Le 26e Sommet de l’Union africaine (UA) s’est ouvert hier, à Addis-Abeba, (Éthiopie), en présence d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement d’Afrique. Le Conclave africain intervient, faut-il le rappeler, quelques semaines après les attentats sanglants de Bamako et de Burkina Fasso, et aussi au moment où l’activité et la menace terroristes connaissent une recrudescence, notamment de Daech en Libye, profitant de la situation chaotique dans laquelle a été plongé ce pays, depuis cinq ans.
Inscrits parmi les questions essentielles à l’ordre du jour de la 26e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement l’Union africaine, le terrorisme et l’actualité libyenne relative notamment à la menace grandissante de Daech, sur le pays et par conséquent sur ses voisins, domineront les travaux de ce Conclave africain, et les rencontres bilatérales. Arrivé vendredi soir à Addis-Abeba, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentera le chef de l’État, lors des travaux de deux jours de la 26e session du Sommet ordinaire de l’Union africaine, entamés, hier, dans la capitale éthiopienne. La veille, vendredi soir, un sommet du Conseil de paix et de sécurité (CPS/UA) s’est tenu pour discuter sur la lutte contre le terrorisme, la Libye, la crise du Burundi, sur fond du refus de son président de voir une force africaine se déployer dans son pays, et aussi sur la question du Soudan du Sud. Réunion à laquelle ont assisté, Ramtane Lamamra, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, qui a représenté le président de la République, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, et Martin Kobler, Représentant spécial des Nations unies pour la Libye, pour ne citer qu’eux. Alors que le Sommet du CPS de l’UA se tenait, vendredi soir, le président américain, Barack Obama, a invité les membres du Conseil de sécurité de son pays
«à se réunir jeudi prochain pour examiner les voies et moyens à même de limiter l’extension des terroristes de Daech en Libye», a-t-il déclaré. Lui emboîtant le pas, un responsable militaire américain, selon des médias, a déclaré, en ce sens, qu’il «était temps de réagir» en Libye, avant, a-t-il précisé, que ce pays «ne devienne le sanctuaire des terroristes», dès lors il sera difficile de le déloger, «comme c’est le cas actuellement en Syrie et en Irak».
Il est à noter, par ailleurs, qu’une réunion est prévue, le 11 février, à Bruxelles entre les responsables européens sur la Libye et le terrorisme de Daech, en marge de laquelle se rendra également une réunion des responsables de l’Otan sur la même question. S’agissant du conclave du sommet du CPA de l’UA de vendredi soir, saluant la tenue de cette rencontre qui, selon Lamamra, «confirme la volonté politique des leaders africains de combattre le terrorisme», Ramtane Lamamra a tenu à rappeler qu’il s’agit d’«un phénomène étranger aux valeurs africaines et musulmanes». Dans son intervention à cette occasion, Lamamra s’est appuyé sur l’expérience algérienne en la matière de lutte contre le terrorisme, pour annoncer plus loin les questions incontournables à intégrer dans la stratégie de lutte contre le terrorisme de l’UA.
Il s’agit, selon lui, de la mise en place d’un système de prévention structurelle et d’alerte précoce par le renforcement de la coopération entre l’UA et les communautés économiques régionales, ainsi qu’entre l’UE et l’ONU. Ce qui permettra, a-t-il indiqué «de rehausser l’efficacité de la coopération intra-africaine en tant que composante de la stratégie globale des Nations unies, en matière de lutte contre le terrorisme», a-t-il expliqué. A cela s’ajoute la déradicalisation qui, selon lui, «doit faire l’objet d’un programme multidimensionnel d’action» en vue, souligne-t-il, «de dresser dans les esprits des remparts contre l’extrémisme violent», a déclaré Lamamra. Mettant l’accent sur l’importance d’une «mobilisation diplomatique accrue» au niveau international, en faveur de la «criminalisation» du paiement des rançons pour la libération d’otages et «l’adoption» d’un instrument juridique international, «contraignant», destiné à permettre le tarissement de toutes les sources de financement du terrorisme», sur le plan africain. Lamamra a mis l’accent sur la nécessité de «mettre en œuvre ses décisions et instruments juridiques afférents» en matière de lutte contre le terrorisme. Notamment à travers, a-t-il précisé, «l’élaboration» d’une liste des groupes, entités et personnes «s’adonnant» à des activités terroristes ou les «soutenant», et de souligner sur la nécessité de «renforcer» la coopération judiciaire entre pays africains, notamment «la mise en œuvre d’un mandat d’arrêt africain», a-t-il proposé. En marge du Sommet du CPA/UA, le Représentant spécial des Nations unies pour la Libye a déclaré, aux médias, que la reunion en question «était très, très importante pour avoir le message uni de l’Union africaine», a précisé, Kobler, mais aussi «de la Cmmunauté internationale, par apport au processus à mettre en œuvre maintenant», a-t-il indiqué. Sur l’accord politique libyen, il dira que : «Je crois que c’est très important pour le Parlement de Tobrouk celui de Tripoli entendent la voix, ici, de la Communauté internationale de l’Union africaine», a-t-il insisté.
Et de conclure que «pour nous, Nations unies, c’est très important aussi d’avoir une reaction stratégique avec l’Union africaine, les pays voisins (à la Libye, ndlr), qui ont été ici (à Addis-Abeba, ndlr), et c’est très important d’avoir ce message commun», a déclaré Kobler.
Karima Bennour