La tension entre les avocats et les magistrats refait surface, après la détention provisoire d’un de leurs confrères de Blida. Cette décision a suscité la colère des robes noires, annonçant une grève de plusieurs jours. En effet, l’avocate Nabila Smaïl a annoncé, jeudi passé, que les avocats du barreau de Tizi-Ouzou ont décidé d’observer une grève, du 22 au 24 février, en solidarité avec leur confrère de Blida. « L’avocat est une ligne rouge. Il est aux côtés du peuple. Le peuple doit être à ses côtés », a-t-elle écrit sur Facebook. De son côté, le barreau de Béjaïa a décidé de boycotter les séances au niveau du tribunal et de la cour de la même ville du 21 au 25 février, et ce en signe de solidarité avec l’avocat de Blida. Le barreau de Béjaïa a dénoncé aussi les propos « irresponsables » du Syndicat national des magistrats (SNM). Pour rappel, tout a commencé après le placement en détention provisoire d’un avocat de Blida, suite à un « différend personnel » avec une juge, selon ses confrères. Suite à quoi, ces derniers ont décidé de boycotter les audiences. Mercredi, lors de l’examen par la chambre d’accusation près la cour de Blida de la demande d’annulation du mandat de dépôt, ils se sont rassemblés devant le bureau de la Chambre pour soutenir leur collègue et appeler à l’indépendance de la justice. De son côté, dans un communiqué rendu public, le SNM s’est élevé contre ce comportement qu’il considère comme une « tentative de pression » sur les juges pour « influencer » leur jugement. « C’est une situation burlesque qui fait rire et pleurer en même temps, car il s’agit en fait de la consécration de la justice des pressions et des injonctions », écrit le syndicat que préside Issad Mabrouk. « Celui qui veut entrer en campagne électorale ne doit pas se servir des épreuves des justiciables », estime le SNM qui rappelle qu’il est toujours « resté à l’écart de la démagogie trompeuse pour sauvegarder ce qui reste de la crédibilité de la justice ». Mais, tient à affirmer, « clairement » qu’il « se tient aux côtés des juges de la chambre d’accusation et les appelle à trancher en toute indépendance et objectivité dans cette affaire ». Des propos très mal accueillis par les avocats de Blida qui les qualifient de « provocateurs » et
d’« insultants ». Le secrétaire général de leur organisation a exprimé son étonnement d’entendre des propos qui «jettent de l’huile sur le feu » au moment où était attendue une solution à la crise, selon des déclarations recueillies par notre confrère El Khabar.
S. Oubraham