Le Ramadhan 2024 aborde son dernier virage. Il aura tenu ses promesses, toutes ou presque. Le mois de la piété et de la miséricorde en était un cette fois-ci. La clémence l’a emporté sur « la démence ». Les prix étaient à la portée des bourses modestes. L’abondance des produits a chassé le spectre des pénuries. L’offre /demande renoue avec la règle du marché. Devant les étals, le consommateur n’est pas, ou moins, éprouvé par l’angoisse des prix abusifs. Son rapport avec le marchand du coin est moins tendu que d’ordinaire. Il aura même repris son statut de « roi », dit-on. En face, le vendeur, lui, n’a plus de la « marge » pour « dikter » ses prix. On est tenté de le dire : la folie des prix durant la même période de 2023 est derrière nous. Tout le monde le garde en mémoire la hantise des oignons aux prix record de 400 DA alors que la pomme de terre a culminé à 200 DA. On le sait, derrière chaque prix exorbitant se cache un spéculateur. Leur réseau a pris de l’épaisseur pendant deux décennies. En ciblant ces deux légumes en particulier, les adeptes du gain facile avaient joué gros jeu. Avec le feu même, fauteurs de troubles qu’ils sont. En dehors des produits frais et en hiver, les « affameurs » des Algériens ont eu main basse sur les légumineuses. Sauf que, les autorités ont repris la main. La faille est trouvée, les tenants et les aboutissants connus et les coupables qui risquent jusqu’à 30 ans de prison ferme débusqués. On ne compte plus le nombre d’opérations de saisies de marchandises stockées à dessein à l’effet de jouer sur les prix. Leurs calculs, loin d’être ceux de l’épicier, sont machiavéliques. Aujourd’hui, le circuit commence sérieusement à se soustraire aux mains des maffieux. Les Algériens se « régalent » de cette clémence qui en a résulté. Bien entendu, ce résultat de la baisse des prix observée dans le marché n’est pas le fruit du hasard. Toute une stratégie soigneusement élaborée par les hautes autorités du pays. En maîtres-mots, l’anticipation et la pro-action ont permis de prendre de vitesse ceux qui jouent avec la pitance des citoyens. D’abord, il y a eu les orientations du président de la République comme catalyseur. Lorsqu’il a, par exemple, annoncé l’augmentation des salaires de 100% à partir de 2026, le chef de l’État a porté un coup de grâce à ceux qui jouent avec le pouvoir d’achat des Algériens. Au front, les efforts des ministères du Commerce, de l’Agriculture, de l’Industrie, de la Pêche, de l’Intérieur… appuyés par une armée d’intervenants sur le terrain, ont payé. Pour autant, et bien qu’ils aient pris un sacré coup, les spéculateurs résistent et leurs pratiques subsistent. Il est vrai, on ne peut pas effacer d’un trait de vielles pratiques qui ont pris du poids. Cela demande encore temps et efforts. La force de la loi, par exemple, devra sévir. C’est-à-dire, le problème de la stabilisation du marché reste à surveiller comme le lait sur le feu. Et, les organes de l’État doivent maintenir la garde. Ne jamais baisser les bras, car le faire c’est abandonner le terrain au profit des spéculateurs. Eux, ils sont toujours à l’affut de la moindre brèche pour reprendre leurs activités malsaines. Seul bémol, la situation était exceptionnelle au mois de Ramadhan. Elle reste, toutefois, une belle expérience qui a prouvé son efficacité sur le terrain. Elle devra, d’ailleurs être calquée sur tout le reste de l’année. Le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, compte bien le faire.
Farid Guellil