Après un silence qui a duré plus d’une vingtaine de jours, l’homme fort du FLN est sorti du bois hier pour balancer quelques messages politiques notamment en ce qui concerne l’état de santé du président de la République. Le choix de l’homme et du «timing» est, faut-il le dire, loin d’être le fruit du hasard. L’ancien président de la chambre basse du Parlement, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse animée hier à Zéralda en marge d’une rencontre organisée avec les jeunes de l’ex-parti unique, a lâché une phrase lourde de sens: «La santé du Président s’améliore chaque jour. Une fois réélu, il assumera pleinement ses prérogatives constitutionnelles». Décodage : L’amélioration de l’état de santé de Bouteflika est une question de temps et ce dernier est loin d’être affaibli par la maladie. Bien au contraire, selon les dires de Saâdani, le chef de l’État reprendra progressivement les choses en main. Le successeur de Belkhadem, qui fait partie du «comité des sages» installé dernièrement pour mener campagne au profit du Président «sortant», se projette, circonstance oblige, dans l’après-17 avril 2014 en remettant au goût du jour la question inhérente à la révision de la Constitution. Le patron de l’ex-parti unique veut-il rassurer que Bouteflika ne sera pas seul puisqu’il sera éventuellement «épaulé» par un vice-président ? Pas de réponse claire, mais l’orateur se dit convaincu que le projet qui prévoit l’instauration dudit poste sera examiné après les prochaines joutes électorales. Sa confirmation se veut également une réponse à certains chefs de partis politiques qui avaient affirmé, en s’appuyant sur des échos qui leurs parvenaient d’«en haut», que cette révision aurait été renvoyée aux calendes grecques. Les précisions du SG du Front de libération nationale concernant la santé du candidat du parti au prochain scrutin se veulent, peut-être, aussi, une réponse aux « mauvaises langues » qui parlent d’un déplacement d’une équipe médicale de l’hôpital du Val-De-Grâce (Paris) à Alger pour prendre en charge ce dernier chez lui. Le patron de l’ex-parti unique a, par la suite, vidé son «chargeur» sur l’opposition et ceux qui ne veulent pas d’un quatrième mandat. Au premier groupe, il explique que «on ne peut pas prétendre boycotter un scrutin tout en programmant des activités durant la campagne électorale. Dans une élection soit on participe, soit on participe pas», en ajoutant que la «voix du peuple» représentée par le FLN doit être respectée. Quant au deuxième groupe, le successeur de Belkhadem va jusqu’à ridiculiser le mouvement «Barakat» qui s’oppose à un 4éme mandat du Président «sortant». «Mais de quelle rue vous parlez ? Le peuple ce sont ces jeunes qui ont assisté à la conférence d’aujourd’hui», a-t-il asséné. Le candidat malheureux à la présidentielle de 2004, Ali Benflis n’a pas été épargné par un Saâdani qui donnait tout l’air d’être révolté par les déclarations faites par ce dernier concernant la fraude et l’authenticité des paraphes récoltés par l’ex-parti unique. «C’est le Conseil constitutionnel qui doit statuer sur l’authenticité de ces signatures et non pas les candidats», a-t-il dit comme pour clouer le bec à l’ex-chef de gouvernement. Le même orateur a enfoncé davantage le clou en précisant qu’«au FLN, nous pouvions réunir plus de 4 millions de signatures». Il dément même, indirectement, les informations faisant état de la création d’un «comité des sages», en faisant remarquer que chaque parti y compris le Front de libération nationale mènera sa propre campagne pour le candidat Bouteflika. Pour rappel, le Premier ministre avait lui aussi affirmé dernièrement lors de l’ouverture des travaux de la session de printemps du Parlement que la santé du chef de l’État était «normale» et que celui-ci se «portait bien».
Soufiane Dadi