En se rendant dans les territoires occupés du Sahara occidental, à Laâyoune, le président du Sénat, Gérard Larcher, n’a fait qu’envenimer la crise avec l’Algérie. Si la précédente visite de sa compatriote ministre de la Culture, Rachida Dati, était la première provocation, Larcher a remué le couteau dans la plaie. Ce faisant, en mettant les pieds dans un territoire occupés par une puissance coloniale, pour un chef d’une institution législative de surcroit, Larcher a foulé au pied toutes les résolutions du Conseil de sécurité y afférentes au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Au mépris des institutions internationales auxquelles la France, ce membre du Conseil de sécurité, a tourné le dos. Larcher vient de consolider le fait accompli du Makhzen au Sahara occidental, un territoire soumis à un processus décolonisation onusien qui reste inachevé. Au lieu de se plier à la force du droit international qui confère au peuple sahraoui le droit d’exercer son autodétermination dans le cadre du référendum, la France de Macron achève ce qui reste de ce même droit international, dont le tombeau se trouve désormais… au Sahara occidental. Première réaction ferme, le Conseil de la nation algérien a décidé, hier, de suspendre, avec effet immédiat, ses relations avec le Sénat français. Dans un communiqué, l’institution dirigée par Salah Goudjil, a qualifié de « dérive d’une extrême gravité » ce qui traduit l’ascension de l’extrême droite. Le Conseil dénonce « un acte inacceptable » qui « méprise la légitimité internationale et s’oppose fermement aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies censés défendre les droits de l’homme et le droit des peuples colonisés à l’autodétermination, plutôt que de tenter de les saper, de les effacer, de les annuler et de les nier. » « Le bureau du Conseil de la Nation, tout en condamnant et en dénonçant vigoureusement cette visite, ses justifications et ses objectifs, et en la rejetant catégoriquement, la considère comme un défi flagrant, un parti pris scandaleux, voire une harmonisation avec les politiques coloniales et les thèses makhzéniennes hostiles à la légitimité internationale et aux chartes des Nations Unies », écrit le sénat algérien. Par conséquent, conclut la chambre haute du Parlement national, « tout en tenant le côté français responsable des conséquences de cette visite irresponsable, provocatrice et ostentatoire, le bureau du Conseil de la Nation, sous la présidence de M. Salah Goudjil, annonce la suspension immédiate de ses relations avec le Sénat de la République française, y compris le protocole de coopération parlementaire signé entre les deux chambres le 8 septembre 2015 ».
Farid Guellil