Le chef de l’État sahraoui, Brahim Ghali, est en visite en Afrique du Sud à l’invitation de son homologue sud africain, Cyril Ramaphosa, réélu pour un nouveau mandat. Le Président Brahim Ghali a pris part à la cérémonie d’investiture du Président Ramaphosa. La cérémonie d’investiture a eu lieu samedi en présence de plusieurs chefs d’État et de délégations de haut niveau, venus de plusieurs pays.
La présence à Pretoria du chef de l’État Sahraoui est hautement significative et marque la consolidation des liens entre les deux pays. La solidarité sans faille de l’Afrique du Sud a été illustrée par la montée au créneau au Conseil de sécurité de Pretoria qui a longuement critiqué le processus de négociations sur la dernière résolution. L’Afrique du Sud a dénoncé en particulier le fait que les projets de résolution sur le Sahara occidental continuent d’être préparés dans l’opacité par ceux des membres du Conseil qui font partie du «Groupe des Amis du Sahara occidental », à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et l’Espagne, en excluant les autres membres. Ce «Groupe des amis» est qualifié par elle de non représentatif car aucun pays africain n’y siège. Pretoria a critiqué le libellé de la résolution qui semble favorable à l’une des deux parties au conflit ; en effet, le texte dit: « Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement», alors qu’il se contente de signaler platement : «prenant note également de la proposition du Front Polisario présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007», sans autre forme d’explication ni d’encouragement. L’Afrique du Sud souligne que la Minurso a été créée pour organiser le référendum d’autodétermination au Sahara occidental, et que c’est sa seule raison d’être. À cet égard, elle accuse le manque de clarté des termes «réaliste», «réalisme» ou encore «compromis» utilisés dans la résolution (qui engage les parties à faire «preuve de réalisme et d’un esprit de compromis»), et elle affirme : «Nous devons nous garder de diluer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui dans un langage vague et ambigu ».
Elle refuse l’idée qu’une résolution du Conseil de sécurité essaie d’influencer la direction politique du processus et, pire, qu’elle essaie de «préjuger du statut final». Or, en félicitant le Maroc pour «ses efforts sérieux et crédibles pour aller de l’avant», c’est bien le statut d’autonomie sous sa souveraineté proposé par Rabat que le Conseil soutient ! Pretoria accuse encore le Conseil de refuser d’intégrer un volet des droits de l’homme dans le mandat de la Minurso, à la différence d’autres missions de paix. «On a le sentiment que les droits du peuple du Sahara occidental ne sont pas comparables à ceux d’autres peuples !» souligne-t-elle. Et elle note que le texte de la résolution «ne fait pas la distinction entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, et les pays voisins que sont l’Algérie et la Mauritanie ». Pour finir, face à toutes ces critiques, l’Afrique du Sud invite le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités, car le Sahara occidental est la dernière colonie en terre africaine. Cette prise de position de l’Afrique du Sud éclaire a posteriori les véritables raisons qui ont poussé le représentant spécial Horst Köhler à la démission. Désormais il faut se demander si le Conseil de sécurité est en mesure d’imposer sa volonté au colonisateur marocain et à son protecteur français.
Mokhtar Bendib