Accueil ACTUALITÉ Remaniement du gouvernement : entre satisfécit du FLN et scepticisme de l’opposition

Remaniement du gouvernement : entre satisfécit du FLN et scepticisme de l’opposition

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Le remaniement partiel du gouvernement d’Abdelmalek Sellal, opéré, avant-hier, par le président de la République, fait jubiler le FLN à plus d’un titre et le grand bonheur sera surtout pour son secrétaire général, Amar Saâdani. à contrario, l’opposition se cantonne sur ses positions initiales et estime que ce relookage est tout sauf une solution à la crise.

En effet, il semblerait que les accusations portées par Saâdani, en fin mars dernier, de surcroit sur les ondes de la Radio nationale Chaîne I, à l’encontre notamment d’au moins 3 des ministres évincés de l’Exécutif national, auraient convaincu la haute sphère décisionnelle du pouvoir pour justifier la mise à l’écart d’Abderrahman-Benkhalfa, ministre des Finances, de Sid Ahmed Ferroukhi, à la tête du ministère de l’Agriculture et d’Amar Ghoul, l’éternel ministre ayant occupé plusieurs portefeuilles dans le gouvernement depuis 1999. Un autre exemple en matière des prophéties énoncées par le chef du FLN, celui du limogeage de Mohamed Laksaci à la tête de la Banque d’Algérie, en fin mai dernier. En effet, quelques jours auparavant, Saâdani l’a cloué au pilori avant que ses députés à l’Assemblée nationale ne reviennent peu après à la charge, pour inviter l’ex-argentier à démissionner de son poste.
C’est devenu presque une certitude, lorsque le patron de l’ex-parti unique annonce quelque chose ou s’exprime sur une question qui engage l’État, assez souvent des effets immédiats s’ensuivirent. C’est aussi le cas pour le désormais ex-ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, qui a payé les frais de son opposition à la direction politique du parti, tant et si bien qu’il a désavoué son chef. D’ailleurs, réagissant sur le sujet hier, et précisément sur ces personnalités politiques, le FLN a assuré que «des ministres ont quitté le gouvernement suite aux attaques d’Amar Saâdani qui a qualifié ces responsables en mars dernier de catastrophe», apprend-t-on de ce parti. Et de rappeler à ce titre que le mentor du FLN s’est interrogé alors «que fait le ministère des Finances ?», et d’accuser que ce département publie annuellement le même rapport «caduc», estimant tout aussi que le secteur agricole fonctionne «selon les lois de révolution agraire». Ainsi, le parti s’est réjoui de voir un de ses cadres, Chelgham Abdesslam, notamment, et la députée Eddalia Ghania, respectivement à la tête des ministères de l’Agriculture et des Relations avec le Parlement. Ce n’est point le même son de cloche que l’on entend chez les partis de l’opposition. C’est le cas du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), qui estime que « Sellal a vu son gouvernement remanié 5 fois, soit un remaniement par moins d’une année. Une véritable performance dans un pays qui poursuit inexorablement sa décadence institutionnelle», a réagi promptement le porte-parole du parti, Atmane Mazouz, à la question du remaniement ministériel de samedi dernier.
Le même cadre de la formation politique dirigée par Mohcine Belabbas, a déploré la nomination de Boualem Bessaieh comme ministre d’État, conseiller spécial auprès du président de la République, en dépit de son âge très avancé. Pour leur part, les partis d’obédience islamiste pensent que ce changement opéré au sein de la composante du gouvernement Sellal n’est pas à même de répondre aux aspirations du peuple et «des vraies questions» qui se posent à la Nation. «Ce remaniement est une perte de temps. Parce que le problème ne se pose pas au niveau de départements ministériels qui n’ont pas donné de bons résultats. Or, c’est tout le système du pouvoir qui a échoué», pense à ce titre Abderrezak Mokri, président du MSP (Mouvement pour la société et la paix). Le chef de ce parti rangé du côté de l’opposition estime que le pouvoir «a tort» en pensant que le problème réside au niveau des méthodes, des programmes ou de la ressource humaine. Pour le même responsable politique, le problème sérieux de l’Algérie se pose au niveau de «la bonne gouvernance», a-t-il interpellé dans un long message rendu public hier dimanche. Pour Mokri, la sortie de crise ne peut pas s’inscrire en dehors des propositions prônées par la CNLTD (Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique). Et de rappeler que les acteurs de cette initiative qui préconise la transition politique à même de dépasser «la crise profonde» que traverse le pays. Réagissant dans le même contexte, hier dimanche, le mouvement Ennahda que dirige Mohamed Douibi, estime que le remaniement est intervenu dans une «conjoncture politique, financière et sociale complexe et dégradée», pouvait-on lire dans un communiqué de presse. Pour ce parti, ce changement ministériel ne pourrait constituer une réponse «aux préoccupations de l’opinion publique, à la classe politique et les couches sociales». À l’instar de son alter égo du MSP, Douibi pense que le ce remaniement ne diffère pas des précédents, pour s’attendre en quelque sorte à un changement. Selon le même parti, le fait que ce relookage ait touché les départements des Finances, l’Énergie, l’Agriculture et le Tourisme, «est un indice qui démontre l’échec de la politique anticrise du gouvernement.
Farid Guellil

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