Évoqué récemment avec insistance, le report des élections présidentielles n’est pas à l’ordre du jour de la rencontre des partis de l’Alliance présidentielle qui se déroulera aujourd’hui au Palais du gouvernement. Cependant, cette rencontre, très attendue au sommet, entre FLN, RND, TAJ, MPA, sera un rendez-vous «pour discuter» et «non pas pour décider», car «nous avons tracé le cap, que nous maintenons. Nous sommes pour la continuité», croit savoir Seddik Chihab, porte-parole du RND. Le dirigeant de la formation politique du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’a confié, hier au quotidien El Watan : «Nous sommes pour la continuité, pour l’instant et jusqu’à aujourd’hui, rien n’a changé. Demander le report sous-entend qu’il existe une situation exceptionnelle, or ce n’est pas le cas. Les règles pour le report d’une élection sont connues et sont même actées et notre pays ne vit pas une crise politique, alors je ne vois pas pourquoi l’on parle de report». Selon Chihab, l’idée d’un report risque de mettre en péril la stabilité électorale et les institutions. Pour le moment, «nous ne voyons pas d’éléments qui imposeraient le report. Nous sommes tenus par des échéances, et ce qui fait le sérieux de l’Algérie est qu’elle a toujours respecté ses échéances et c’est en respectant ces échéances qu’on arrive à construire des institutions pérennes», a-t-il poursuivi. Mise en avant depuis le départ de Djamel Ould Abbès, SG du FLN, mais sans être affirmée officiellement, l’idée d’un «report des présidentielles» s’est posée par des observateurs, partant du fait de l’absence du mot «cinquième mandat», de rhétorique dans les discours des chefs de partis de l’Allégeance du Président serait comme un «signe de changement de situation». En coulisses ou en public, de nombreuses figures politiques se sont posées comme «alternatives», dont notamment Abderrezak Makri, président du MSP. Arborant, dans un premier temps, l’initiative de «consensus national», projet politique donné pour mort y compris même dans son fief islamiste, Makri s’est cherché une autre porte d’entrée, en défendant le choix d’un «consensus entre partis du pouvoir et ceux de l’opposition qui se ferait même en l’absence du Président». «Nous n’avons pas adhéré à l’initiative présentée par cette formation politique [le MSP], et son initiative ne sera pas à l’ordre du jour de nos rencontres au sein de l’Alliance», a tranché Chihab Seddik du RND. En revanche, la nouvelle initiative d’Amar Ghoul, président de TAJ, portant sur une Conférence nationale mise sous le parrainage du président Bouteflika sera peut-être dévoilée et discutée lors de la réunion de l’Alliance d’aujourd’hui. «Le président de TAJ a exprimé l’idée d’une tenue d’une conférence nationale sous le haut patronage du président de la République. À priori, cela va dans le sens de ce que le président de la République a toujours voulu faire comprendre aux Algériens : la nécessité de construire un front interne, le plus large possible, unifié autour d’objectifs qu’il a toujours prônés, à savoir la construction d’une société solidaire et cohérente et une démocratie apaisée», a expliqué Chihab Seddik. À un mois de la convocation du corps électoral, cette mise au point du RND va-t-elle recentrer le débat sur un cinquième mandat pour Bouteflika ? Les responsables des partis au pouvoir brillent toujours par leur silence sur cette question. L’éditorial du journal gouvernemental El Moudjahid, paru jeudi, a exclu, l’éventualité de «report du scrutin présidentiel», assurant que «l’élection présidentielle aura lieu, comme convenu, au mois d’avril prochain». «Le respect des échéances électorales fait partie du socle de nos valeurs démocratiques, et constitue, pour chacun et pour tous, une grande visibilité politique», a noté l’éditorial de l’organe gouvernemental.
H. M.