Le procès de l’affaire du rachat d’El Khabar par le groupe Cevital, n’a pas laissé l’opinion publique indifférente. En effet, alors que le procès devait se tenir, hier, au tribunal administratif de Bir Mourad Rais à Alger, une file indienne s’est formée à la sortie de celui-ci pour exprimer sa solidarité avec le groupe.
Personnalités politiques, députés, journalistes, syndicalistes, avocats, ou de simples citoyens étaient présents hier en force au devant du tribunal pour dire « oui » à la liberté d’expression dans notre pays et non à la « politisation » de l’affaire El Khabar. Tout le monde attendait la décision du tribunal. Celle-ci n’a pas tardé à être connue. En effet, le procès de l’affaire du rachat d’El Khabar par le groupe Cevital, qui devait se tenir hier, a été finalement reporté au mercredi 11 mai. Selon un avocat de la défense, « la décision du report a été prise par le juge à la demande de la défense pour lui permettre d’étudier le dossier ». Le président de la deuxième chambre des référés du tribunal, Mohamed Dahmane a annoncé le report de l’affaire, introduite par le ministère de la Communication lors de l’audience d’hier durant laquelle la défense du groupe Cevital s’est vue remettre les conclusions en rectification déposées au tribunal par le ministère. Selon Me Chaïb Sadek, avocat du groupe El-Khabar, « le report est une procédure ordinaire ». il a expliqué que « le président du tribunal a décidé de reporter l’affaire conformément aux dispositions du code de procédure civile et administrative, après la constitution de la défense du groupe El-Khabar ». De surcroit, il a précisé que le juge « a remis à la défense le dossier initial, le dossier complémentaire et les conclusions additives, déposés par le ministère pour permettre à la défense de présenter ses requêtes et de faire ses plaidoiries ». Celui-ci a en outre fait savoir que le groupe a constitué un groupe de défense constitué d’une quinzaine d’avocats.
L’avocat du ministère de la Communication hué
Par ailleurs, la sortie des avocats a été marquée par des tensions, essentiellement à la sortie de maître Amara Mohcéne, constitué pour le compte du ministère de la Communication. La déclaration de celui-ci à la presse a suscité le mécontentement des journalistes sur place, notamment de nos confrères du groupe El Khabar. Hué, l’avocat avait du mal à monter dans sa voiture. Mais il faut dire que cet avocat a tenu des propos désobligeants et agressifs à leur encontre. Ne trouvant pas mieux que de dire aux journalistes, « On n’a pas encore touché à vos salaires, vous n’avez donc rien à dire ! » Le ton monte d’un cran entre lui et ces derniers. Me Amara referme la porte de sa voiture cernée par les journalistes et se dirige vers un confrère pour l’agresser !
« El Khabar journal libre et démocratique », « Pour une presse libre et démocratique », « Ne mêlez pas la presse aux affaires politiques », C’est sous ces cris et ces huées que l’avocat a du précipitamment quitter les lieux, bien évidemment avec l’intervention des policiers. En effet, les services de sécurité interviennent et demandent à l’avocat de quitter les lieux. Malgré cela, il lui sera difficile d’exécuter les instructions, compte tenu de l’attroupement qui s’est formé autour de la voiture, laquelle démarre non sans prendre sur la malle une des affiches « El Khabar ne mourra pas. »
Côté déclarations, l’avocat a vite compris qu’il fallait rester dans le contexte juridique et d’éviter les discours « populistes ». Ainsi, essayant de calmer les esprits, celui-ci dira que le code de l’Information « confère, en vertu de l’article 25, au ministre de la Communication le droit d’introduire une action auprès du tribunal administratif ». « Le ministre a usé de son droit, et le défenseur a le droit de se défendre et d’évoquer l’affaire au tribunal et non dans la presse nationale et étrangère ». Répondant aux accusations de vouloir politiser l’affaire, l’avocat s’est vite énervé et a commencé à crier dans tous les sens que des partis politiques veulent remettre en cause l’indépendance de la justice. Notons que l’audience a été fortement marquée par la mobilisation des confères du groupe soutenus par, outre les partis politiques, à l’instar du RCD, AAV, El Islah, le PT et Talaie el Houriet, Jil Jadid…mais aussi par des syndicats qui se sont joint au mouvement de soutien. D’ailleurs, les syndicalistes ont en à rendre hommage à « toute la presse pour son combat pour la liberté et la démocratie », soulignant à ce propos que cette « presse a longtemps milité pour les droits syndicaux et qu’il est temps de lui exprimer notre gratitude ». D’autre part, Les journalistes d’El Khabar ne désarmaient pas qu’il brandissaient des feuilles sur lesquelles on pouvait lire : « El Khabar aujourd’hui et demain », « el Khabar ne mourra pas ». « Grine est-il ministre de la Communication ou de la publicité », « Beur TV solidaire avec sa consœur El Khabar »…. Pour rappel, le ministère de la Communication a introduit une action en référé devant le tribunal administratif de Bir Mourad Rais pour faire annuler l’achat d’actions du groupe El Khabar par une des filiales de Cevital en invoquant les articles 17 du code de l’information, lequel dispose qu’une personne morale ne saurait détenir de titres de presse.
Lamia Boufassa