Régulièrement décriée par une bonne partie de la classe politique, et pas uniquement de celle cataloguée à l’extrême droite de l’échiquier politique hexagonal, et de la presse française, pour le supposé rôle de ses membres dans la montée de la délinquance et, son corollaire, l’insécurité, en France, la communauté algérienne, qui y est établie, est vue tout à fait autrement par les opérateurs économiques des deux rives qui ont pris part au «Forum économique Algérie-France», tenu les 13 et 14 du mois en cours, à Tlemcen.
Ces derniers la voient, en effet, comme un potentiel «trait d’union» entre les deux pays, à même de raffermir davantage les relations de partenariat et de coopération les liant déjà. Une vision et une conviction que les 250 opérateurs, algériens et français, présents à Tlemcen, ont étayé par l’indéniable potentiel, économique et managérial, que possède cette communauté. Selon des experts économiques ayant pris part à cette rencontre, conjointement organisée par le Forum des chefs d’entreprise (FCE), en effet, «400 000 gérants et cadres d’entreprise de haut niveau», exerçant en France, en sont issus. Un potentiel que le président de CACI-France, Kaci Aït Yaâla, a estimé être un des facteurs susceptibles de favoriser, «dans une totale et harmonieuse complémentarité, un partenariat d’excellence entre les deux pays». Surtout que, a-t-il poursuivi pour mieux mettre en exergue cette complémentarité, «la France cherche à développer les capacités de ses petites et moyennes entreprises» et l’Algérie, «qui recèle un potentiel humain avéré et des ressources naturelles importantes, se fixe comme défi de passer à une économie entrepreneuriale». C’est dans ce sens qu’est allé également le président du FCE. Dans le message qu’il a adressé aux participants, Ali Haddad a clairement déclaré que «les entreprises françaises peuvent aller à davantage de croissance en tissant, dans l’objectif de réaliser ensemble d’importants projets, avec leurs homologues algériennes des relations de partenariat solides et durables». Ceci, non sans insister, à l’évidence, dans le clair souci de faire comprendre aux opérateurs économiques français présents à Tlemcen et, à travers eux, à tout le milieu économique hexagonal, que l’approfondissement souhaité des relations économiques entre les deux pays ne doit plus être circonscrit aux relations économiques traditionnelles, sur l’urgente nécessité d’aller à un autre niveau de coopération; celui, a-t-il précisé, «de l’encouragement à l’investissement productif, du transfert de technologie et du savoir-faire, et de la réalisation de pôles de compétitivité et de centres d’excellence». Comme pour mettre en exergue l’importance du Forum économique algéro-français et, par là même, lever toutes les appréhensions que les opérateurs économiques français pouvaient encore avoir à s’installer en Algérie, le président du FCE a souligné celle du moment politique dans lequel il se tient: «C’est une période cruciale de l’histoire de l’Algérie qui vient d’adopter une nouvelle Constitution laquelle consolide fortement la liberté d’entreprendre et d’investir, et balise le terrain aux profondes réformes que compte engager le gouvernement pour instaurer un modèle économique connecté à l’économie mondiale, et générateur de croissance et d’emplois», a-t-il, en effet, déclaré.
Ce souci d’Ali Haddad de lever définitivement les appréhensions précitées des opérateurs économiques français, présents dans la capitale des Zianides, transparaît également dans le passage de son message où il les appelle «à donner un sens plus profond à la Déclaration d’Alger d’amitié et de coopération» (entre les deux pays), signée en décembre 2012 par les présidents Bouteflika et Hollande. Se voulant plus précis, il n’a pas manqué d’ajouter que «le FCE souhaitait construire une alliance stratégique avec la France, dont le savoir-faire est indéniable dans divers secteurs». Dire que le message du président de la plus dynamique, actuellement du moins, organisation patronale du pays a été entendu, c’est, assurément, allé vite en besogne. Mais ce qui est indéniable, c’est qu’une partie des présents auxquels ledit message était destiné, n’y a pas été insensible. Et ce, comme le laissent supposer les premiers résultats de la rencontre de Tlemcen. Selon Kaci Aït Yaâla, président de CACI-France, qui y a animé une conférence à l’intitulé des plus expressifs de la volonté des opérateurs économiques des deux rives à aller dans ce sens, -«Algérie-France : un partenariat d’excellence », à savoir -, «cinq projets, déjà identifiés dans le cadre du partenariat en question, seront paraphés, en avril prochain, à l’occasion de la visite de travail qu’effectuera, à Alger, le Premier ministre français, Manuel Valls». Des projets qui porteront respectivement, a-t-il précisé, «sur la valorisation des déchets de métaux ferreux et non ferreux, la confection de deux softwares qui permettront à l’Algérie d’avoir ses propres codes-sources en matière informatique, la construction d’équipements et de matériels agricoles, la confection d’un autre software pour la gestion des malades au niveau des hôpitaux et de leurs domiciles, et celle d’un quatrième software qui, lui, aura trait à la lutte contre le gaspillage du pain».
À titre indicatif, le Forum économique algéro-français s’est organisé autour de trois ateliers, dont la dénomination illustre parfaitement la stratégie mise en place par le FCE depuis l’arrivée à sa tête, en 2014, d’Ali Haddad: à savoir, les ateliers «Jeunesse et Formation : armes de développement» ; «Nouvelle économie : la Diaspora algérienne, un atout» ; et «Investissement : Tlemcen au rendez-vous».
Mourad Bendris