Dans un entretien accordé vendredi à la chaîne de télévision saoudienne, «Asharq», le premier ministre marocain Saâd Eddine El Otmani, a indiqué que le Maroc est disposé à rouvrir, sans conditions, ses frontières terrestres avec l’Algérie si elle montre sa disponibilité pour ce faire ».
Ses propos pourraient pousser au fou rire tant ils cachent mal la volonté de nuisance que leur auteur a tenté de dissimuler. Il faut rappeler dans ce contexte que la fermeture des frontières terrestres avec le Maroc, en 1994, a été prise par l’Algérie dans le cadre d’une mesure de réciprocité après les attentats de Casablanca qui avaient suscité une réaction gauche des autorités marocaines qui n’avaient pas attendu les conclusions d’une enquête qu’ils avaient ordonnée pour désigner les services algériens. Mais cette mesure et si elle a impacté négativement les régions des frontières Est du Maroc, qui recevaient des contingents de touristes algériens, n’avaient pas pour autant réduit la nuisance des réseaux de contrebande et de narcotrafic. Occupée par une guerre sans merci contre le terrorisme islamiste, l’Algérie était devenue, grâce aux manipulations du Makhzen et la complicité de barons de la drogue dans le pays, une véritable plaque tournante de tous les trafics. Il faut rappeler dans ce cadre, que durant la dernière décennie du siècle dernier, les saisies de drogue en Algérie constituaient des quantités industrielles ce qui renseigne sur le complot que nourrissait le Makhzen à l’égard de notre pays. Le Maroc, premier producteur mondial de cannabis selon un rapport de l’office onusien de lutte contre la drogue consacre près de 57 000 hectares à la culture de cet opiacé. Certes le rapport indique que les autorités marocaines, grâce à des cultures de substitution dans la région du Rif et de Ketama, ont pu réduire cette superficie qui était en 2003 de 134 000 hectares. Mais cela n’a pas pour autant réduit le flot de drogue expédié vers l’Algérie.
La tranchée des frontières mal vue par le Makhzen
La décision de l’Algérie de creuser une tranchée pour sécuriser ses frontières avec le Maroc a été le signal pour le Makhzen, pour déverser son fiel sur l’Algérie et son armée. Il faut rappeler dans ce contexte que cette mesure, ajoutée au tour de vis opéré dans la lutte contre le narcotrafic en Algérie a poussé le Makhzen et ses relais a tenté de trouver des voies et des supports pour acheminer sa production de drogue vers le marché européen. Les officines américano-sionistes qui lui apportent leur concours dans son œuvre de déstabilisation de l’Algérie lui ont susurré de faire une jonction avec les réseaux mafieux turcs et d’Europe de l’Est. Il faut rappeler dans ce cadre qu’au mois de mai 2018, la marine française avait arraisonné, au large de l’Algérie, dans la zone de navigation internationale, un bateau marocain chargé de près de 8 tonnes de résine de cannabis. L’enquête avait permis d’établir que cette drogue transitait par le passé par l’Algérie, devenue aujourd’hui infranchissable après la réalisation de la tranchée au niveau de ses frontières Ouest. La proposition marocaine de réouverture des frontières est finalement un grand coup de bluff du Makhzen qui n’a jamais pardonné à notre pays la fermeture hermétique de ses frontières Ouest. Il cultive une haine viscérale à l’égard de L’ANP et de son commandement qui a pris, depuis 2016, des mesures pour s’impliquer encore plus dans la lutte contre toutes les formes de trafic transfrontalier. Les communiqués de L’ANP faisant état de saisie, par ses unités, de quantités de drogue en provenance du Maroc, sont une preuve de la duplicité des marocains qui, affirment espérer l’ouverture des frontières terrestres sans condition mais qui font tout pour noyer de drogue l’Algérie et la déstabiliser. Aujourd’hui, le Maroc qui a introduit une nouvelle menace dans la région par la normalisation de ses relations avec Israël, et la violation du cessez-le feu dans les territoires occupés du Sahara occidental, porte l’entière responsabilité de ce qu’il adviendrait de l’avenir des deux peuples frères. Ses victoires à la Pyrrhus sur le plan diplomatique dans le dossier du Sahara occidental par la violation de la légalité internationale, le soutien par la France de ses thèses au niveau du Conseil de sécurité et les pétrodollars de certaines monarchies du Golfe pour supporter l’effort de guerre contre le Front Polsario et l’appui technique, aujourd’hui déclaré au grand jour d’Israël et son principal allié les USA, font peser une grande menace sur la région du Maghreb et notamment sur notre pays cerné par des zones de conflits. Sa volonté de se montrer comme le « bon », face à la « brute » Algérie, est en réalité une grosse couleuvre que personne n’est prêt à avaler.
Slimane Ben