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Sabah Es-Saghira : la Diva de la chanson oranaise

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Sabah Es-Saghira est née le 11 août 1952 à Oran et plus exactement au quartier de Gambetta. Son vrai nom est Fatima Bentabet. Elle est l’aînée d’une famille qui compte deux garçons et trois filles.

En 1967, alors qu’elle n’avait que 14 ans et demi, son cousin Touati Khaldi, le frère du Maître du melhoun Cheikh Abdelkader Khaldi (1896-1964), la présente à El-oustad Blaoui Houari. Ce dernier demanda à la jeune fille Fatima de chanter une chanson et elle entonna avec talent et brio « El Ghawi » de la chanteuse libanaise Sabah, d’où le pseudonyme Sabah Es-Saghira qu’elle gardera toujours pour sa carrière artistique et qui se confond actuellement avec son nom, car tous ceux qui la connaissent à Alger où elle vit actuellement ou à Oran, où vivent toujours ses parents, l’appellent désormais Sabah ou Sabah Es-saghira. Blaoui Houari fut tellement surpris et impressionné par l’exécution sans faute de Fatima de la chanson « El Ghawi » qu’il l’invita pour le 8 mars 1967 à un gala qui était consacré à la Journée de la femme et qui a eu lieu au TRO. Elle chanta dans ce gala la chanson « Mana illa bachar » de Abdelwahab Doukali mais telle que chantée par la chanteuse libanaise Sabah, la jeune Fatima eut un immense succès avec le public qui voyait déjà en cette jeune fille une future grande chanteuse. En 1969, le compositeur Hachemi Hafiane la recommande à Lamine Bechichi et Omar Bernaoui de la RTA qui après un essai l’acceptèrent dans le chorale de la RTA. Elle fera partie de cette chorale une année seulement car elle voulait chanter en solo. De retour à Oran, elle s’inscrit au conservatoire où elle fait du solfège (1970-1972). Malade depuis plusieurs années d’un cancer du sein, la chanteuse Sabah Saghira est décédée le 20 mai 2005 à Oran, loin des projecteurs et dans un certain dénuement. Ses rêves d’étoile de la chanson se sont consumés dans le tumulte de la dernière décennie. Cette fan de la Libanaise Sabah, dont elle tient son nom de scène et dont elle entonnera El-Ghaoui lors se première sortie publique à quinze ans, se fera remarquer la même année avec une reprise du Marocain Abdelwahab Doukkali. Encouragée par Ahmed Wahbi et Blaoui el-Houari, Sabah Saghira s’illustrera en particulier avec El-Khomri écrite par El-Hadj Saïm, un grand succès qui va consacrer sa voix et sa frimousse auprès du public. Benthabet Fatima venait tout juste de quitter le monde de l´enfance quand elle fut remarquée par feu Ahmed Wahbi, qui devint pour de longues années son mentor. Le maître de la chanson oranaise, subjugué par le timbre de la voix de la jeune Fatima, lui donna le nom de Sabah Saghira, une façon pour lui de prédire à la jeune chanteuse le même itinéraire que celui de la diva libanaise. Ses premiers pas dans la chanson, elle les fit sous la direction de Wahbi, de feu Saïm El Hadj et de Hadj Maghni qui avait couvé lui aussi des voix prometteuses de la chanson oranaise comme Souad Bouali. Sabah Saghira, gagnera ses lettres de noblesse avec la chanson El Khoumri, un hymne à la beauté du beau brun algérien et une invite adressée aux jeunes hypnotisés par le chant des sirènes d´un étranger trompeur. Les paroles qui constituaient un aveu lancé par une jeune femme à l´adresse de sa mère. Un aveu dans lequel elle reconnaissait qu´elle ne concevait sa vie qu´avec El Khoumri ; chanté par Sabah Saghira avec sa voix suave, l´hymne ne pouvait qu´accrocher. Ayant foulé dans sa tendre enfance les planches du théâtre, Sabah fut sollicitée par Oukaci pour camper le rôle d´une jeune chanteuse débutante tombée dans les griffes d´un producteur roublard qui abusera d´elle. Le producteur, Sid Ali Kouiret, terminera le film, poignardé avec une paire de ciseaux par l´innocente chanteuse. C´était en 1975 et le film projeté par l´ENTV avait connu un franc succès. Mue d´une énergie débordante, Sabah Saghira ne tenait jamais en place. Elle a fait plusieurs fois le tour d´Algérie. Elle avait chanté pour les travailleurs des bases pétrolières du Sud. Elle avait bercé les enfants des écoles de villages socialistes. Elle s´était produite devant les appelés des casernes. Elle a chanté à l´étranger. Elle ne tenait jamais en place. Ces dernières années, terrassée par la maladie, elle a perdu de sa verve pour se retrouver clouée dans des lits d´hôpitaux. Elle a souffert en silence, seule, jusqu´à ce que l’ex-ministre de la Culture lui délivre une prise en charge pour des soins appropriés. Malheureusement, le mal avait eu raison de son corps frêle. A des proches, elle avait confié qu´elle voulait vivre pour réaliser un vœu, celui de se rendre aux Lieux Saints de l´Islam. Hier, elle s´est éteinte, laissant la scène oranaise à la recherche d´une voix qui pourrait reprendre le refrain interrompu de Ya el khoumri ya ma. Elle se distinguera ensuite par son interprétation, le 8 mars 1967, du célèbre tube Ana ila bachar de Abdelwahab Doukali. Omar El Bernaoui, l’auteur de Rihlet el hob, lui écrira la célèbre chanson Ya omri. El Hachemi Hafiène, musicien et compositeur, l’initiera aux rudiments du solfège. Sabah élargit peu à peu son auditoire et son répertoire, mais aussi ses prétentions. Au début des années 1970, elle intègre le collectif du Théâtre régional d’Oran et la pièce théâtrale Eddi oualla khelli de Hadjouti Boualem. Adar Mohamed, un autre homme de théâtre, lui propose un rôle dans ce qui était son premier essai d’écriture théâtral El amkhakh. Abdelmalek Bouguermouh l’intègre dans sa pièce El maghrour montée pour la première fois par le Théâtre régional d’Annaba. Sabah Saghira, après quelques représentations, quitte le théâtre et façonne, petit à petit, son propre style et entame une expérience cinématographique. Dans le film Le silence des cendres, Youcef Sahraoui lui propose le rôle d’une jeune fille amoureuse d’un moudjahid. Mohamed Ifticen, à son tour, s’intéresse à elle et lui propose de jouer au côté de Sid-Ali Kouiret dans son film « Les marchands de rêve ». Puis Djamel Fezzaz lui propose un autre rôle dans El massir. Ensuite, Mustapha Badie l’intègre également dans ses productions. Ceci dit, malgré ses multiples apparitions au théâtre et ses rôles cinématographiques, Sabah Saghira n’oublie pas qu’elle est avant tout une voix. El Khomri, une chanson culte, écrite par Saïm El Hadj et composée par Karim El Houari, consacrera définitivement son statut de diva de la chanson oranaise.

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