La saison estivale est loin d’être une période de détente et de repos pour un bon nombre d’Algériens. Alors que ces espaces comme les plages et les piscines sont supposés être la destination idéale pour décompresser et oublier un peu les contraintes du travail, il n’en serait malheureusement pas le cas. Et pour cause, la mafia des plages, encore elle, qui persiste comme à chaque année d’imposer son diktat devant l’absence totale des autorités.
Etant déjà affaibli par la flambée des prix des différents produits de large consommation, le budget d’un citoyen à moyen revenu semble ne plus lui permettre de s’offrir au moins une journée à la plage. Avec des prix exorbitants du parking, de la location des parasols et tables qu’ils sont contraints de payer, les Algériens font face à un véritable diktat de la mafia des plages. Et ce qualificatif n’est point exagéré puisqu’il s’agit réellement de réseaux usant de méthodes de harcèlement voire de violences pour imposer leurs services et gare à celui qui ose les défier !
C’est souvent à l’entrée des plages qu’ils s’installent pour ne laisser filer aucun estivant. Formant des groupes, certains se chargent de gérer les espaces de stationnement sensés pourtant être gratuits, en faisant payer aux automobilistes le parking de leur voiture ; tandis que d’autres se chargent d’orienter les vacanciers vers les parasols et les tables qu’ils louent, en les proposant à des prix excessivement chers. Si certains n’ont que le choix de se vider les poches, d’autres personnes par contre ramènent avec elles leur matériel pour finir d’être confrontés à cette mafia qui squatte les meilleures places, voire toute la plage. Une situation qui est souvent à l’origine de bagarres et de scènes de violence.
Rappelons-le, il y a à peine quelques jours, une vidéo a été largement partagée sur les réseaux sociaux où on y voit un groupe de jeunes s’en prendre à un homme d’un certain âge. D’après les témoignages, ce dernier se serait rendu sur la plage de Sidi Fredj, à l’ouest d’Alger, passer la journée avec sa femme. Arrivé sur les lieux, il est accosté par un jeune qui lui demande de payer la location du parasol. Lorsque l’homme refuse d’avoir recours à ses services, le jeune homme revient avec des amis à lui, avec la ferme intention de lui faire payer son refus. Ils étaient cinq, tous munis d’un manche de parasol. Lorsqu’ils arrivent à sa hauteur, ils l’encerclent et commencent à lui donner des coups en présence de sa femme. Si cette scène a été filmée pour le besoin de la reconnaissance des malfrats, ce n’est malheureusement pas le cas pour tant d’autres qui subissent sous silence ce diktat, alors que d’autres ont même laissé la vie. Cela nous rappelle le triste sort du jeune Zoubir Aissa, originaire d’El Oued, tabassé à mort en 2018 par un groupe de « parkingueurs » sur une plage à Béjaia, pour avoir refusé de payer le stationnement. Il faut dire qu’au moment ou la criminalité enregistre une hausse significative, les pouvoirs publics peinent à assurer la gratuité des plages aux estivants. Alors que leur accès est pourtant gratuit, l’absence de contrôle et d’application fermes de la loi fait qu’aujourd’hui l’insécurité et l’anarchie y sont les maîtres des lieux.
Ania Nait Chalal