Alors que le royaume du Maroc a basculé, depuis une dizaine de jours maintenant, dans la violence après la répression brutale des autorités qui s’est abattue sur les manifestations pacifiques menées par le mouvement « GenZ 212 », une question revient avec insistance dans les milieux observateurs politiques. Où est le roi Mohammed VI ? Est-il rentré chez lui après d’incessants allers-retours à l’étranger ? Si oui, pourquoi reste-t-il muet sur ce qui se passe dans la rue ? Sinon, est-il déjà au courant du torrent de colère craché par ses sujets dans les villes du royaume ? Il y a une tonne de questions, mais contentons-nous de l’essentiel. Pour le moment, le Makhzen n’a répondu qu’à une seule interrogation. Par le biais d’une séquence vidéo qui ne dépasse pas la moitié d’une minute, diffusée à l’occasion d’une audience accordée à un émissaire du roi saoudien Mohammed ben Salmane. Mais là encore, il y a peu de chance que les images soient adressées exclusivement à l’opinion locale. Car, il aurait fallu pour le Makhzen, quelque part, prouver au voisin de l’Est que M6 recevait, lui aussi, les messagers de MBS. Bref, fermons cette parenthèse. Le Makhzen sait que l’image a plus d’impact que l’effet d’annonce. Celui de faire circuler des rumeurs selon lesquelles le roi s’adresserait, demain vendredi, à la rue. À supposer que les Marocains ont constaté à travers l’écran que Sa Majesté était au pays et qu’il devrait leur parler incessamment. M6 est-il en mesure de tenir un discours correct sur une sérieuse crise pour quelqu’un qui est incapable d’articuler des idées et d’enchaîner des mots lus dans une feuille ? Car, au-delà de répondre à des sujets de fond, M6 doit aussi prouver ses capacités à gouverner. Sur ce plan, le Makhzen aura du pain sur la planche. Et puis, le peuple ne demande pas que le départ du gouvernement de Aziz Akhanouche dont l’influence se contraste- et se confond aussi- avec l’ascension des Abdellatif Hammouchi (DGST) et Yassine Mansouri (DGED). Quant aux revendications populaires, que pourrait proposer le roi comme solutions alors qu’il en est lui-même le problème ? En effet, cette dernière problématique est au centre des enjeux au sein du palais de Rabat. Avec la guerre de succession qui mine le sommet du pouvoir, fort à parier que le Makhzen joue sur la position faible d’un roi très diminué physiquement pour garantir une transition avec le moins de dégâts possibles. Et là, on revient systématiquement à la question première. Qui dirige réellement le Maroc ? Ceux qui tirent les ficelles derrière le rideau ne sont plus les André Azoulay, le conseiller du palais qui était l’artisan, de longue date, des accords d’Abraham. Ces derniers jours, un nom, lui aussi conseiller de M6, sort de l’anonymat. Un certain Fouad Ali El Himma, qu’on disait le confident de roi et son rempart contre les « redoutables » patrons des sécurités intérieure et extérieure. In fine, le peuple marocain n’a rien à cirer des tiraillements des clans et des intrigues de palais. Il veut la rupture !
Farid Guellil