Selon le Professeur à l’École nationale supérieure agronomique d’El-Harrach, Brahim Mouhouche, l’Algérie compte parmi les pays les plus pauvres en eau. Une situation qui nécessite, a-t-il alerté, de capter toutes les ressources hydriques existantes. Dans ce sens, le specialiste a insisté sur la nécessité de la récupération des eaux de pluies dans les habitations et autres constructions. Il a également appelé à renforcer les capacités de dessalement dans les régions côtières, proposant l’utilisation des énergies renouvelables pour réduire les coûts du dessalement.
D’autre part, l’agronome estime que la politique tarifaire pousse au gaspillage. Il a donc appelé à économiser l’eau à tous les niveaux, affirmant que le gaspillage de l’eau se situe aussi bien « dans les cuisines des ménagères, que dans les secteurs industriel, agricole et même touristique ». Dans ce contexte, il a indiqué que l’agriculture consomme plus de 75% de l’eau disponible, contre seulement 5% pour les ménages. Il a recommandé, à cet effet, de favoriser les cultures qui ne consomment pas beaucoup d’eau et de respecter les itinéraires techniques qui économisent et rentabilisent la ressource hydrique.
Le Professeur a cité l’exemple du blé : « en Algérie, pour produire 1 kg de blé, il faut parfois 3000 litres d’eau, parce que l’itinéraire technique n’est pas respecté ». Il a donc appelé à revoir la consommation par habitant des dérivés des céréales et à augmenter la rentabilité de l’eau utilisée pour les cultures.
L’Algérien consomme moins de 300 m3 d’eau par an
Selon les données dont dispose ce Professeur, le taux national de remplissage des barrages est de 37%, mais la répartition de la ressource diffère selon les régions. « À l’Est du pays, les barrages sont remplis à pratiquement 70%, mais l’Ouest n’est qu’à 21%», relève Brahim Mouhouche qui appelle à mesurer le danger pour les régions qui n’ont pas assez d’eau et à ne pas oublier que l’Algérie a un climat saharien sur la plus grande partie du territoire. Le specialiste explique que sur les 211 milliards de m3 d’eau de pluviométrie qui tombe sur l’Algérie annuellement, il n’y a que 11 à 12 milliards de m3 d’eau renouvelable que l’on peut utiliser aisément, auxquels on peut rajouter les 5 milliards de m3 d’eau non renouvelable du Sud. Rapporté aux quelque 45 millions d’Algériens, cela fait un peu moins de 300 m3 par habitant et par an. Or, la moyenne mondiale est de 6000 m3 par personne, a-t-il relevé.
A. N. ch.