L’Algérie célèbre aujourd’hui la Journée nationale de la mémoire dans un contexte exceptionnel. Notre histoire est à nouveau convoquée. En plein bouleversement de l’ordre mondial. Comme chacune des dates marquées du sang de nos glorieux martyrs dans le processus de décolonisation du pays, le 8 mai 1945 est un fait indélébile dans nos esprits. 45 000 Algériens ont été froidement massacrés par l’armée coloniale à Sétif, Guelma et Kherrata. Ce massacre massif d’une population civile relève, par définition, d’une politique d’extermination qui est similaire au génocide perpétré par l’entité sioniste contre les Palestiniens à Ghaza. 79 ans après, ce crime contre l’humanité demeure impuni. Il continue à hanter les esprits de la France coloniale, parmi les politiques belliqueux de l’extrême droite et des chantres de l’Algérie française. Ce nid qui grouille d’anti-Algériens attitrés sortis droits des collèges de l’OAS. La France d’aujourd’hui n’est pas moins responsable. Bien au contraire, l’État français a de vrais soucis à se faire. Tant que le vieux contentieux reste en suspens. Les Français ne peuvent pas se dérober à leur responsabilité historique. De 1830 jusqu’à 1962, tous crimes confondus. L’Algérie n’a cessé d’exiger la reconnaissance des crimes coloniaux. Et encore plus depuis l’événement de Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’état. Lui qui a fait de la préservation de la mémoire nationale un serment parmi ses 54 engagements. C’est un consensus national, notre pays a fait de la reconnaissance officielle des crimes coloniaux un préalable. Une condition sine quoi non à toute ouverture sincère des relations algéro-françaises. Car, peut-on négocier le sang de plus de 5 millions d’Algériens tués durant les 132 ans de colonisation ? Qu’en est-il encore de leur mémoire ? Peut-on encore négocier sa souveraineté chèrement acquise par le sang et dans le sang ? La réponse coule de source. Le serment fait aux chouhada n’admet aucun renoncement. Le devoir de fidélité est une chose sacrée pour veiller sur sa préservation. Trahir ne rime pas avec l’amour de la patrie. Ce serment de fidélité a cimenté l’unité nationale qui a libéré l’Algérie du joug colonial. Aujourd’hui plus que jamais, la France doit assumer son passé colonial. Sans faux-fuyants, ni maquillage. Agir dans le sens de l’histoire et non à son contre-courant. La situation est telle que l’assainissement définitif du dossier mémoriel entre l’Algérie et la France ne peut plus se suffire de replâtrage et ni encore moins se contenter d’arrangements sommaires. Quand bien même l’engagement du président français en exercice serait de bonne foi. Autrement, aller en faveur de « la reconnaissance de la vérité et de la réconciliation des mémoires ». Des voix hautement placées dans les centres de décisions parisiens se trahissent et cachent mal les intentions de l’establishment français à l’égard de l’Algérie. On a entendu récemment l’ex-chef d’état-major des armées appeler ouvertement à la recolonisation de l’Afrique. On a aussi entendu un ancien ambassadeur à Alger débiter, jour et nuit, des propos hostiles et à la limite de la provocation sur le pays qui l’avait accueilli pendant deux mandatures. Chez nous, en tout cas, les choses sont claires, nettes et précises : le dossier n’admet ni concession, ni marchandage ! Voilà qui est dit.
Farid Guellil