, a préconisé, dans un entretien à l’APS, le docteur Malek Abdesslam, directeur du laboratoire de l’eau à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO).
Pour l’universitaire, « il est impératif de promouvoir la culture de l’eau sans quoi aucune politique ne pourra aboutir », soulignant que « la réalité hydrique du pays est inquiétante ces derniers temps, à cause, notamment, du changement climatique qui se traduit par une élévation des température et l’allongement de la saison sèche qui va de juin à septembre en débordant, parfois, sur octobre ».
Une réalité naturelle caractéristique du bassin méditerranéen « marquée par la rudesse et la variabilité du climat et une alternance d’années pluvieuses et sèches », à laquelle s’ajoute, dira-t-il, « les pertes enregistrées qui avoisinent les 50 à 60% de la ressources, selon les chiffres officiels ». Le maître mot de cette culture, en sus de la sensibilisation tous azimuts,est, selon le Dr Abdesslam, « la gestion rationnelle de cette ressource ». La gestion administrative et la pléthore d’intervenants dans sa gestion actuelle « génère des antagonismes de gestion entre les différents acteurs et complique la gestion de cette ressource » vitale, souligne-t-il. Actuellement, il y a, déplore-t-il, « plusieurs acteurs de différents secteurs et services de l’Etat qui interviennent dans la gestion de la ressource hydrique et, parfois, leur action, sur laquelle prédomine l’aspect administratif, manque de coordination et de complémentarité ». D’autres mesures, coercitives et techniques, doivent être, également, mise en oeuvre selon une vision bien étudiée et coordonnée à commencer par réinstauration d’un régime de restrictions. Considérant que l’eau est « un droit inaliénable auquel chacun doit y avoir accès gratuitement même », l’universitaire préconise, toutefois, « le retour au système des restrictions pour un usage rationnel de la ressource, ainsi que la taxation du prix, au delà d’une certaine quantité de consommation ». Et pour cause, souligne-t-il, « on ne peut se permettre d’avoir l’eau à plein temps au vu de la réalité hydrique du pays ». Une mesure, a-t-il ajouté, qui limiterait aussi, par ailleurs, les fuites, le gaspillage ainsi que les branchements illicites, contre lesquels ils faudrait lutter fermement. Ces phénomènes, constatés chez les particuliers comme les collectivités et services de l’Etat (écoles, universités, administrations, communes, mosquées…) causent un préjudice énorme estimé, rappelle-t-il, à « près de la moitié de la ressource, soit 50 à 60 % ». En matière de mesure techniques, le Dr Abdesslam, préconise « la poursuite et la perfection des politiques hydriques mises en oeuvre, mais insuffisamment prises en charge », entre autres, le dessalement de l’eau de mer et l’épuration des eaux usées qui représentent un potentiel de centaines de millions de mètres cubes qui peut être exploité dans l’agriculture, mais qui demande « un sérieux effort ». Il y a aussi, a-t-il indiqué » le transfert de la ressource d’un bassin plus doté à un autre qui l’est moins », citant le projet en cours à Tizi-Ouzou, consistant à pomper l’eau du Sébaou pour l’injecter dans le barrage de Taksebt qui est à un très bas niveau cette année. L’autre aspect qui mérite aussi réflexion, fait remarquer l’universitaire, est « le recours à la technique de la pluie artificielle ». Celle-ci, dira-t-il, « a déjà été expérimentée au lendemain de l’indépendance et consiste à bombarder les nuages pour provoquer la chute des pluies avant qu’elle deviennent grêlons, notamment, en période de floraison ».