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Smaïl Lalmas, président de ACE : «l’Algérie avait besoin, et en urgence, d’un ministère du Commerce extérieur»

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Le Courrier d’Algérie : -Le ministre du Commerce vient de déclarer que, face à la chute des cours du pétrole, la problématique pour l’Algérie ne résidait pas dans l’augmentation des importations», mais, comment aller vers l’exportation de nos produits. Quel commentaire faites-vous dans ce sens ?
Smaïl Lalmas : Si vous vous rappelez bien, madame, j’avais dit, dans l’une de nos rencontres, que l’Algérie avait besoin, et en urgence, d’un ministère du Commerce extérieur, avec trois missions bien identifiées, à savoir la promotion des exportations hors hydrocarbures, la régulation des importations et l’attrait des investisseurs étrangers, trois activités stratégiques pour un pays qui veut sortir de la dépendance aux hydrocarbures, mais qui ne sont, malheureusement, pas prises en charge. Comment réussir à développer donc ces trois activités, si vous n’avez pas d’entité bien identifiée, pas de stratégie, vous n’avez pas de vision bien claire, et vous n’avez pas les hommes compétents pour réussir ce triple défis. L’intervention du ministre du Commerce c’est, malheureusement, du déjà-vu, nous sommes encore au stade de constat plus de 50 ans après l’Indépendance. Le commerce extérieur c’est, avant tout, du Business, il faut avoir un esprit Business pour réussir, il faut comprendre que la concurrence est rude dans ce domaine, Si l’on prend l’axe exportation HH, il y a, certes, un certain nombre de mesures de facilitations, mais qui restent difficilement accessibles. La bureaucratisation des procédures et de ses mesures a fini par rendre l’acte d’exporter, si contrariant, que beaucoup d’opérateurs se sont rabattus sur le marché domestique, limitant leur activité à satisfaire la demande intérieure, au même moment, d’autres pays, avec moins de moyens que nous, font de l’export une priorité nationale, mettant tous les moyens humains et matériels pour mieux se positionner à l’international.

-Que faut-il faire alors ?
Nous devons lancer une réflexion sérieuse sur le commerce extérieur en Algérie, faire un état des lieux, faire appel à des compétences nationales (et non pas des charlatans) et pourquoi pas internationales, pour mettre en place une stratégie née d’un effort de consultation et concertation avec les différents ministères, entreprises, associations, bref, des différents acteurs économiques sous la conduite d’une tutelle identifiée, recenser notre offre exportable, la développer, faciliter l’accès aux services et aux marchés en débureaucratisant les mesures de facilitations, améliorer la concertation et la complémentarité entre intervenants à l’exportation et mettre le politique et la diplomatie au service de l’économie.
Un accompagnement stratégique de nos entreprises à l’international est indispensable, lors des différentes étapes, tout en pensant à offrir des services et des outils financiers adaptés. Une réflexion sérieuse doit être faite sur la compétitivité de l’environnement des affaires, en Algérie, pour l’attrait des IDE, sachant que la croissance rapide des économies de l’Asie de l’Est et du Sud-Est a montré l’importance du commerce dans une stratégie de développement. La réussite de la politique de promotion des exportations a, en effet, joué un rôle-clé dans les nouveaux pays industriels, asiatiques, dès les premiers stades de leur développement, grâce à leur ouverture aux IDE, à des degrés divers, contribuant,ainsi, à cette évolution positive. L’Algérie dispose de richesses naturelles importantes, en particulier énergétiques, d’un marché de taille significatif, d’un environnement macroéconomique sain, d’une position géographique enviable et d’une main-d’œuvre abondante (bon marché) pour prétendre à devenir une destination de choix pour les IDE, mais, pour cela, il reste a connaître pourquoi en dehors des hydrocarbures les IDE ne sont pas significatifs dans le reste des secteurs de l’économie? Comme vous le constatez, il y a beaucoup de choses à dire sur le commerce extérieur, ce qui est sûr, c’est que nos modes de fonctionnement habituels sont dépassés, et nous sommes appelés à nous renouveler pour répondre aux exigences actuelles de l’environnement dans lequel nous sommes. Il est temps de passer aux solutions radicales et d’opérer les changements nécessaires pour avancer.
Entretien réalisé par Ines B.

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