L’Envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour le Sahara occidental, Joaquim Chissano, a demandé instamment, lors de son passage devant le Conseil de sécurité à New York, que l’Instance onusienne détermine, à brefs délais, une date pour la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
Au cours d’une session du Conseil de sécurité consacrée au Sahara occidental, l’Émissaire de l’UA a demandé aux 15 membres du Conseil de sécurité de fixer une date pour la tenue de ce référendum, en les appelant à assumer leurs responsabilités en cas d’échec du processus onusien de règlement de ce conflit.
La réunion tenue à huis clos a fait salle comble, de nombreux représentants des pays européens, arabes et africains ont assisté au briefing de l’ancien président mozambicain, durant lequel il a plaidé avec ferveur de la décolonisation du Sahara occidental, et pour le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. Chissano a également exigé l’annulation des mesures de rétorsion prises par le Maroc contre la Minurso, en demandant le plein rétablissement des activités de cette Mission onusienne.
En réitérant la position constante de l’Union africaine à l’égard de la décolonisation du Sahara occidental, l’ancien président mozambicain a réaffirmé l’engagement de l’Organisation africaine de continuer à être partie prenante au processus du règlement de la question sahraouie, comme c’est le cas pour les autres conflits du continent inscrits dans l’agenda du Conseil.
L’envoyé de la présidente de la Commission africaine est revenu longuement dans son intervention sur la spoliation des richesses du Sahara occidental par le Maroc, qui continue à conclure des accords illégaux pour l’exploitation de ses ressources naturelles, au mépris du Droit international, et avec la complicité de certaines entreprises étrangères. Chissano a salué à ce titre la décision de la Cour de justice européenne qui a annulé l’accord agricole entre le Maroc et l’Union européenne, dont l’application représentait une violation du Droit international. Cette réunion d’information avec l’Envoyé spécial de l’Union africaine s’est tenue malgré les pressions exercées par la France, qui continue à appuyer le Maroc, l’Égypte qui agit sur instruction de l’Arabie saoudite, ameutée par le souverain marocain et le Sénégal acquis aux thèses marocaines pour empêcher Chissano de faire son exposé au Conseil de sécurité. Ces trois pays avaient déjà réussi à saborder l’année dernière la rencontre de Chissano avec les membres du Conseil de sécurité. La réunion a été tenue à la demande du Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour examiner le statu quo qui prévaut actuellement au Sahara occidental, selon la note de l’Angola, membre du Conseil de sécurité qui a travaillé pour assurer une réponse positive à cette demande. L’intervention de l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano, ardent défenseur de la cause nationale sahraouie est intervenu alors que les États-Unis ont soumis au Conseil, selon des sources diplomatiques à New York, un avant-projet de résolution exigeant notamment le retour de la composante civile de la Minurso, avec le maintien de son mandat, la prorogation de deux mois du Mandat de la Minurso et la reprise dans cet intervalle des négociations entre le Front Polisario et le Maroc pour sortir du statu quo. D’intenses discussions sont en cours pour finaliser le projet de résolution qui sera adopté, ce jeudi soir, par le Conseil de sécurité.
Mokhtar Bendib