L’Algérie est exposée à plusieurs risques majeurs entre catastrophes naturelles et risques environnementaux et climatiques dont les inondations, les séismes, les risques de marées noires sur les 1200 km de côte, les feux de forêt outre les risques dits émergents, comme les risques cybernétiques, spatiaux, acridiens et biotechnologiques entre autres. Pour y faire face les autorités ont mis en place un nouveau dispositif juridique de lutte et de prévention.
Lors d’une séance plénière à l’APN le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a présenté un projet de loi fixant les règles de prévention, d’intervention et de réduction des risques de catastrophes dans le cadre du développement durable. Ce texte de loi est issu du 33e engagement du président Tebboune dans lequel il a souligné la nécessité d’œuvrer à assurer un cadre de vie de qualité qui requiert le développement durable, la préservation de l’environnement et la protection des richesses que recèle notre pays, rappelle le ministre. Le texte vise à renforcer le cadre juridique pour relever les nouveaux défis, ajoute-t-il.
Plus explicite, le premier responsable du département de l’Intérieur, a affirmé que « l’Algérie, de par sa position géographique et au vu des phénomènes naturels qu’elle enregistre, est exposée à un nombre de risques majeurs nécessitant une gestion appropriée. Il a cité en exemple les incendies et les inondations qui ont causé des pertes humaines et des dégâts matériels, et où l’Algérie fut amenée à dépenser pas moins de 35 milliards de dinars par an au titre de l’intervention post catastrophe.
« il y a une faiblesse du cadre juridique relatif à la gestion des risques majeurs, notamment en matière de prévention et de prévision des risques, sachant que la loi n 4-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs connaît plusieurs insuffisances en raison notamment de l’absence d’objectifs précis pour réduire les effets des risques majeurs, d’un calendrier d’exécution et de mécanismes de mise en œuvre outre le fait de ne pas définir les responsabilités de chaque secteur et les modes de financement », a souligné le ministre Merad.
Les risques technologiques et cybernétiques concernés
Il a également évoqué « l’apparition de nouveaux risques, notamment climatiques, technologiques, et cybernétiques, en plus de son incompatibilité avec certains accords internationaux auxquels l’Algérie a adhéré, dont l’Accord de Paris sur le climat et le Cadre de Sendai », estimant que « pour cette raison, il était nécessaire de renforcer la base juridique et institutionnelle, et d’accélérer l’élaboration des textes d’application des lois en vigueur, en fonction de nos caractéristiques nationales et de manière à permettre de lever tous les obstacles et de définir les responsabilités ».
S’agissant du nouveau texte, le ministre a fait savoir qu’il est composé de 9 chapitres comprenant 92 articles, dont 24 nouveaux articles et 66 autres reformulés ». Le projet de loi a pour objectif, ajoute le ministre, à remédier aux insuffisances enregistrées dans la loi en vigueur à travers « la définition des objectifs stratégiques et l’appréhension des risques, le respect de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai, l’introduction de nouveaux risques, notamment ceux liés au changement climatique outre les risques cybernétiques et biotechnologiques, portant ainsi le nombre de risques, a-t-il précisé, de 10 dans la loi en vigueur à 18 dans le nouveau projet de loi ».
Le même projet vise également à « définir les moyens de financement, investir davantage dans la prévention et la prévision, améliorer la gouvernance à travers la répartition et la définition claire des responsabilités et des tâches, ainsi que la coordination entre les secteurs, activer la participation de la société civile, consacrer le concept de prévention, d’intervention et renforcer la capacité de résilience au lieu du concept de gestion des catastrophes.
Le ministre a cité d’autres objectifs dont notamment « l’introduction d’une phase finale consacrée au rétablissement post catastrophe, la réhabilitation et la reconstruction, le durcissement des dispositions pénales en garantissant les mécanismes, les conditions et les règles relatives à la reconstruction et à l’exploitation des terres selon des normes plus sécurisées, une meilleure préparation à la gestion des évènements en utilisant la technologie et la numérisation, la sensibilisation de la société à la gestion des catastrophes, la réplique aux situations d’urgence et la révision du système d’assurance contre les catastrophes. Sur ce point, il faut rappeler que les Experts et les spécialistes insistent la nécessité d’intégrer les données géologiques et géophysiques dans l’évaluation des risques sismiques, l’actualisation des données, le développement d’un système d’alerte sismique pour réduire les risques de ce type de catastrophes, l’importance des recherches scientifiques conduites par les experts, la nécessité de la création d’une plateforme nationale, le traitement et l’organisation des données géotechniques à travers l’ensemble du territoire national (secteurs public ou privé), l’exploitation optimale des technologie de la communication, le respect des normes de construction, et la coopération et échanges de données entre autres.
10 décrets d’application finalisés
Merad a souligné qu’outre les institutions qui interviennent dans la gestion du système national de gestion des catastrophes, la Délégation nationale aux risques majeurs, placée sous la tutelle du ministre de l’Intérieur, a été maintenue dans le texte de loi, pour l’évaluation et la coordination du travail ». Il a également fait observer au terme de son exposé, que le projet de loi « comporte 11 renvois à des décrets d’application, dont 10 ont été finalisés. »
Dans un classement réalisé en 2022 par l’Indice d’exposition des pays aux risques de catastrophes naturelles et aux changements climatiques à l’échelle mondiale, l’Algérie est classée 11e parmi les pays arabes exposés aux différentes catastrophes naturelles et les changements climatiques. C’est la Somalie qui vient en tête de ce classement des pays arabes. Mondialement, cette place revient aux Philippines.
L’indice de calcul des dangers des catastrophes naturelles et des changements climatiques reposent sur le niveau d’exposition et la vulnérabilité des pays à faire face à ces catastrophes et au dérèglement climatique. Le premier indice renvoie au degré d’exposition aux catastrophes naturelles en général, incluant les tremblements de terre, les Tsunamis, la sècheresse, les inondations, les fortes tempêtes et la montée de l’eau de mer. Le second fait référence à la spécificité des infrastructures propres à chaque pays, et les spécificités sociétales qui pourraient accentuer la souffrance de la population si jamais secouée par un de ces fléaux naturels. Il est également question des capacités d’interventions et les décisions qui pourraient être prises pour faire face à ces évènements naturels. Au cours des dernières années outre les pertes humaines et matérielles induites par les incendies et les inondations. L’Algérie a été amenée à dépenser pas moins de 35 milliards de dinars par an au titre de l’intervention post catastrophe.
Brahim O.