Accueil MONDE Tir de missile nord-coréen : Kim Jong-un teste Donald Trump

Tir de missile nord-coréen : Kim Jong-un teste Donald Trump

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La Corée du Nord, qui semble déterminée à se doter d’une force de frappe crédible, veut jauger la politique du nouveau président américain.

Kim Jong-un est ponctuel. Trois semaines à peine après l’investiture de Donald Trump, le «leader suprême » nord-coréen teste déjà le nouvel hôte de la Maison-Blanche en lançant un missile balistique. Une provocation au lendemain de la partie de golf entre Trump et son invité le Premier ministre japonais Shinzo Abe, dans la luxueuse résidence du magnat de l’immobilier à Mar-a-Lago, en Floride. Ce coup d’éclat au timing choisi avec soin a déjà réussi l’exploit de convertir le nouveau président américain à la concision. Le nouveau « commander in chief » a réagi d’une seule phrase pour affirmer le soutien « à 100 % » de son allié nippon lors d’une conférence de presse improvisée. L’héritier de la seule dynastie communiste de la planète reprend les méthodes éprouvées par son père Kim Jong-il, qui avait lancé une fusée trois mois après l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, en 2009. Car, pour le régime paria, l’arrivée de chaque nouveau président américain est l’occasion d’ouvrir un cycle de tensions. En défiant le géant américain, Kim soigne sa posture nationaliste de protecteur de la nation tout en faisant monter les enchères en vue d’éventuelles négociations.

Le précédent Kadhafi
Cette fois, Pyongyang affirme avoir « réussi » un test d’un nouvel engin de «moyenne à longue portée » baptisé Pukguksong-2. Un missile de surface « de style coréen » qui pourrait être équipé d’une ogive nucléaire, affirme l’agence officielle KCNA de la Corée du Nord, qui a fait de l’indépendance nationale la clé de voûte de sa légitimité auprès de ses 23 millions d’habitants, pour l’essentiel coupés du monde.
Ce test « démontre l’irrationalité du régime de Kim, fanatiquement obsédé par le développement de l’arme nucléaire et balistique », a fulminé le ministère des Affaires étrangères sud-coréen. En réalité, le jeune « maréchal » élevé en Suisse et ses stratèges suivent une ligne stratégique ultra-réaliste. Tirant les leçons de la fin tragique du colonel Kadhafi, qui avait renoncé à son programme nucléaire sous la pression occidentale, Kim Jong-un est déterminé à se doter d’une force de frappe crédible pour assurer son indépendance et son pouvoir sans partage.

Cavalier seul
Ce nouveau test confirme l’accélération des programmes balistique et atomique en 2016, qui a vu un nombre record d’essais conduits. En particulier huit tests du missile moyenne portée Musudan, capable de menacer la base américaine de Guam. Et bien sûr, deux tests atomiques, dont l’un « thermonucléaire », avance la propagande.
Ce cavalier seul ne répond pas seulement à des considérations de prestige dynastique, il semble indiquer également l’ambition de se doter d’une force de frappe réelle. Ainsi, l’usage d’une technologie adaptée aux missiles lancés de sous-marins pour l’essai de dimanche semble confirmer la détermination de se doter à terme d’une capacité de « seconde frappe », à partir d’un submersible. Un investissement majeur dont sont dotées toutes les grandes puissances atomiques. Chaque test, souvent raté, rapproche un peu plus les scientifiques et militaires de l’Armée populaire de Corée (APC) de leur graal atomique.

«La normalisation par la banalisation»
Sur le front diplomatique, le coup d’éclat de dimanche semble également maîtrisé. « Ils misent sur la normalisation par la banalisation », analyse Antoine Bondaz, chercheur au Ceri-Sciences Po (Centre de recherches internationales). En choisissant un tir à haute altitude, jusqu’à 550 kilomètres, selon un angle presque droit, le régime n’a pas enfreint l’espace aérien de ses voisins, en particulier le Japon, contrairement aux lancements de fusées Taepodong par le passé.
Et il n’a pas conduit son coup d’éclat lors de la visite du secrétaire de la Défense James Mattis à Séoul, au début du mois.
Kim Jong-un s’est bien gardé de franchir la ligne rouge fixée par Trump dans un tweet, début janvier : le lancement d’un missile intercontinental (ICBM) capable en théorie d’atteindre le territoire américain. « Cela n’arrivera pas ! » avait tapé sur son clavier le président élu. Le régime avait agité début janvier la menace d’un test d’ICBM, mais il a mis son projet en sourdine ces dernières semaines. Une temporisation qui vise à sonder d’abord prudemment les intentions de l’imprévisible président. Un round d’observation, en attendant d’entrer dans le vif du sujet.

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