Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a souligné la complexité des négociations russo-ukrainiennes, en particulier la préparation d’un protocole d’intention sur un traité de paix, mettant en avant l’importance des détails et prévenant que les contacts entre les parties ne seront «pas faciles».
La Russie et l’Ukraine auront des « contacts pas faciles » afin d’élaborer le texte du mémorandum sur l’accord de paix et le cessez-le-feu, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Selon lui, la partie russe et la partie ukrainienne « élaboreront des projets de documents et les échangeront ». Dmitri Peskov souligne qu’aucune date n’a été fixée : « Il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de délais ». « Il est clair que tout le monde veut le faire aussi vite que possible, mais le diable est dans les détails », précise le porte-parole du président russe. Le 16 mai, les délégations russe et ukrainienne se sont rencontrées à Istanbul pour reprendre les pourparlers bilatéraux interrompus par Kiev en 2022. À l’issue des discussions, le chef de la délégation russe, Vladimir Médinsky, a déclaré que la partie russe était « satisfaite » des résultats, soulignant la volonté de la Russie de poursuivre ces échanges. Au cours des pourparlers, les parties ont convenu de procéder à un échange de 1 000 prisonniers de guerre contre 1 000. En outre, Moscou et Kiev ont accepté de présenter leur vision d’un éventuel futur cessez-le-feu. L’Ukraine a également demandé des « pourparlers directs » entre les chefs d’État. Selon Vladimir Médinsky, Moscou « en a pris note ». Le 19 mai, le président russe Vladimir Poutine a eu une conversation téléphonique de deux heures avec son homologue américain Donald Trump, qualifiant l’échange d’« ouvert et constructif ». Le dirigeant russe a également noté l’intention de la Russie de travailler sur un mémorandum relatif à un éventuel traité de paix. La déclaration sur les négociations immédiates autour d’un mémorandum de paix entre la Russie et l’Ukraine a été interprétée par Kiev et les capitales européennes comme une intention de se laver les mains, ce qui suscite un sentiment de malaise en Ukraine. Il ne s’agit pas nécessairement de se retirer du processus, mais un glissement vers la version russe des événements a manifestement lieu. Dans cette situation, Kiev se montre plus réservé qu’il aurait pu l’être ou qu’il ne l’a été auparavant. Il semble arrivé à la conclusion qu’il n’y a pas moyen de compter sur l’Europe à cause de sa position fondée sur on ne sait quoi.
« Lors de la conversation, téléphonique entre Poutine et Trump, il est désormais question de négociations avant la trêve»
Pour le rédacteur en chef du journal «La Russie dans les affaires mondiales», Fiodor Loukianov, les pourparlers entre Vladimir Poutine et Donald Trump sur l’Ukraine ont des allures de jeu psychologique. Quant à l’Europe, qui s’accroche pour jouer un rôle dans le conflit, elle se donne de l’importance en s’employant à saper les négociations. Il existe des pros, capables de déceler des nuances subtiles dans les formulations concrètes de Poutine et celles exaltées de Trump. C’est un talent spécial. Quant à ceux qui ne le possèdent pas, il ne leur reste qu’à spéculer tristement. À en juger par ce qui a filtré de la conversation téléphonique, on peut tirer les conclusions suivantes. « Poutine suit patiemment sa ligne, sans en dévier le moins du monde : les causes profondes, une paix durable, les objectifs de l’opération militaire spéciale ». Le ton et parfois le contexte peuvent changer, les mêmes choses peuvent être dites avec plus de dureté ou, au contraire, de façon plus constructive. Ni plus ni moins. Le fait que Trump, habitué à obtenir des résultats immédiats, n’ait pas craqué ni ne se soit déchaîné devant cette constance, est déjà un succès. Les deux président Poutine et Trump patrons semblent jouer à un jeu psychologique, chacun croyant bien comprendre l’autre. La tactique de Poutine se base vraisemblablement, selon Fiodor Loukianov « sur l’hypothèse que, pour son interlocuteur, le sujet est a priori moins essentiel qu’il ne l’est pour lui et qu’il souhaite s’en défaire d’une manière ou d’une autre ». Pour la partie russe, au contraire, c’est un sujet d’une importance incomparable. Dans cette optique, selon lui, « cédera donc celui pour lequel la question est moins capitale ». Trump renonce progressivement à son idée de trêve rapide et dans cette conversation, « il est désormais question de négociations avant la trêve. »
R. I.