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Retailleau au cœur de la Guerre d’Algérie

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Le doute n’est plus permis. Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français, poursuit toujours, 63 ans après, sa « guerre d’Algérie ». Il vient d’être pris « la main dans le sac de l’histoire » en tentant de faire revivre les camps d’internements de l’armée coloniale en Algérie durant la guerre d’Indépendance. Même si ces camps ont été créés en France lors de la Première Guerre mondiale et utilisés à différentes périodes, Retailleau les a réactualisés. C’est à peine si leur désignation a changé au fil des époques. En Algérie, entre 1954 et 1962, plusieurs camps d’internement administratifs avaient été ouverts par le pouvoir colonial. On les appelait « centres d’hébergement » ou « centres de regroupements » ou encore « camps d’internements », etc. Peu importe c’était toujours des structures extra-judiciaires. On y enfermait des algériens, sans aucun procès. Au faciès. Les plus célèbres de ces centres furent le « camp de Paul Gazelles » dans la wilaya de Aïn Oussera, le « camp de bossuet » dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, le « camp de Téféschoun » dans la wilaya de Tipaza, le « camp de Berrouaghia » dans la wilaya de Médéa, etc. Autre forme de camps : dans les maquis, l’armée coloniale avait ouvert des « camps de regroupements » pour y confiner des populations entières après avoir incendié leurs villages. Ceci afin de priver les moudjahiddine des renseignements, du gite et du couvert, etc. Pour plus de détails, lire le livre poignant « souvenirs d’un village martyr » de Chérif Chikhi paru aux éditions Dahlab. C’est sur ces atrocités, sur ces modèles que furent créés les « centres de rétention administrative » (CRA) qui échappent totalement au contrôle de la justice. Ils sont actuellement 25 répartis sur le territoire français. Près de 50.000 personnes y sont abusivement enfermées sur simple décision du préfet qui relève du ministère de l’intérieur. Retailleau prétend que ce sont des « gens dangereux ». Sur quels critères ? Aucun ! Une appréciation. Une seule. La sienne. Ministre de l’Intérieur qu’il est. Ces CRA si chers à Retailleau et dont il vient de tenter d’allonger, à 7 mois, l’enfermement de ces personnes, généralement visées par des OQTF (obligation de quitter le territoire français). Il a réussi à insérer, pour cela, son article de prolongation dans la loi sur l’immigration approuvée par les deux chambres du Parlement français.  Saisi, le conseil constitutionnel a rejeté l’article en question. Un véritable camouflet pour Retailleau et son parti. Humilié, le ministre de l’Intérieur français, s’est juré de ne pas lâcher prise. Il a promis de présenter un nouveau texte sous une forme modifiée. Avec ses excès racistes, Retailleau espère ainsi voler des voix à Marine Le Pen, Jordan Bardella, Eric Zemmour, Eric Ciotti et toute la « crème » des racistes qui sont en embuscade dans la sphère politique française. Il va jusqu’à tenter de créer les conditions d’une élection anticipée. Et si l’Algérie qui a fait tomber la 4ème république française, récidive avec la 5ème ?  

Zouhir Mebarki

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