Mohamed El-Ghazi coupe l’espoir aux milliers de travailleurs de divers secteurs, qui observent le quatrième jour de grève en l’espace d’une semaine, pour exiger, entre autres, le maintien du droit à la retraite anticipée.
Ainsi, avec une telle déclaration du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, les chances du dialogue entre les deux parties s’amenuisent. Le représentant du gouvernement exclut tout recul sur ce projet, qui prévoit, entre autres dispositions, l’abrogation de la retraite anticipée. Aussi, il a dénié tout droit aux protestataires de les associer dans le projet portant régime de la retraite, comme ils l’avaient revendiqué. En revanche, il a assuré de les impliquer dans la révision du Code de travail, même si la question n’est pas à l’ordre du jour, selon lui. Le ministre a profité, à l’occasion de la tenue, hier à Alger, d’une rencontre qui a regroupé les directeurs de wilaya de la Casnos (Caisse nationale de Sécurité sociale des non-salariés), pour s’exprimer sur l’événement de l’heure. En effet, il est à rappeler que l’Intersyndicale est à sa deuxième action de protestation, après celle organisée les 17 et 18 octobre derniers. En plus de demander le retrait, pur et simple, du projet de loi ayant trait à la suppression de la retraite anticipée, les grévistes se réclament du droit de prendre part à l’élaboration des projets du gouvernement, en tant que représentants du partenaire social. Néanmoins, la détermination de l’Intersyndicale ne semble point faire reculer le gouvernement. Et pour cause, El-Ghazi n’a pas du tout l’intention de revenir sur ce projet, qui se trouve en examen, à l’heure actuelle, au niveau de la commission sociale de l’Assemblée populaire nationale. Interrogé sur la demande formulée par les syndicalistes, le ministre a défendu le projet du gouvernement et les motivations de ce choix. Ainsi, il rappelé que la décision de fixer l’âge de départ à la retraite à 60 ans qui s’impose aux travailleurs est justifiée par le souci de préserver les équilibres des caisses de la Sécurité sociale et la pérennité de versement de la CNR (Caisse nationale des retraites). Ceci dit, en réponse aux grévistes qui demandent de participer ou tout au moins être consultés sur la nouvelle loi de la retraite, El-Ghazi estime qu’aucune loi de Constitution algérienne ne prévoit une telle procédure, encore moins soumettre le projet du gouvernement aux partenaires sociaux, a-t-il expliqué.
Un argumentaire par lequel il veut battre en brèche les revendications des syndicalistes, qu’il accuse d’enfreindre les lois de la République. Pour lui, le gouvernement n’a jamais fermé les portes du dialogue avec les partenaires sociaux. Il en veut, pour preuve, aux réunions organisées par les secteurs de l’Éducation, de la Santé et autres, avec les représentants des syndicats à cette effet. Mais, «eux (grévistes), ils parlent de détails…», a-t-il indiqué, comme pour minimiser l’action de l’Intersyndicale. Il ne s’agit pas pour lui de porter un jugement sur le rôle que devra jouer les syndicalistes qui jouissent du droit de l’exercice syndical, comme le montre, a-t-il expliqué, les 65 syndicats agréés par son département, et envers lesquels il n’a pas «refuser le dialogue».
Le ministre semble même lorgner les protestataires, puisqu’il a laissé entendre que son intérêt et celui du gouvernement sont portés sur les citoyens et le souci de préserver le pouvoir d’achat, entre autres. En revenant à la retraite anticipée, telle qu’elle a été instituée en 1997, dont les protestataires appel- lent à la préservation de ce qu’il qualifie d’un acquis social, El-Ghazi a expliqué qu’il s’agissait d’une mesure exceptionnelle, recommandée par le FMI (Fonds monétaire international), et que ce «choix difficile» n’était pas pris par le gouvernement de son propre gré. D’autre part, il a indiqué que l’Algérie est l’un des rares pays qui adopte encore ce mode de retraite anticipée. Selon lui, la tendance en cours dans beaucoup de pays plus ou moins développés fixe l’âge de départ à la retraite à 60 ans, voire même au-delà. Ceci, comme pour dire que le gouvernement a bien réfléchi son projet, de telle sorte qu’il soit en faveur de l’économie nationale créatrice de la richesse, en ces temps de vaches maigres, et des acquis sociaux. De ce fait, les syndicalistes «sont mal venus pour nous donner des leçons, alors qu’ils enfreignent, eux-mêmes, la loi», a-t-il accusé le mouvement syndical.
Révision du Code de travail, les syndicats seront associés
Pour lui, les revendications de l’Intersyndicale non seulement elles ne reflètent pas la réalité, mais, pis encore, elles «détournent l’opinion publique», a-t-il estimé, en dénonçant une campagne «d’intox et de désinformation», émanant à la fois de certains acteurs sociaux et politiques. À la question de savoir si le gouvernement et son département en particulier envisagent d’impliquer les partenaires sociaux dans l’élaboration du nouveau Code de travail, là encore, El-Ghazi explique que la priorité est l’adoption de la loi de la retraite.
Quant au projet régissant le travail, il n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement, du moins, pas avant celui qui fait chambrer à l’heure actuelle les syndicalistes. Néanmoins, le premier responsable du département du Travail a promis de faire participer les partenaires sociaux dans l’enrichissement du projet portant révision de la loi de Travail. Précisément, il sera question de faire parvenir une mouture de ce projet à toutes les organisations syndicales pour qu’elles puissent apporter leur collaboration. C’est le cas aussi pour les listes des métiers pénibles et à haut risque. El-Ghazi a révélé qu’elles seront connues après l’adoption de la loi de la retraite à 60 ans.
Farid Guellil