Fait significatif de l’évolution du monde vers la multipolarité : le 19ème sommet des dirigeants du G20 se tient à Rio de Janeiro dans un pays, le Brésil, qui est membre fondateur du Groupe des BRICS.
Autre fait révélateur des transformations intervenues ces dernières années dans les relations internationales : l’Union africaine (UA), représentative du Sud global, participe pour la première fois à une réunion du G20 dont elle est devenue membre permanent lors du sommet tenu en Inde en septembre 2023. Le thème, « Construire un monde juste et une planète durable », choisi par le G20 pour sa réunion des 18 et 19 novembre, à Rio de Janeiro, se veut pertinent dans un contexte de violations du droit humanitaire par l’entité sioniste qui est sourde aux appels de la communauté internationale et poursuit impunément son agression contre la population palestinienne à Ghaza et en Cisjordanie, étendue au Liban. Hier, un bombardement sioniste contre un bâtiment du projet Beit Lahia, dans le nord de la bande de Ghaza a fait des dizaines de martyrs et de blessés, à un moment où l’armée d’occupation intensifie son agression au centre et au sud de la bande. Dans le sud de la bande de Ghaza, 4 Palestiniens, dont deux enfants, ont été tués et d’autres blessés à la suite d’un bombardement sioniste visant une tente abritant des personnes déplacées à l’ouest de la ville de Khan Younès. En outre, la défense civile de la bande de Ghaza a indiqué que 85 personnes ont été tuées, 301 blessées et 20 membres de la défense civile ont été arrêtés depuis le début de la guerre dans la bande de Ghaza. Au Liban, hier, deux personnes ont été tuées dans un raid de l’armée sioniste qui a visé le bâtiment de la compagnie des eaux dans la ville de Tyr, au sud du pays. En mai dernier, le Brésil a rappelé son ambassadeur dans l’entité sioniste, en signe de protestation contre les crimes commis contre les Palestiniens. Le Brésil, ainsi que d’autres pays sud-américains, ont reconnu l’État de Palestine. Samedi, une marche de soutien aux Palestiniens a rassemblé plusieurs centaines de personnes sous la pluie le long de la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro. Certains manifestants portaient des keffiehs et brandissaient des drapeaux palestiniens. Une grande banderole appelait le Brésil à rompre ses relations avec l’entité sioniste, d’autres pancartes demandaient aux alliés de l’entité sioniste de cesser de financer ses agressions militaires à Ghaza et au Liban. Les pays membres du G20 sont divisés sur toutes les questions majeures qui dominent l’actualité, particulièrement l’agression de l’armée sioniste contre les Palestiniens, ses bombardements contre le Liban, ses attaques contre le Yémen, la Syrie, l’Iran. Les États-Unis et d’autres pays occidentaux soutiennent et arment l’agression génocidaire contre Ghaza ainsi que ses attaques aériennes contre le Liban et d’autres pays de la région ; les mêmes pays arment également l’Ukraine pour faire perdurer la guerre avec la Russie. Le G20 comprend aussi des pays qui condamnent l’agression sioniste et soutiennent la lutte du peuple palestinien et qui, sur le dossier de l’Ukraine, appellent à une solution politique. Sur le climat, l’hypocrisie qui domine- fossé entre les paroles et les actes- enlève toute crédibilité au débat au sein du G20.
L’apport quasi nul du G20 à la lutte contre la pauvreté a motivé l’action de militants qui ont placé sur le sable de la plage de Copacabana des rangées d’assiettes marquées d’une croix rouge: 733 au total pour les 733 millions de personnes qui, d’après l’ONU, ont souffert de la faim l’an dernier. Une économie mondiale morose, des crises aggravées en matière de sécurité alimentaire et énergétique, des conflits géopolitiques fréquents et un grave déficit de gouvernance mondiale, dans l’attente du retour de Donald Trump à la tête des États-Unis, c’est ainsi que des spécialistes ont décrit le cadre global dans lequel s’inscrit la réunion du G20.
M’hamed Rebah